QUEBEC / NUNAVIK ARCTIQUE

« Si la glace et la neige continuent de fondre, c’est notre mode de vie traditionnelle qui est menacé, et donc nos droits culturels et environnementaux qui sont violés (…). Nous vivons au sommet de la Terre, nous sommes le système d’alerte précoce de la planète. »

Sheila Watt-Cloutier, ONU (New-York), 2007.
Originaire de Kuujjuaq (Nunavik), elle a été présidente de la
Conférence Inuit Circumpolaire de 2002 à 2006.

Le terme « Esquimaux » ou « Eskimo », signifie en algonquin ‘ceux qui mangent cru’ ou ‘ceux qui parlent autrement’, il a été emprunté aux amérindiens et longtemps utilisé par les Occidentaux pour désigner les Inuit. Pluriel d’Inuk ‘être humain’ le terme Inuit est une des auto-désignations du peuple qui vit sur les côtes arctiques depuis l’extrémité orientale de la Sibérie jusqu’à la côte orientale du Groenland.

Son territoire est actuellement traversé par les frontières de quatre États : La Fédération de Russie (Sibérie), les Etats-Unis (Alaska), le Canada (Territoires du Nord-Ouest, Inuvialuit, Nunavut, Nunavik, Nunatsiavut) et le Danemark (Groenland, ou Kalaallit Nunaat).

Cette appellation unificatrice a été choisie en 1980, par la Conférence Inuit Circumpolaire (devenue en 2006, le Conseil Inuit Circumpolaire) ; c’est un choix politique qui correspond au désir des Inuit d’affirmer leur identité commune et leur volonté de faire reconnaître leurs droits, alors même qu’ils sont dispersés sur des milliers de kilomètres. Cette dispersion a entraîné des variantes dialectales et culturelles (on dit Yupiit, en Alaska, au sud du fleuve Yukon ; Yupiget sur les côtes sibériennes ; Inuit dans la majeure partie du nord canadien ; Kalaalliit au Groenland).

Tous descendent des Inuit de la culture de Thulé qui, il y a près de mille ans, développa au nord de l’Alaska une nouvelle technologie permettant la chasse à la baleine franche. En un peu moins d’un siècle ils se répandirent dans toutes directions, en Alaska, de l’autre côté du détroit de Behring, et à l’est, jusqu’au Groenland oriental, dans l’Arctique central et dans la péninsule du Labrador où se trouvent les territoires inuit actuels du Nunavik (Le « grand territoire habité ») et du Nunatsiavut (« notre belle terre ». Lors de leur migration, les Thuléens rencontrèrent d’autres habitants qui les avaient précédé et que les Inuit appellent Tuniit dans leurs tradition orale. C’étaient des chasseurs de petits mammifères marins et terrestres, que les archéologues désignent sous le nom de « culture de Dorset » et qui font partie des « Paléoesquimaux » . Ces Dorsétiens étaient passés maîtres dans l’industrie microlithique et la gravure sur ivoire, sur os ou sur pierre. Les Thuléens, mieux équipés technologiquement s’imposèrent peu à peu à leurs prédécesseurs. Les premières traces d’occupation humaine, dans cette région, remontent à quatre mille ans, à la période qui suivit le retrait des glaciers. Il sera principalement question ici du Nunavik, en raison de l’importance croissante qu’y a pris la langue française.

Le Nunavik fait partie de la province du Québec depuis 1912 . Il est peuplé d’environ 10.000 Inuit (2007), qui vivent dans 14 villages, répartis le long des côtes de la baie d’Ungava, du détroit d’Hudson et de la baie d’Hudson. Un petit groupe vit en territoire cri, à Chisasibi sur la Baie James. Les villages du Nunavik sont situés au nord du 55e parallèle, à une distance qui oscille entre 1000 à et 2000 kilomètres de Montréal. Ils comptent pour la plupart moins de 1000 habitants sauf quatre d’entre eux, Kuujjuaq, Puvirnituq, Inukjuak et Salluit, où sot concentrés les services régionaux.

La population du Nunavik est très jeune : les moins de 15 ans en représentent plus de 40 %, soit le double de la proportion correspondante dans le Sud du Québec ou du Canada. Le taux de croissance naturel de la population inuit a été, au cours des dix dernières années, de quatre à cinq fois supérieur à la moyenne québécoise. Depuis les années 1950, l’espérance de vie s’y est largement accrue, la moyenne passant de 48 à 64 ans.

Le territoire du Nunavik couvre 505 000 km2, ce qui correspond au tiers de la province de Québec et presque à la superficie de la France. Aucune route ne relie les collectivités du Nunavik entre elles, ni le Nunavik, au Sud de la province.

Source : DVD ROM: » des peuples autochtones francophones en mouvement ».

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