LE COURRIER INTERNATIONAL SEMESTRIEL DES PEUPLES AUTOCHTONES

LETTRES ÉLECTRONIQUES ENVOYÉES DURANT LE 2ème SEMESTRE 2019

Publication de : Cinéma autochtone : des représentations en mouvement
Anniversaire des 10 années du Festival Alter’natif (octobre 2019)
Chine : Une fuite expose les plans secrets de Pékin pour interner les Ouïgours, peuple autochtone du Xinjiang
Malaisie-Sarawak: Déforestation sauvage dans le Parc du Mulu
Russie: Interdiction du Comité de soutien des peuples autochtones du Nord
Vives protestations des Papous, peuples autochtones de la Papouasie occidentale
Mali: Massacre dans un village peul
Rapport Le Monde Autochtone 2019

Liens d’accès à toutes les Lettres

NOUVEAUX MEMBRES DES RÉSEAUX EXPERTS DU GITPA

Arctique : Ayadin Eda, Drieux Christiane, Martin Nastassja.
Afrique: Diallo Ghislaine, Kintz Danielle,Yebega Ayissi Jean Magloire
Amérique : Empéraire Laure
Pacifique : Merle Isabelle
Questions autochtones: Belaïdi Nadia

 

ACTUALITÉS AUTOCHTONES
(novembre – décembre 2019)

Chili : Ouverture du procès du leader mapuche et défenseur de l’environnement Alberto Curamil, en détention provisoire depuis 14 mois

 

Guatémala : Resistance des communautés mayas Q’eqchi’ face
à la plus grande mine de nickel d’Amérique centrale.

 

Canada-Nunavut: La députée d’origine inuite Mumilaaq Qaqqaq:
« Un symbole puissant »

Brésil : Après »le Jour du feu », les bûcherons continuent de détruire l’Amazonie,
menaçant les communautés établies

La Norvège met les éleveurs de rennes sami au pas

Canada: C. Bennet, la ministre des Relations Couronne- Autochtones a déclaré que le Canada irait de l’avant avec l’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

Colombie : Cinq dirigeants autochtones tués en Colombie
par un groupe armé

Tchad : Innovation environnementale : la Peule mbororo, Hindou Oumarou remporte le prix Pritzker

France Inter : La Terre au carrée : Les peuples autochtones face à l’extraction des ressources.
Interview d’Iréne Bellier – Bureau de direction du GITPA

Audrey Azoulay: «L’Unesco défend les droits des peuples autochtones»

Conférence la Voix des femmes autochtones: témoignages de femmes Améridienne du Québec, Kanake de Nouvelle Calédonie, Imazignen du Maroc (vidéo)

 

 

Lancement du livre de Graciela Chamorro :
Povos de Mato Groso do Sul – Brésil

 

États Unis : Nouvelles atteintes à l’intégrité des San Francisco Peaks

En France, les peuples de la forêt brésilienne appellent au secours

Équateur : Le géant pétrolier Chevron, condamné après des décennies de pollution en Amazonie, harcèle l’avocat phare des autochtoneson

Guyane française : Les Amérindiens du haut Maroni dénoncent la recrudescence des mines d’or clandestines

À Londres, des photos d’autochtones sans clichés

Le Parlement sami a demandé à l’Union européenne de soutenir pleinement les priorités des peuples autochtones lors du sommet COP25

ACTUALITÉS DES PUBLICATIONS ( livres, rapports)

 

BAHUCHET Serge, THOMAS Jacqueline M.C., EPELBOIN Alain, FÜRNISS Susanne. Encyclopédie des Pygmées Aka. Peters Publisher. 699p.

Les 16 volumes de l’Encyclopédie des Pygmées Aka, s’inscrivent dans une suite de travaux consacrés aux populations forestières d’Afrique Centrale et, parmi elles, plus particulièrement aux Pygmées Aka. Il s’agit d’une étude interdisciplinaire centrée sur l’approche linguistique des différents aspects de la réalité sociale. Dans cette perspective, la langue se situe à la fois comme un aspect de cette réalité sociale et comme le thesaurus et le véhicule de celle-ci. L’ouvrage résulte de la coopération d’un groupe de travail actif depuis les années 1970. Il rassemble les connaissances acquises sur cette population pygmée et sur son milieu naturel et humain par des chercheurs de différentes disciplines: linguistique, ethnologie, ethnolinguistique, ethnosciences (ethnobotanique, ethnozoologie, ethnomédecine et ethnopharmacologie), écologie, ethnomusicologie. Ce dernier volume, le lexique alphabétique français-aka de 669 pages, est à la fois l’aboutissement et le point d’entrée dans l’Encyclopédie.

 

BARNIER-KHAWAN Pablo. Les Mapuche et la revendication d’une Nation, L’Harmattan, 186p
Préface Irène Bellier.

Les Mapuche sont souvent présentés comme l’un des peuples autochtones d’Amérique latine ayant montré la capacité de résistance la plus farouche face au colonisateur espagnol et, ensuite, face au processus de construction des Etats-nations chilien et argentin. Ce caractère attribué nécessite d’être réinscrit dans le temps long de l’histoire en prenant en compte l’importance des processus sociaux relatifs à la construction identitaire. Au travers de l’usage de catégories telles que « peuples autochtone » ou « nation », dans un contexte d’internationalisation aujourd’hui croissante des acteurs, cette construction identitaire mapuche interpelle l’Etat « monoculturel ».

BELLIER Irène, HAYS Jennifer. Échelles de gouvernance et Droits des peuples autochtones. L’Harmattan.302p

Cet ouvrage explore la complexité des relations de pouvoir qui pèsent sur la reconnaissance des peuples autochtones et la mise en oeuvre de leurs droits. L’adoption de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones, en 2007, marque le début d’une nouvelle époque avec la participation à la gouvernance globale de la planète et des droits, dont le droit à l’autodétermination. Mais ce mouvement mondial en faveur des droits des peuples autochtones peut-il changer l’expérience des communautés locales ? Ou bien les concepts et les outils politiques qu’il mobilise sont-ils seulement de l’ordre du discours ? Dans quelle mesure les catégories et les processus concernant les « peuples autochtones » sont-ils une extension des catégories et des processus coloniaux ? Jusqu’à quel point défient-ils les normes et les structures existantes ?

 

BUFFETRILLE Katia. L’Âge d’or du Tibet (XVIIe et XVIIIe siècles). Guides Belles Lettres des civilisations. 320p.

Le Pays des neiges, dont le Ve dalaï-lama fut le premier à exercer les pouvoirs spirituel et temporel, a nourri les rêves les plus fantaisistes des Occidentaux. Ses hautes montagnes ont dissimulé une civilisation d’une richesse inouïe, longtemps demeurée méconnue. Le Tibet des XVIIe et XVIIIe siècles a engendré une activité intellectuelle et artistique foisonnante et transformé les institutions politiques, lui conférant un caractère unique qu’il a conservé jusqu’à l’invasion chinoise de 1950. C’est ce Tibet qu’évoque ce guide, un Tibet parfois déroutant, souvent attachant et toujours exceptionnel.

 

CETIM. La passion du schiste. Capitalisme, démocratie, environnement en Argentine.

Cette enquête unique dresse le panorama des acteurs impliqués, de leurs intérêts et de leurs modes d’action et révèle les rapports de force qui empoisonnent la démocratie argentine. Ce livre, tout en évoquant les résistances au fracking dans le monde, attire l’attention sur ce cas d’école afin d’éviter qu’il devienne un modèle. Description Informations complémentaires Product Description La passion du schiste peut se lire comme une saga sur l’épopée du fracking dans le décor de western de la Patagonie argentine. L’avenir semble radieux dans cette conquête d’un nouvel Eldorado. La passion du schiste peut aussi se lire comme un récit de transformations territoriales, politiques, économiques et sociales qu’engendre l’industrie du gaz et pétrole de schiste dans la province de Neuquén, sur le gisement de Vaca Muerta. Cette enquête unique dresse le panorama des acteurs impliqués, de leurs intérêts et de leurs modes d’action et révèle les rapports de force qui empoisonnent la démocratie argentine. L’Argentine est le second pays après les États-Unis à développer industriellement les hydrocarbures non conventionnels. Au moment où cette industrie cherche à conquérir d’autres pays, suscitant des résistances, ce livre attire l’attention sur ce cas d’école afin d’éviter qu’il devienne un modèle.

CHAMORRO Graciela, COMBES Isabelle. Povos Indigenas Em Mato Grosso do Sul. História, cultura e transformações sociais. UFGD.
Le Mato Grosso do Sul est aujourd’hui l’État avec le plus grand nombre de conflits entre agriculteurs et peuples autochtones; qui a le taux d’homicide indien le plus élevé et le taux de suicide des jeunes le plus élevé, principalement des Indiens Kaiowá; où la discrimination, l’hostilité et la violence contre les Indiens sont monnaie courante. Les actions et les omissions des gouvernements de l’État du Mato Grosso, du Mato Grosso do Sul et de l’Union au fil du temps expliquent la plupart de ces conflits, comme le montre le rapport de la Commission nationale de vérité. Comprendre la genèse des conflits et la responsabilité des différents acteurs peut contribuer à la pacification de cette région. À cette fin, ce livre est précieux et exemplaire. Il ouvre la voie à bien d’autres. Il sert d’inspiration pour d’autres recherches régionales détaillées qui, je l’espère, se multiplieront dans votre sillage.
Extrait de la préface Manuela Carneiro da Cunha

CORNUT Bérangère. De pierre et d’os. Le Tripode.

Les Inuit sont un peuple de chasseurs nomades se déployant dans l’Arctique depuis un millier d’années. Jusqu’à très récemment, ils n’avaient d’autres ressources à leur survie que les animaux qu’ils chassaient, les pierres laissées libres par la terre gelée, les plantes et les baies poussant au soleil de minuit. Ils partagent leur territoire immense avec nombre d’animaux plus ou moins migrateurs, mais aussi avec les esprits et les éléments. L’eau sous toutes ses formes est leur univers constant, le vent entre dans leurs oreilles et ressort de leurs gorges en souffles rauques. Pour toutes les occasions, ils ont des chants, qu’accompagne parfois le battement des tambours chamaniques ». Dans ce monde des confins, une nuit, une fracture de la banquise sépare une jeune femme inuit de sa famille. Uqsuralik se voit livrée à elle-même, plongée dans la pénombre et le froid polaire. Elle n’a d’autre solution pour survivre que d’avancer, trouver un refuge. Commence ainsi pour elle, dans des conditions extrêmes, le chemin d’une quête qui, au-delà des vastitudes de l’espace arctique, va lui révéler son monde intérieur.

CORNUT Bérengère. Née contente à Oraibi. Le Tripode.

Née contente à Oraibi, conte le destin d’une jeune Amérindienne d’Arizona. Le peuple hopi vit depuis des siècles sur un plateau aride, dans des conditions de dénuement extrême. Soumis aux contraintes d’une région désertique, il a développé une cosmogonie extraordinaire et des croyances qui font communier la vie et la mort, la lumière et la nuit, les esprits, les animaux et les hommes. À travers la quête d’une jeune orpheline qui salue le Soleil en riant, c’est la beauté de ce monde aux antipodes du nôtre qui se révèle, et demeure. (…) Une bosse s’est formée sous sa couverture au niveau du ventre, puis ses mains noueuses se sont trouvées libérées. Elle les a placées le plus haut possible au-dessus de sa tête et est restée un long moment comme ça, les bras en l’air. Elle me regardait d’un air rieur : « Tu as vu comme mes ailes frémissent ? » Puis lentement, elle a replié les coudes et posé ses bras affaiblis le long de sa poitrine. Les mains à nouveau croisées sur le ventre, elle a fermé les yeux en disant : « Le papillon est fragile, il ne faut pas tenter de le retenir quand il a envie de s’envoler… »

FRANCE LIBERTÉ. L’histoire du cas de biopiraterie: Le Couachi en Guyane.

En 2015, la Fondation Danielle Mitterrand – France Libertés s’était opposée à un brevet de l’Institut de Recherche pour le Développement portant sur des propriétés antipaludiques de la plante Couachi (quassia amara), identifiées grâce à des savoirs traditionnels. Ce déni des droits des autochtones et de leurs savoirs représentait un cas de biopiraterie évident. Pourtant en 2018, l’Office Européen des Brevets a considéré le brevet comme valide. Les autochtones ne sont pas reconnus comme les inventeurs de la découverte et sont exclus de l’exploitation économique de leurs propres savoirs. La Fondation a donc engagé un recours contre cette décision afin de révoquer le brevet. Pour tout comprendre sur ce cas, une brochure explicative de 8 pages, disponible en français, en anglais et en espagnol, a été publiée sur le site internet de France Liberté..

DELCOURT Laurent. Les nouveaux territoires de l’agro-business. Sylepse.180p.

Une nouvelle et terrible «révolution verte» gagne le monde, l’agrobusiness. Dopée par une demande alimentaire croissante, elle gagne du terrain au Sud et dévaste tout sur son passage. Son modèle commercial et productiviste colonise de nouveaux territoires, du bassin amazonien aux confins de la Papouasie-Occidentale en passant par le continent africain, l’«ultime frontière». Avec l’appui de gouvernements, d’institutions internationales, d’agences de coopération et d’une poignée de fondations philanthropiques, ce nouveau mode de production et de commercialisation agricole s’impose peu à peu sur la planète. Pointées du doigt pour leur responsabilité dans la crise alimentaire de 2008 et dans le mouvement d’accaparement des terres qui a suivi, les grandes firmes de ce secteur ont renouvelé leur discours et remodelé leurs stratégies. Comble! Elles se veulent désormais actrices «incontournables» de la lutte contre la faim. Épousant le langage onusien de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, elles se positionnent comme les garantes d’une transition durable et inclusive, axée sur la modernisation des agricultures familiales. Séduits par leurs promesses financières et technologiques, les pays en développement leur déroulent le tapis rouge et scellent avec elles des alliances décisives. Tandis que les organisations paysannes dénoncent l’imposture, les recettes proposées, prétendument «gagnant-gagnant» risquent d’aggraver le morcellement des communautés rurales, d’accentuer la dépendance des petits producteurs et d’accélérer le processus de privatisation des ressources au profit des acteurs dominants. Fort de la contribution de plusieurs spécialistes de différents pays du Sud, l’ouvrage offre toutes les données factuelles et éclaircit les enjeux actuels et futurs de cette folie agricole et écologique.

FERGUS Jim. Les Amazones. Le Cherche midi.

1875 : Un chef cheyenne propose au président Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches, afin de les marier à ses guerriers. Celles-ci, « recrutées » de force dans les pénitenciers et les asiles du pays, intègrent peu à peu le mode de vie des Indiens au moment où commencent les grands massacres des tribus. 1876 : Après la bataille de Little Big Horn, quelques survivantes décident de prendre les armes contre cette prétendue « civilisation » qui vole aux Indiens leurs terres, leur mode de vie, leur culture et leur histoire. Cette tribu fantôme de femmes rebelles va bientôt passer dans la clandestinité pour livrer une bataille implacable, qui se poursuivra de génération en génération. Dans cet ultime volume de la trilogie Mille femmes blanches, Jim Fergus même avec une rare maestria la lutte des femmes et des Indiens face à l’oppression, depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui. Avec un sens toujours aussi fabuleux de l’épopée romanesque, il dresse des portraits de femmes aussi fortes qu’inoubliables.

FIRE LAME DEER Archie. Le Cercle sacré.Albin Michel. 432p.

Le Cercle sacré est le récit passionnant de la vie d’Archie Fire Lame Deer, fils de Tahca Ushte, l’auteur du célèbre De mémoire indienne. Après une enfance sioux passée sur la réserve de Rosebud, dans le Dakota du Sud, Archie fut tour à tour militaire en Corée, figurant et cascadeur à Hollywood, cow-boy et chasseur de serpents à sonnette. Mais cette existence, parfois difficile, qui l’amena à réexaminer les valeurs et la philosophie de son peuple, s’est transformée en une quête initiatique dominée par l’extraordinaire figure de son père. Engagé sur la voie de la tradition et de la spiritualité, Archie est devenu homme-médecine. Ce livre dévoile de sens des cérémonies sacrées du peuple sioux et décrit avec précision la cosmologie des Lakotas. Il nous fait également partager les interrogations et la spiritualité de cet homme d’exception, imprégné de sa religion et de sa tradition, mais dont la réflexion s’ouvre à l’humanité tout entière. Le cercle sacré prend alors les dimensions de notre planète.

 

FUERST René. Indiens d’Amazonie – Vingt belles années (1955-1975). 5 continents. 143p.

« Plus qu’un simple bilan d’une expérience particulière, mon livre, mes textes et mes images se veulent un hommage aux rares Amérindiens encore libres ; quant à l’expérience elle-même, la mienne, celle de mes années encore jeunes, l’amazonienne, elle fut à jamais unique en son genre. » René Fuerst.
Cette « autobiographie visuelle » parcourt les régions centrales du Brésil, notamment le Mato Grosso et l’Amazonie profonde, et fait la part belle à ses rencontres, recherches et recueils ethnographiques – autant de témoignages qui sont venus enrichir les musées européens, dont en premier lieu le musée d’Ethnographie de Genève. Les images en noir et blanc de René Fuerst capturent et racontent une vingtaine de rencontres, s’arrêtant sur les visages, les corps, les cérémonies plus tranquilles et celles agitées par les danses. Même le récit du quotidien au travers des objets qui le rythment se fait digne et conduit le lecteur à une réflexion tout en relief sur les bien connus « tristes tropiques » de Claude Lévi-Strauss.

GEO. Ces peuples qui défient le XXIème siècle.

Les Papous entre deux univers, la ferveur bouddhique au Ladakh, les jeunes filles dresseuses d’aigles en Mongolie, la voix berbère du Maroc à l’Egypte, le petit royaume de Setomaa, la vraie vie des gauchos en Patagonie… Les reporters de GEO Collection sont partis à la rencontre de ces populations qui, sans être complètement étanches au monde contemporain, maintiennent et défendent leurs traditions et leur culture. Dans leur défi au XXIème siècle, ces communautés autochtones nous proposent des valeurs, des savoir-faire et aussi un regard sur la vie qui peuvent nous amener à réfléchir sur nos propres modes de vie

GERGAUD Sophie, Cinéastes autochtones: La souveraineté culturelle en action. WARM Édition.

Dès ses débuts, le cinéma – et Hollywood au premier chef – a singulièrement façonné l’image des peuples autochtones (Premières Nations, Inuit, Aborigènes…) dans l’imaginaire collectif. L’évolution des moyens techniques et des rapports de domination ont rendu peu à peu possible l’émergence d’autres points de vue. Et depuis plusieurs décennies, les peuples autochtones de par le monde exigent le respect de leur droit à l’autoreprésentation et à l’expression directe, selon leurs propres termes. Cette histoire longue et tumultueuse de la représentation des peuples autochtones à l’écran est l’histoire d’un art en mouvement et d’une lutte pour reconquérir une identité, filmer et diffuser ses propres histoires afin de rétablir des vérités et de s’octroyer le droit à l’imagination créative et innovante.

GERGAUD Sophie, HERMANN Thora M. Cinémas autochtones. des représentations en mouvement. L’Harmattan. 364p.

Première anthologie en français sur le sujet, Cinéma autochtones : des représentations en mouvements se veut un véritable état des lieux valorisant avant tout les contributions de cinéastes, artistes et chercheur.e.s autochtones du monde entier avec, à leurs côtés, celles de proches collaborateur.trice.s non autochtones. Invitation à s’immerger dans un univers cinématographique créatif et original, ce livre collectif s’affranchit tout autant des frontières chronologiques, géographiques que des genres, afin de mieux célébrer ensemble le pouvoir des créateur.trice.s cinématographiques autochtones d’hier, d’aujourd’hui et de demain.

GOETTNER-ABENDROTH Heide. Les sociétés matriarcales Recherches sur les cultures autochtones à travers le monde. Ed des femmes. 600p.

Dans cet ouvrage pionnier, fondateur des Recherches matriarcales modernes, Heide Goettner-Abendroth propose une nouvelle approche méthodologique du concept de matriarcat, revisitant ainsi l’histoire de l’humanité tout entière. Dans un aller-retour permanent entre le terrain et la théorie, elle offre une vue d’ensemble des sociétés matriarcales dans le monde, faisant apparaître que celles-ci ont non seulement précédé le système patriarcal, apparu seulement vers 4 000- 3 000 ans avant notre ère, mais qu’elles lui ont survécu jusqu’à ce jour sur tous les continents. Elle montre que les sociétés matriarcales, loin d’être une image inversée du patriarcat, comme le prétend l’idéologie dominante dont l’autrice fait une critique radicale, sont des sociétés d’égalité et de partage entre les sexes. D’où l’utilité de leur étude pour aider les femmes et les peuples autochtones en particulier à penser une alternative au système de domination patriarcal et colonisateur. Ces travaux, qui ont inspiré plusieurs générations de chercheuses et chercheurs en histoire et en anthropologie, sont aujourd’hui enfin disponibles en français.

 

HAVARD Gilles, VIDALCécile. Histoire de l’Amérique française. Champs histoire. 880p.

Au début du XVIIIe siècle, la Nouvelle-France s’étendait sur un tiers du continent nord-américain, des forêts glacées du Canada aux bayous de Louisiane, en passant par les prairies du Midwest. Un Empire dont la clef de voûte fut l’alliance avec les Indiens, qui permit aux Français de s’implanter et de se maintenir sur le territoire au nez et à la barbe des Anglais. Colons, Indiens, esclaves africains composaient une Amérique française au visage cosmopolite. Cette Amérique, que notre mémoire a occultée, n’a pas entièrement disparu. Les toponymes en témoignent – New Orleans, Baton Rouge, Montréal, etc. -, et de nombreuses villes nord-américaines ont eu pour fondateurs des Français. Des millions d’Américains, aux États-Unis comme au Canada, ont des noms d’origine française, et parmi les descendants des colons, certains parlent toujours la langue de Molière. Ce legs, on ne saurait le comprendre sans se glisser, au fil de la lecture, dans une pirogue ou dans un canoë à la recherche d’une histoire ignorée.

 

HUXLEY Francis, NARBY Jérémy.Anthologie du chamanisme: Cinq cents ans sur la piste du savoir.Albin Michel. 352p.

Rassemblée par deux ethnologues internationalement reconnus, la présente anthologie est la plus complète qui soit sur le chamanisme. Jeremy Narby et Francis Huxley, tous deux docteurs en anthropologie, ont recueilli les textes et témoignages essentiels sur ceux qu’on appelait jadis « sorciers indigènes », « ministres du diable », « magiciens »… Ces écrits, dont le premier remonte à 1535, donc à la conquête espagnole, nous offrent un aperçu unique sur ces traditions longtemps persécutées qui renaissent aujourd’hui. Au cours de ces soixante-dix textes essentiels, des explorateurs inconnus côtoient Alfred Métraux, Mircea Eliade, Claude Lévi-Strauss, R. Gordon Wasson, Carlos Castaneda et bien d’autres, retraçant cinq siècles d’études sur les chamanes, leurs pratiques, leurs pouvoirs et leur vision du monde qui passionnent encore aujourd’hui nos contemporains.

LEBEGUE Sébastien. Coutumes kanak.Au Vent des Iles.

La société kanak de Nouvelle-Calédonie est une société coutumière, fondée sur l’échange de biens et de la parole, telle qu’on en trouve plus largement en Mélanésie. La coutume kanak constitue le socle sur lequel repose l’organisation de la société en régissant des domaines aussi vastes que le territoire, la structure sociale ou les alliances claniques. Elle se manifeste dans les cérémonies des grands moments de la vie : à la naissance, dans le mariage, tissant les liens entre les clans, et dans le deuil. Le projet Coutume kanak est un reportage d’intégration réalisé par Sébastien Lebègue en 2013 et 2015 sur l’ensemble des huit aires coutumières de Nouvelle-Calédonie. Le propos tente modestement d’apporter un éclairage sur ce qu’est la coutume kanak en révélant, en photographies ou en illustrations, l’intimité et les codes des cérémonies coutumières, et en donnant la parole aux hommes et aux femmes qui témoignent de ce qu’est la coutume d’aujourd’hui, un patrimoine fragile mais bien vivant.

 

LE TOURNEAU Jean-Michel. L’Amazonie – Histoire, géographie, environnement.

« L’Amazonie n’existe pas  » : c’est sur ce constat paradoxal que s’ouvre cet ouvrage, pour souligner que la dimension mythique et mythologique de cette région l’emporte souvent sur la réalité géographique. Tout commence par son nom, qui fait référence à une légende tirée de l’Antiquité grecque, à mille lieues du contexte de la forêt équatoriale que les voyageurs du XVIe siècle venaient d’aborder… Dès leur arrivée, les Européens ont eu du mal à comprendre l’Amazonie, déroutés par l’environnement, tant social que naturel, qu’ils découvraient. Mais plutôt que d’apprendre des sociétés locales à le décoder, ils ont cherché à l’analyser sur la base de leurs références culturelles. La profusion végétale et animale, l’analogie avec l’Éden perdu, les confortèrent dans l’idée que l’Amazonie était une nature vierge et ses habitants, dépourvus de civilisation… L’ouverture de la grande forêt aux scientifiques, à partir du XIXe siècle, n’a pas dissipé cette méprise. Deux visions oscillent alors, toutes deux encore très ancrées dans nos imaginaires : celle de  » l’enfer vert « , hostile à l’homme, qui demande à être dompté, et celle de la  » forêt vierge « , pure et intouchée, qu’il faut préserver en l’état. Mal informées sur l’Amazonie, les sociétés occidentales s’obstinent à y implanter des modèles de gestion en totale inadéquation avec son environnement, entraînant des conséquences dramatiques pour les équilibres écologiques non seulement sur le plan local mais aussi sur le plan régional, voire global. Consacré à l’Amazonie brésilienne qui représente près de 60 % de la forêt  » amazonienne « , cet ouvrage s’attache à étudier l’histoire longue des populations et de l’environnement en montrant que la vision occidentale relève d’un  » malentendu  » qu’il est urgent de lever. Une lecture essentielle à l’heure où les annonces du gouvernement Bolsonaro viennent réveiller les inquiétudes.

MALAURIE Jean, Oser, résister.CNRS Édition.288p.

Ne pas devenir un peuple de fourmis, manipulé par le verbe, l’image et l’informatique. Oser, résister et s’aventurer ! C’est la philosophie de vie que Jean Malaurie poursuit depuis les années 1950 et son inoubliable combat pour les légendaires Inuit de Thulé, menacés par une scandaleuse base nucléaire au coeur de leur territoire. Réfractaire-résistant à l’ordre nazi, Jean Malaurie est un grand scientifique, géomorphologue devenu géophilosophe, et un défenseur résolu de l’alliance des sciences humaines et naturelles. Le père fondateur de la collection Terre Humaine réunit ici des réflexions rares et précieuses sur son parcours intellectuel, sur l’écologie humaine ou l’enseignement supérieur. Il nous découvre aussi des pans plus intimes de sa personnalité singulière.

MARTIN Nastassja.Les âmes sauvages. La Découverte.326p.

Comment les Gwich’in, une société de chasseurs-cueilleurs athapascans du nord-est de l’Alaska, parviennent-ils à se défendre face à l’Occident et à ses crises ? La beauté de cet ouvrage, servi par un style d’écriture subtil et rapide, et l’émotion qu’il procure, viennent de la stupéfiante présence de l’auteur, restée deux ans sur le terrain, constamment attentive à ce qui lui arrive, à ce qu’elle ressent, à ce qu’elle comprend ou non. Qui sont ces hommes qui se nomment eux-mêmes les Gwich’in et peuplent les forêts subarctiques ? Sont-ils encore de fiers guerriers qui poursuivent les caribous jusque sur l’échine arctique de la Terre, ou ressemblent-ils plutôt à des humains dévastés par la colonisation occidentale qui titubent dans les rues verglacées des villes du Nord sous les effets de l’alcool ? Et que dire du territoire qu’ils habitent, l’Alaska contemporaine ? Cette terre demeure-t-elle fidèle aux images de nature sublime et préservée qui peuplent nos esprits d’Occidentaux, ou disparaît-elle face aux réalités énergétiques, politiques et économiques qui la transforment en un champ de bataille jonché de mines à ciel ouvert et d’exploitations pétrolières ? À l’heure du réchauffement climatique, aucun de ces clivages ne subsiste. Les mutations écologiques du Grand Nord sont telles qu’elles brouillent le sens commun et balayent toutes les tentatives de stabilisation, de normalisation et d’administration des écosystèmes arctiques et de leurs habitants.

 

O’BRIEND Dan. Les Bisons du Coeur – Brisé. Au diable vauvert. 363p.

Dan O’Brien s’installe dans le ranch de Broken Heart, il réalise son rêve : vivre au pied des Black Hills, les terres indiennes de Sitting Bull. Mais les grandes plaines du Dakota ont subi le génocide indien et le massacre des bisons, elles sont stérilisées par l’agriculture et l’élevage bovin intensifs. Dan connaît la dure vie des cow-boys, ruinés par les emprunts et les fluctuations du marché. Le coeur brisé de Broken Heart, c’est lui, ce fermier amoureux de la vie sauvage qui souffre pour rétablir l’écosystème originel de ce pays sans fin, ce cow-boy devenu professeur de littérature et d’écologie pour payer les traites de son ranch. Ce livre est son histoire, celle d’un homme qui, pour redonner vie à la prairie, a rendu aux bisons leurs terres ancestrales. Éleveur, fauconnier et écrivain emblématique du grand Ouest américain, Dan O’Brien a publié plusieurs récits et romans. Spécialiste des espèces en voie de disparition, il enseigne l’écologie des Grandes Plaines et la littérature. Il a créé la Wild Idea Buffalo Company, pour commercialiser les bisons qu’il élève à l’indienne.

OKA AMAZONIE. Exposition coéditée par le Muséum de Toulouse et les éditions Muséo

Chaque exposition est une aventure scientifique, technique, et humaine qui mérite d’être racontée… conservée et partagée ! En faisant revivre l’exposition et les coulisses de sa création, la nouvelle collection  » ExpoVerso « , coéditée par le Muséum de Toulouse et les éditions MUSEO, propose la lecture scénarisée et actualisée d’une thématique tout en donnant la parole aux scientifiques et professionnels. Ces récits témoignent des contributions originales de nombreux métiers nécessaires à la réalisation de ces événements, à travers des entretiens et des reportages richement illustrés. De quoi satisfaire les amateurs et les curieux et, pourquoi pas, susciter quelques vocations… Dans cet ouvrage  » OKA Amazonie « , c’est un morceau d’histoire de la forêt habitée que l’on emporte avec soi. Avec ses richesses et ses spécificités millénaires, cette histoire se vit surtout au présent grâce aux témoignages des scientifiques et des populations autochtones. On y trouvera des références nombreuses aux propos de l’exposition mais aussi quelques moments forts associés à sa réalisation mettant en scène des acteurs variés : des ethnologues observateurs aux autochtones dans leur vie quotidienne.

ORANGE Tommy. Ici n’est plus ici.Albin Michel. 352p.

À Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux. Débordant de rage et de poésie, ce premier roman, en cours de traduction dans plus d’une vingtaine de langues, impose une nouvelle voix saisissante, véritable révélation littéraire aux États-Unis.

PATIN Christelle. Ataï, un chef kanak au musée histoires d’un héritage colonial. MNHN.543p.

Originaire de la région de la Foa en Nouvelle-Calédonie, le chef Ataï, personnage emblématique de l’insurrection kanak de 1878, fut tué lors des opérations de « pacification » de l’île. Sa tête et une main furent livrées par des auxiliaires kanak à l’armée française puis envoyées dans les collections d’une société savante, la Société d’Anthropologie de Paris. Débute alors, au sein du musée, la seconde vie d’Ataï marquée par une « transmutation » du trophée martial en spécimen scientifique. Sa dépouille sera rendue à ses descendants en 2014. Tantôt figure du « sauvage » beau et anthropophage, ou du chef tacticien et insoumis, tantôt figure du révolutionnaire libérateur d’un peuple assujetti ou du pacificateur d’une colonie de peuplements, les interprétations passées et actuelles du Kanak Ataï offrent de multiples visages à explorer. Elles sont aussi indissociables de l’histoire plus générale des collections anthropologiques constituées de restes humains, héritage complexe aujourd’hui sensible. Les chapitres de ce livre offrent des clés de lecture permettant d’appréhender les différents modes d’appropriation des éléments de corps humain du chef Ataï lors de leur parcours patrimonial, les logiques et les enjeux sous-jacents. À partir de l’analyse de nombreuses archives inexplorées, d’entretiens avec les scientifiques-conservateurs, l’auteur s’attache à reconstituer chacune des étapes de la patrimonialisation du chef kanak par la communauté des anthropologues — prélèvement du corps ou parties en 1878, transport, catégorisation, transformation, étude scientifique, exposition puis restitution en 2014 — afin d’en cerner l’évolution des mécanismes, intérêts personnels, enjeux collectifs et spécificités. L’analyse se veut aussi comparative, confrontant tour à tour les pratiques de la Société d’Anthropologie de Paris à celles du Muséum national d’Histoire naturelle ainsi que les destinées de spécimens collectés en Nouvelle-Calédonie en cette fin de xixe siècle.

QUÉBEC. Enquéte nationale sur les femmes et filles autochtones disparues et assasinées. Rapport complémentaire.180p.

Depuis l’aube de l’humanité, toutes les sociétés se sont préoccupées d’assurer la sécurité des membres de leurs communautés. Or, encore aujourd’hui, des rapports de l’Organisation mondiale de la Santé indiquent qu’au cours de leur vie, 35 % des femmes dans le monde sont victimes de violence physique ou sexuelle, et ce chiffre ne représente que les cas de violence signalés. Au Canada, les statistiques démontrent que les femmes et les filles autochtones sont beaucoup plus susceptibles d’être victimes de violence que les femmes allochtones. Selon Statistique Canada, entre 2001 et 2015, le taux d’homicides était près de six fois plus élevé pour les femmes autochtones que pour les femmes allochtones. Un risque d’une telle ampleur exige, de nous tous, d’assumer nos responsabilités, de cerner clairement le problème et de prendre des mesures énergiques pour corriger cette situation qui est ancrée dans le contexte historique et politique du Canada.

Lien vers le Rapport

RICQ Isabelle, TOCHTERMANN Christian. Lettre à Bruno Manser ou la disparition de l’homme penan.Sturm&Drang. 253p.

Lettre à Bruno Manser est une missive photographique adressée à un disparu, depuis l’endroit où il a été vu pour la dernière fois. Sur un haut plateau des montagnes de Bornéo se trouve le village de Bario. Ici, les peuples Kelabit et Penan cohabitent depuis des centaines d’années, les uns cultivant le sol le plus fertile de la région, les autres arpentant les forêts alentours. Le 23 mai 2000, l’activiste suisse Bruno Manser y rédigeait une lettre qui demeure à ce jour son dernier signe de vie. Il l’adressa à sa compagne restée en Europe, et la posta depuis ce village de Malaisie orientale. Après avoir vécu six ans au sein du peuple Penan, après avoir partagé et initié certains de leurs combats contre des compagnies forestières et après que sa tête fut mise à prix par les autorités locales, Bruno Manser disparut sans laisser de traces. Il fut officiellement déclaré mort en 2005. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas son histoire ni celle de la région, nous en retraçons les grandes lignes au fil de nos images. À Bruno Manser, nous adressons cette lettre photographique depuis Bario, où nous avons pu constater l’actualité de ses revendications et la progression de ses ennemis d’hier.

ROULAND Norbert. Retour du Brésil. Impressions d’un juriste anthropologue français. L’Harmattan.172p.

Cet ouvrage a été rédigé à partir d’une série de conférences prononcées par Norbert Rouland dans diverses villes brésiliennes (Maceio, Joao Pessoa, Sao Paulo, Belo Horizonte) en août 2016.L’auteur commence par relater une série d’étonnements éprouvés par le voyageur et le juriste arrivant aujourd’hui au Brésil. Puis il s’attache à montrer la permanence des liens entre le Brésil et la France à partir du séjour à Sao Paulo de Claude Lévi-Strauss et de ses expéditions dans diverses populations autochtones, ainsi que des travaux de ses successeurs français. Il compare ensuite les approches de juristes brésiliens et français de sujets d’actualité tels que les droits de l’homme, et l’égalité entre les femmes et les hommes. Il conclut par une approche comparative du même type sur un sujet moins connu, celui des rapports entre le droit et la musique. »

SEILLIER Jean, Une histoire des langues et des peuples qui les parlent. La Découverte.720p.

Une somme unique et accessible : 5 000 ans d’histoire, toutes régions et cultures confondues. Une référence pour quiconque s’intéresse à l’évolution des langues et des peuples. Comment raconter l’histoire des langues, d’avant la naissance de l’écriture jusqu’à nos jours ? Comment rendre compte de ce fait social, qui joue un rôle majeur dans le destin de tous les peuples ? Comment saisir les langues, aux frontières poreuses, dans leur mouvement perpétuel et leur inventivité, elles qui se heurtent, cohabitent, s’influencent, s’éteignent ou se recréent ? Compte tenu du grand nombre de langues – environ 6 000 aujourd’hui –, l’ouvrage se concentre sur celles dont il est possible de raconter l’histoire. Un récit en trois temps : celui d’avant l’écriture, le plus souvent mystérieux ; celui des traditions orales et de l’écriture pratiquée par des élites ; celui, enfin, de la large diffusion des textes imprimés. Des phases qui, selon les régions, s’enchaînent à des périodes différentes. Composé de modules – une région, une époque –, le livre ménage différents parcours. Le lecteur suit le fil d’Ariane, du début à la fin, ou  » entre  » par un sujet qui l’intéresse, puis circule au gré de ses curiosités. Un voyage dans le temps et l’espace qui invite, sans négliger les classiques (l’hébreu, le grec, le latin, le sanskrit, etc.), à partir à la rencontre du javanais, du persan, du breton, du yiddish, du swahili, du quechua… ou des pidgins mélanésiens.

SÉPULVÉDA Luis. Histoire d’un chien mapuche. Métaillé.96p.

Le chien, prisonnier, affamé, guide la bande d’hommes lancée à la poursuite d’un Indien blessé dans la forêt d’Araucanie. Il sait sentir la peur et la colère dans l’odeur de ces hommes décidés à tuer. Mais il a aussi retrouvé dans la piste du fugitif l’odeur d’Aukamañ, son frère-homme, le compagnon auprès duquel il a grandi dans le village mapuche où l’a déposé le jaguar qui lui a sauvé la vie. Dans la forêt, il retrouve les odeurs de tout ce qu’il a perdu, le bois sec, le miel, le lait qu’il a partagé avec le petit garçon, la laine que cardait le vieux chef qui racontait si bien les histoires et lui a donné son nom : Afmau, Loyal. Le chien a vieilli mais il n’a pas oublié ce que lui ont appris les Indiens Mapuches : le respect de la nature et de toutes ses créatures. Il va tenter de sauver son frère-homme, de lui prouver sa fidélité, sa loyauté aux liens d’amitié que le temps ne peut défaire. Avec son incomparable talent de conteur, Luis Sepúlveda célèbre la fidélité à l’amitié et le monde des Mapuches et leurs liens avec la nature.

STÉPANOFF Charles. Voyager dans l’invisible. Techniques chamaniques de l’imagination.
La Découverte.468p.

Le chamane est un individu capable, d’une façon mystérieuse pour nous, de voyager en esprit, de se percevoir simultanément dans deux espaces, l’un visible, l’autre virtuel, et de les mettre en connexion.
Ce type de voyage mental joue un rôle clé pour établir des liens avec les êtres non humains qui peuplent l’environnement. Les chamanes ne gardent pas pour eux seuls l’expérience du voyage en esprit : ils la partagent avec un malade, une famille, parfois une vaste communauté de parents et de voisins. Les participants au rituel vivent tous ensemble cette odyssée à travers un espace virtuel. De génération en génération, les sociétés à chamanes se sont transmis comme un précieux patrimoine des trésors d’images hautes en couleur, mais en grande partie invisibles. Ce livre est le fruit d’enquêtes de terrain et reprend l’ample littérature ethnographique décrivant les traditions autochtones du nord de l’Eurasie et de l’Amérique. Au travers de récits pleins de vie, il rend compte de l’immense contribution à l’imaginaire humain des différentes technologies cognitives des chamanes. Les civilisations de l’invisible bâties par les peuples du Nord, encore puissantes à l’aube du XXe siècle, n’ont pas résisté longtemps à l’entreprise d’éradication méthodique menée par le pouvoir colonial des États modernes, qu’il s’agisse de l’URSS, des États-Unis ou du Canada. Ce livre nous permet enfin de les appréhender dans toute leur richesse.

 

WATT- CLOUTIER Sheila. Le droit au froid : Le combat d’une femme pour protéger sa culture, l’Artique et notre planète. Écosociété. 360p. Préface: Lisa Koperqualuk.

Il [existe] une autre façon de plaider pour la protection de notre planète: exiger de la communauté internationale la reconnaissance du bien-être environnemental comme un droit humain fondamental. Sans la jouissance d’un climat stable et sécuritaire, les peuples ne peuvent exercer leurs droits économiques, sociaux et culturels. Pour les Inuit, comme pour nous tous, c’est ce que j’appelle  »le droit au froid ». Cette formule singulière du  »droit au froid » concentre bien tout l’esprit de la lutte que Sheila Watt-Cloutier a menée durant plus d’une vingtaine d’années sur la scène internationale pour faire des changements climatiques un enjeu de droits humains. C’est d’ailleurs sous sa présidence au Conseil circumpolaire inuit qu’une pétition en ce sens a été déposée en 2005 auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, la première action juridique internationale du genre. Comme la culture et l’autonomie économique des Inuit sont tributaires du froid et de la glace, le réchauffement planétaire d’origine anthropique constitue une négation de leurs droits sociaux, culturels et sanitaires.  »L’impact des changements climatiques sur l’Arctique est un signe précurseur de ce qui attend le reste du monde », dira-t-elle. De son enfance à Kuujjuaq, dans le nord du Québec à une époque où la culture inuit traditionnelle du transport en traîneau à chiens et de la chasse sur glace était encore dominante , à son engagement pour l’environnement dans les instances internationales, Le droit au froid est le récit d’une femme inspirante, devenue un modèle de leadership pour le XXIe siècle.

 

FILMOGRAPHIE

Aga, 2018, Milko Lazarov, 96′

Un vieux couple de Yakoutes de Sibérie vit isolé dans une des régions les plus désolées et les plus froides du monde. Nanook chasse et pêche, tandis que Sedna tanne les peaux et en fait des vêtements. Mais le gibier se fait rare alors que la glace fond chaque année plus tôt. Le Bulgare Milko Lazarov est allé à l’extrême nord de la Sibérie orientale pour rendre compte de la fin irréversible d’une civilisation. Cantate sibérienne Ils sont minuscules, perdus au loin, au milieu de ces étendues immenses et glacées, filmées en plans larges. Ils sont vieux et seuls: lui perd la mémoire, elle soigne une douleur sur le côté que Nanook ne remarque pas. Il y a cent ans, Robert Flaherty tournait son premier documentaire sur les «esquimaux», comme on les appelait à l’époque. Si c’est bien une fiction que Milko Lazarov est allé tourner dans la république russe de Sakha, avec des acteurs professionnels du cru, l’hommage rendu à Flaherty est évident, ne serait-ce que par le nom donné au vieil homme. Le résultat est à la hauteur de l’ambition: éviter le récit cataclysmique convenu pour exprimer la fin d’un monde, en proposant une cantate somptueuse qui rend honneur à toutes ces cultures, au nord comme au sud, qui disparaissent inexorablement.

Les enfants de la patrie, 2019, Eva Sehet et Maxime Taperan. 71′

À Ouvéa, en Nouvelle-Calédonie, Macki et les siens commémorent, comme chaque année, les évènements tragiques qui ont secoué leur île en 1988. Devoir de mémoire à force cathartique, chacun témoigne au fil des jours des tortures infligées par les militaires français lors de l’occupation de la tribu. De l’armée, de l’Etat, ils ne veulent d’ailleurs plus entendre parler. Sauf que cette année, trente ans après, le Président de la République décide de leur rendre visite.

 

Les Himbas font leur cinéma!.2019 Solenn Barbet. 92′

Las d’être filmés par les caméras du monde entier sans jamais avoir leur mot à dire, une vingtaine de Himbas de Namibie décident de se mettre en scène pour la caméra : cérémonies et relations aux ancêtres, secrets de beauté et dangers de la modernité, recettes de cuisines… Avec humour et sensibilité, les Himbas nous font découvrir leur monde! Ce film est l’aventure d’hommes et de femmes à la fois ancrés dans leurs traditions et tournés vers l’avenir qui ont décidé de devenir acteurs et découvrent le plaisir de se raconter, de jouer, d’inventer. C’est également une aventure humaine, avec au centre la complémentarité de deux femmes, l’une himba, Muhapikwa, porteuse de la tradition, l’autre française, Solenn, qui ont décidé de bousculer les représentations établies…

 

Losing Alaska, 2018, Tom Burke.82′

En Alaska, une petite communauté yupik est confrontée à une catastrophe inexorable. En raison de la hausse des températures, leur village, Newtok, disparaît lentement dans la mer. Les 375 habitants de ce vaste et magnifique territoire de pergélisol vivent depuis des années dans la peur constante de voir leur village littéralement sombrer. Ils vont perdre leur premier bâtiment en 2018. La construction la plus élevée de la ville, l’école, pourrait couler en 2019.

Mon cri-Nin E Tepuan, 2019 Santiago Bertolino, 82′

Ce documentaire suit le parcours de la poète, comédienne et militante innue, Natasha Kanapé Fontaine, à un moment charnière de sa carrière d’artiste engagée. Pour guérir de la blessure du racisme, Natasha s’est réappropriée sa langue innue et prend la parole dans les médias. Les mots lui font retrouver ses racines et lui insufflent la force pour briser les préjugés. Alors elle engage la conversation. Et au fil de celle-ci, elle questionne ce besoin d’autodétermination, pour elle, mais aussi pour les Autochtones d’ici et d’ailleurs.

Vai. 2019, Becs Arahanga, Amberley Jo Aumua. 90′

Ce nouveau long-métrage plein d’audace des producteurs de Waru (2017) est un hommage rendu au rôle des « Pasifika Sisters », ou femmes du Pacifique, quant au maintien et revendication de leur culture. « La mer est ce qui nous rassemble, nous qui transpirons et pleurons de l’eau salée. » Tourné à Fidji, Tonga, Kuki, Samoa, Niue, Aotearoa (Nouvelle-Zélande), ainsi qu’aux îles Salomon, le film raconte le voyage d’une femme, Vai, jouée tour à tour par huit actrices autochtones différentes. Avec pour fil conducteur l’élément marin, qui se dit vai dans chacun de ces pays, chaque épisode met en exergue la diversité des cultures de ces îles du Pacifique. Donnant l’opportunité à neuf réalisatrices wahine de faire entendre leur voix en reprenant le contrôle sur leur propre histoire, le film rend compte de la complexe réalité de l’ensemble des enjeux sociétaux contemporains rencontrés par les femmes dans le Pacifique.

Warrior women, 2019, Christina D. King, Elizabeth Castle. 1h7′

De l’occupation de la prison d’Alcatraz en 1969 au combat contre le pipe-line de Standing Rock en 2016, Warrior Women raconte la vie de Madonna Thunder Hawk, l’une des fondatrices de l’American Indian Movement. 50 ans de combats pour les droits des autochtones et pour la Terre menés par des femmes puissantes, courageuses et rebelles. Warrior Women explore la conjugaison singulière entre activisme politique et le fait d’être mère, et montre comment l’héritage militant se transmet et se transforme de génération en génération dans un contexte agressif, ou le gouvernement colonial réprime violemment la résistance autochtone. Les peuples autochtones, premiers gardiens de la terre qu’il devient urgent d’écouter

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