RACISME ET DISCRIMINATION
A L'ENCONTRE DES PEUPLES AUTOCHTONES


 

En dépit des situations diversifiées de chaque communauté autochtone, un constat général s’est dégagé à l’occasion de la conférence de Durban (novembre 2001) : " les peuples autochtones constituent un des groupes de population qui ont subi et subissent encore le plus les effets conjugués de la discrimination raciale reposant sur la soi-disant supériorité de certaines races, leur donnant le droit de maintenir autorité et pouvoir, le plus souvent par la force, sur les autres groupes de population " .
De la sorte, les peuples autochtones ont tous été confrontés à des pratiques, publiques ou privées, visant à les maintenir en situation de subordination aboutissant à des inégalités de traitement flagrantes soutenues par la coutume ou la loi.

Ces pratiques incluent la violence et le génocide, l’incitation à la haine raciale, les insultes et les menaces ainsi que des comportements, attitudes ou commentaires plus ou moins racistes.


Photos : IWGIA, Pygmées

Aussi, à l’occasion du Forum des ONG de Durban, les peuples autochtones ont pu s’exprimer sur leurs expériences en dénonçant trois formes de racisme qui, en se complétant et en se renforçant, ont contribué à produire les conditions de leur existence. Au racisme historique fondé sur leur infériorité, source du refus récurrent de leur qualité et condition de peuple, se sont ajoutées diverses formes de discrimination raciale, plus contemporaines et structurelles, marginalisant davantage les membres des communautés autochtones. En outre, un racisme environnemental, tout en se superposant aux deux autres, a lui aussi produit des effets particulièrement discriminants.

1. Un racisme historique : des « peuples » inférieurs dépouillés

Historiens et universitaires s’accordent à reconnaître que la colonisation des nouveaux espaces a vu des formes extrêmes de racisme : massacres, marches forcées, « guerres indiennes », maladies, esclavage ou traite négrière, le tout étant sanctionné par « la loi ». Depuis des siècles, cette « loi du plus fort », ou loi de la conquête et de la découverte, fonde les doctrines du dépouillement dont les effets ont pour conséquences la dépossession foncière et la destruction des systèmes sociopolitiques, culturels et religieux des peuples autochtones.

La légitimation de ces pratiques menant souvent à des génocides repose sur l’idéologie de la supériorité, de la domination et de la pureté d’une race sur les autres ainsi que sur le refus de reconnaître leur statut de peuple.


Kanak.Photo : J-F.Marin

2. Le racisme contemporain : maintien et amplification de la discrimination

Pour les représentants autochtones à Durban, le racisme contemporain auquel ils sont confrontés n’est que la poursuite par d’autres moyens du racisme historique. Ils continuent de souffrir de la perte de leurs territoires et de leurs ressources, de la destruction de leurs cultures ainsi que de la violence qui leur est faite, autant de tragédies qui constituent des menaces pour la survie de peuples autochtones. Tous les membres de leurs communautés, en particulier les femmes et les enfants, sont victimes des manifestations de ce racisme, qui se traduisent à la fois par un ensemble de lois ou de politiques discriminantes mais également à travers les effets du système socio-économique, politique et culturel qui perpétue et amplifie les inégalités.

3. Racisme environnemental : un écocide qui ne dit pas son nom

Superposé aux précédentes formes de racisme tout en s’en nourrissant, le racisme environnemental est également dénoncé comme une forme d’écocide qui tait son nom. Forme historique et contemporaine de discrimination raciale, le racisme environnemental est depuis longtemps considéré comme un instrument particulièrement pervers de destruction du milieu de vie des autochtones, mais aussi d’autres groupes de population.

Globalement, il y a racisme environnemental lorsque les sites d’élimination des déchets sont choisis en fonction de facteurs autres que l’égale répartition des avantages et des nuisances d’un tel site. Reposant pour l’essentiel sur le profit, l’avidité et la force du pouvoir, le choix se fait souvent en fonction de la zone qui est la moins à même de s’opposer efficacement à un tel choix ; les quartiers défavorisés, les zones dans lesquelles résident des groupes minoritaires ou les territoires autochtones étant alors fréquemment retenus.

Extrait des pages 433 à 442, de l'article "Racisme et discrimination, la position des peuples autochtones", RaphaëlPorteilla, in La nouvelle question indigène, Sous la direction de Jean-Claude Fritz, l'Harmattan, 2005,pp 433-450.

Lire l'article "Racisme et discrimination, la position des peuples autochtones", Raphaël Porteilla, in La nouvelle question indigène, Sous la direction de Jean-Claude Fritz, l'Harmattan, 2005, pp 433-450.