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Aussi, à l’occasion du Forum des ONG de Durban, les peuples autochtones ont pu s’exprimer sur leurs expériences en dénonçant trois formes de racisme qui, en se complétant et en se renforçant, ont contribué à produire les conditions de leur existence. Au racisme historique fondé sur leur infériorité, source du refus récurrent de leur qualité et condition de peuple, se sont ajoutées diverses formes de discrimination raciale, plus contemporaines et structurelles, marginalisant davantage les membres des communautés autochtones. En outre, un racisme environnemental, tout en se superposant aux deux autres, a lui aussi produit des effets particulièrement discriminants.
1. Un racisme historique : des « peuples » inférieurs dépouillés
Historiens et universitaires s’accordent à reconnaître que la colonisation des nouveaux espaces a vu des formes extrêmes de racisme : massacres, marches forcées, « guerres indiennes », maladies, esclavage ou traite négrière, le tout étant sanctionné par « la loi ». Depuis des siècles, cette « loi du plus fort », ou loi de la conquête et de la découverte, fonde les doctrines du dépouillement dont les effets ont pour conséquences la dépossession foncière et la destruction des systèmes sociopolitiques, culturels et religieux des peuples autochtones.
La légitimation de ces pratiques menant souvent à des génocides repose sur l’idéologie de la supériorité, de la domination et de la pureté d’une race sur les autres ainsi que sur le refus de reconnaître leur statut de peuple.
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3. Racisme environnemental : un écocide qui ne dit pas son nom
Superposé aux précédentes formes de racisme tout en s’en nourrissant, le racisme environnemental est également dénoncé comme une forme d’écocide qui tait son nom. Forme historique et contemporaine de discrimination raciale, le racisme environnemental est depuis longtemps considéré comme un instrument particulièrement pervers de destruction du milieu de vie des autochtones, mais aussi d’autres groupes de population.
Globalement, il y a racisme environnemental lorsque les sites d’élimination des déchets sont choisis en fonction de facteurs autres que l’égale répartition des avantages et des nuisances d’un tel site. Reposant pour l’essentiel sur le profit, l’avidité et la force du pouvoir, le choix se fait souvent en fonction de la zone qui est la moins à même de s’opposer efficacement à un tel choix ; les quartiers défavorisés, les zones dans lesquelles résident des groupes minoritaires ou les territoires autochtones étant alors fréquemment retenus.
Extrait des pages 433 à 442, de l'article "Racisme et discrimination, la position des peuples autochtones", RaphaëlPorteilla, in La nouvelle question indigène, Sous la direction de Jean-Claude Fritz, l'Harmattan, 2005,pp 433-450.