LES PEUPLES QUI LUTTENT
POUR LES FORÊTS


 
Les forêts tropicales disparaissent à un rythme alarmant, et le monde est de plus en plus conscient des conséquences globales que cela aura. Pourtant, le public n’a pas une connaissance aussi claire des causes qui sont à l’origine de ce processus, et l’on tend généralement à considérer les populations locales comme responsables d’une telle destruction.

Or, dans la plupart des cas la réalité nous montre que la situation est exactement l’inverse. Trois grands acteurs dominent la scène mondiale des forêts : les populations locales, les gouvernements et les sociétés transnationales.

Tandis que les premières essaient de protéger la forêt qui est leur moyen de subsistance et de survie culturelle, elles se voient confrontées, en une lutte inégale, aux forces combinées des transnationales et des gouvernements, dont les plans de «développement» aboutissent inéluctablement à la destruction des forêts.

Ce « développement » inclut l’exploitation forestière industrielle, l’extraction de pétrole, l’industrie minière, les barrages, les plantations, l’élevage de crevettes, le trafic d’armes et d’autres investissements qui rendent les riches plus riches et les pauvres plus pauvres encore, et qui détruisent sur leur passage les forêts et les populations qui les habitent. La plupart des gouvernements des pays tropicaux semblent considérer que leur rôle se borne à entrer en compétition avec d’autres gouvernements du Sud pour voir quel est celui qui offre les meilleures conditions aux investissements des transnationales. Un aspect important de cette compétition est constitué par les subventions, qui vont des exemptions d’impôts à la répression de l’opposition, afin d’assurer la rentabilité des capitaux étrangers.

De leur côté, les transnationales estiment qu’elles n’ont de comptes à rendre à personne, si ce n’est, jusqu’à un certain point, à leurs actionnaires. Elles imposent leur volonté, non seulement aux gouvernements du Sud qui sont apparemment faibles, mais aux gouvernements du Nord et aux institutions multilatérales.
 

Personne ne les a jamais désignées pour gouverner quoi que ce soit mais, dans les faits, elles gouvernent de plus en plus le monde entier. Dans ces circonstances, les populations qui luttent pour préserver leurs forêts apportent une lueur d’espoir. Non seulement elles sont la principale force qui s’oppose sur le terrain à la destruction des forêts, mais elles constituent la base de la création d’alliances mondiales entre les personnes désireuses de protéger les forêts et les populations qui les habitent ; sans ces luttes, de telles alliances n’auraient pas de sens. D’autre part, les peuples des forêts sont en train de mettre au point et d’appliquer des modes de vie différents et vraiment durables, indépendants du discours officiel sur le « développement durable » que les gouvernements et les transnationales ont vidé de son contenu originel. Néanmoins, la lueur d’espoir que représentent ces populations n’est pas encore suffisamment forte ; elle a besoin du soutien de toutes les organisations qui oeuvrent pour le respect des droits de l’homme et la conservation de l’environnement. Ce soutien ne doit pas être perçu comme une aide que nous apportons à ces peuples en particulier mais comme un effort de collaboration destiné à assurer les modes d’existence présents et futurs de toutes les populations de la terre.

Source : extrait de Les peuples indigènes : leurs forêts, leurs luttes et leurs droits,
World Rainforest Movement-Décembre 2005
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La présentation de cet ouvrage : http://www.wrm.org.uy/peoples/Book/textFR.pdf