Bibliographie

 

   

BANÉGAS Richard, 2009, Mauritanie, la démocratie au coup par coup, Politique africaine N° 114, 199p.

Depuis l'instauration du multipartisme au début des années 1990, la Mauritanie alterne entre coups d'état et phases de démocratisation.
L'ombre du pouvoir prétorien ne cesse de planer sur les gouvernements civils et les militaires ont appris à mobiliser le discours global sur la bonne gouvernance en s'érigeant, à intervalle régulier, en salvateurs d'un ordre démocratique menace. C'est ainsi que le général Abdel Aziz s'est emparé du pouvoir en août 2008, brisant les espoirs soulevés par la fin du règne de Taya. A l'heure ou se tiennent des élections présidentielles contestées, ce dossier revient sur certaines questions érigées en enjeux démocratiques majeurs de la république mauritanienne, en particulier le retour des réfugiés Expulsés de Mauritanie en 1989 et la lutte contre la " terreur " islamique.
Dans une perspective de longue durée, il analyse également les éléments de rupture et de continuité aux bouleversements politiques récents : par-delà la continuité des régimes, il s'interroge ainsi sur la constitution d'une classe hégémonique dans le pays, tout en mettant en évidence les nouvelles formes de mobilisation et de contestation sociale, y compris parmi les groupes subalternes. si elles restent encore peu visibles à l'échelle politique nationale, ces actions collectives sont le signe d'un ferment politique nouveau qui pèsera sans doute sur l'avenir de la Mauritanie
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BONTE Pierre, 2008, L'émirat de l'Adrar mauritanien - Harîm, compétition et protection dans une société tribale saharienne, Karhala, 576p.

L'espace ouest-saharien, où s'inscrit la Mauritanie contemporaine, présente une certaine homogénéité de culture et de langue.
Il offre cependant. avant la colonisation, une remarquable diversité de formes d'organisation politique. Au sein des émirats, unités dynastiques et territoriales stables depuis le XVIIIe siècle, les relations entre tribus présentent des traits hiérarchiques, statutaires et politiques, qui remettent en question la vision d'un ordre exclusivement segmentaire et égalitaire habituellement attribué aux sociétés tribales dans les travaux antérieurs.
L'ouvrage est consacré à l'un de ces émirats sahariens, peu étudiés jusqu'alors, l'Adrar, localisé au nord du pays. Il esquisse les grandes lignes de l'histoire de la formation de l'émirat, de son évolution au XIX siècle et de sa résistance à la conquête coloniale jusqu'aux années 1930. A partir de longues enquêtes de terrain il développe une analyse originale des valeurs et institutions qui caractérisent cette organisation tribale.
Eclairant d'un jour nouveau certaines hypothèses avancées en son temps par Ibn Khaldoun, cette analyse met en avant les valeurs du harem, associées au féminin, à l'honneur, au sacré, qui induisent défi et compétition, là où les travaux antérieurs n'identifiaient que solidarités et équilibres. Une relecture des pratiques matrimoniales, du système vindicatoire, de la circulation des biens et des signes s'impose alors.
Une attention particulière est accordée aux modalités de la protection, contractuelle ou structurelle, établie à travers les rituels sacrificiels ou associée au statut féminisé des donneurs de femmes. L'ambition de ce travail est de contribuer à une révision des idées anthropologiques communes s'agissant de la tribu telle qu'on l'observe dans la vaste zone qui s'étend de l'océan Atlantique aux confins himalayens.
La résurgence des tribus au temps contemporain de la mondialisation, au Pakistan, en Afghanistan, en Irak, mais aussi au Sahara, donne une nouvelle actualité à ce projet.

 

CARATINI Sophie, 1992, Les Rgaybat (1610-1934), L'Harmattan, 289p.

Les Rgaybat sont ces grands nomades chameliers du Nord- Ouest saharien qui ont conquis au cours de l'histoire un territoire immense sur lequel s'est concentrée, pendant plus de vingt ans, l'ultime résistance à la pénétration coloniale franco- espagnole. Aujourd'hui, la majorité d'entre eux participent au mouvement sahraoui. Ouvrage de référence indispensable pour tous ceux qui s'intéressent au passé et au devenir de cette région, Les Rgaybat (1610-1934) de Sophie Caratini constitue la première approche anthropologique de l'histoire du Sahara occidental. Le premier volume reconstitue la genèse et l'histoire de cette grande tribu bédouine jusqu'à l'occupation coloniale de son territoire (Des chameliers à la conquête d'un territoire). Le second volume quant à lui, propose une analyse de l'organisation interne de ce territoire, en fonction des exigences de la vie pastorale et des variations du contexte politique et social de l'Afrique du Nord-Ouest (Territoire et Société). " Voilà un livre remarquable et qui, on n'en peut douter, fera date non seulement dans les études maghrébines et les travaux consacrés à la Mauritanie, mais, par sa richesse d'observation, sa puissance d'analyse, constitue un apport déterminant à la sociologie et l'anthropologie. Il est rare de rencontrer de telles qualités réunies. "

 

CIAVORELLA Ricardo, 2010, Les Peuls et l'État en Mauritanie, Karthala, 432p.

Cet ouvrage se propose d'étudier le croisement de la trajectoire de l'Etat mauritanien avec celle d'un groupe peul (les Fulaa'be). Resté historiquement en marge des centralisations politiques grâce au nomadisme et au pastoralisme, ce groupe a été intégré à l'Etat en subissant ses évolutions tourmentées. Reposant sur une analyse ethnographique, cet ouvrage retrace les différentes formes de marginalité endurées par les Fulaa'be, de l'époque coloniale jusqu'aux récentes tentatives de "démocratisation", en passant par les exactions de 1989. Face à ces processus d'exclusion, ils ont su transformer les "marges" dans lesquelles ils ont été relégués en interstices de pouvoir et de liberté, où se mettent en place leurs tactiques et stratégies pour la reconnaissance, la participation politique et l'accès aux ressources. Riccardo Ciavolella revient ici sur les questions cruciales de gouvernance, d'autochtonie, de démocratie locale et de décentralisation. Il apporte une contribution sur la citoyenneté en Mauritanie. Cette recherche s'inscrit dans les approches récentes de l'anthropologie de l'Etat en Afrique et participe au débat postcolonial sur les concepts d'hégémonie et de subalternité.

 

DU PUIGAUDEAU Odette, 1993, Tagant - Au coeur du pays Maure 1936-1938, Phébus, 224p.

En 1936, l'aventurière Odette du Puigaudeau (1894-1991) se voit confier une mission d'exploration au Sahara occidental. Son itinéraire : les pistes du Grand Sud en direction de l'Adar mauritanien ; la découverte du Tagant, bastion mythique de la civilisation maure, aux portes du Grand Désert ; puis cap à l'est jusqu'à Tombouctou sur le Niger ; retour au Maroc enfin à travers l'Erg Chech, en suivant l'ancienne piste du Sel. Le voyage durera près de quinze mois, dont un long séjour au Tagant, où elle étudie - et partage - la vie des tribus maures, vie malaisée mais éminemment libre. Au total, six milles kilomètres à dos de méhari.
Témoignage précieux dérobé à la violence de l'histoire, Tagant nous invite à la rencontre d'un peuple exceptionnel, donnant à voir et à comprendre ses coutumes raffinées, son code de l'honneur, ses mœurs, son économie... Maniant une langue sensuelle, Odette de Puigaudeau a composé un récit intense - de ceux qu'on oublie pas.

 

MARCHESIN Philippe, 2010, Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie, Karthala, 444p.

Accompagnant le mouvement de renouveau des études africanistes, Philippe Marchesin s'attache à établir l'historicité propre de l'Etat en Mauritanie. Une expression majeure en est la vigueur du fait tribal. Mais d'autres champs sociaux et politiques interviennent et concourent à la formation de cette "nation à polarisation variable". S'appuyant sur une documentation primaire hors pair et sur plusieurs années de recherches de terrain, Tribus, ethnies et pouvoir en Mauritanie est un ouvrage indispensable à la compréhension de la société mauritanienne. Il rejoint simultanément les conclusions de plusieurs livres récents traitant de l'Afrique noire, du Maghreb et du Proche-Orient. Publié pour la première fois en 1992 et épuisé depuis de nombreuses années, cet ouvrage est réédité aujourd'hui dans la série des classiques Karthala.