GRANDS ET TRÉS GRANDS BARRAGES

LES BARRAGES HYDROÉLECTRIQUES MENACENT LES PEUPLES AUTOCHTONES

Au Brésil, en Ethiopie, en Malaysia, au Pérou et en Guyana des barrages géants, en projet ou en construction, vont dévaster les communautés autochtones, forcer les gens à quitter leurs terres et détruire les zones de chasse et de pêche a déclaré Survival International dans un rapport publié le 12 août 2010.

La première estimation globale des conséquences des barrages géants en projet ou en construction, sur la vie des tribus laisse à penser que plus de 300.000 autochtones seront ruinés économiquement et, dans le cas de groupes brésiliens isolés, conduits à l’extinction.

Les barrages sont censés fournir de l’électricité indispensable, à faible consommation de carbone, aux villes en développement mais le rapport montre que les peuples tribaux vivant dans leur proximité y gagneront très peu ou rien du tout et que la majeure partie de l’électricité produite ira aux grandes industries.

Au moins 200.000 personnes, appartenant à huit tribus, sont menacées et 200.000 autres le seront par le barrage Gibe III sur le fleuve Omo, en Ethiopie Dix mille personnes ont été déplacées au Sarawak, en Malaysia, par la construction du barrage Bakun qui doit être ouvert l’année prochaine et des séries de barrages en Amérique latine vont chasser des milliers de gens de leurs terres.

 

 

Les auteurs du rapport disent que les grands barrages suscitent de nouveau l’enthousiasme sous l’action d’un puissant lobby international qui les présente comme une réponse significative au changement climatique.  » Les leçons tirées au siècle dernier – sur les effets humains des grands barrages – ont été ignorées et les peuples tribaux du monde entier sont de nouveau quantité négligeable, leurs droits sont violés et leurs terres détruites », a déclaré Lyndsay Duffield.

Le rapport accuse la Banque mondiale d’être l’un des plus gros bailleurs de fonds pour la construction de barrages destructeurs, malgré les critiques qui lui ont été adressées dans les années 1990 pour son soutien à de tels projets, financement qui avait atteint plus de 50% en 1997 des besoins.

Actuellement, les Nations Unies subventionnent la construction de barrages à travers le mécanisme du développement propre (CDM) qui permet aux pays riches de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre en investissant dans l’énergie propre dans les pays pauvres. L’observatoire des mécanismes de développement propre (CDM Watch) annonce que plus d’un tiers de tous les projets enregistrés en 2008 concernaient des usines hydro-électriques, projets qui font de celles-ci l’alternative la plus courante aux crédits de carbone.

Le rôle de la Chine, à présent le plus grand constructeur et financier des grands barrages, pose de plus en plus de problèmes. La Société des Trois gorges, qui est derrière le barrage si controversé des Trois gorges, a déplacé plus d’un million de personnes le long du fleuve Yangtze ces vingt dernières années. La Chine a passé un contrat pour la construction d’un barrage sur la terre des Penan à Sarawak. La plus grande banque d’état chinoise, la Banque industrielle et commerciale de Chine, pourrait financer le plus grand barrage africain, le Gibe III en Ethiopie. Le gouvernement chinois a financé la majorité des barrages construits en Chine qui représentent environ la moitié du total des grands barrages.

Les peuples tribaux ont payé le plus lourd tribut au développement de ces 30 dernières années. En Inde, au moins 40% des personnes déplacées par les barrages et autres projets de développement sont des tribus qui ne représentent pourtant que 8% de la population du pays. Presque tous les grands barrages construits ou en projet aux Philippines le sont sur les terres des autochtones.

Le rapport accuse les banques et les constructeurs de sous estimer systématiquement et significativement le nombre de personnes autochtones affectés par leurs projets. L’examen des grands projets de barrages de la Banque mondiale sur dix ans montre que les gens réellement expulsés sont 50% plus nombreux que ne le prévoyaient les estimations.

Survival International lance un appel pour que tous les projets de barrages hydro-électriques prévus sur des terres tribales soient stoppés jusqu’à ce que les populations tribales aient donné leur plein consentement.  » Dans le cas de populations isolées ou non contactées qui ne peuvent être consultées, aucun barrage hydroélectrique ne doit se construire sur leur territoire ».

BARRAGES DANGEREUX

Ethiopie. Le barrage Gibe III sur le fleuve Omo menace 200.000 personnes, appartenant à huit tribus dans la vallée de l’Omo. Le barrage perturbera la crue annuelle dont elles profitent, détruisant leurs moyens d’existence et les rendant vulnérables à la famine. De l’autre côté de la frontière du Kenya, les 300.000 habitants des rives du lac Turkana seront également affectés.

Brésil. Une série de barrages est prévue sur le fleuve Madeira. Les barrages de Jirau et de Santo Antonio vont toucher de nombreuses tribus, y compris des groupes isolés qui vivent à quelques kilomètres d’un site. Le grand barrage de Belo Monte sur le fleuve Xingu sera le 3ème plus grand du monde et dévastera une région immense. Les Indiens Kayapo et d’autres Indiens de la région ont protesté contre lui depuis les débuts du projet, dans les années 1980.

Malaysia. Le barrage Bakun au Sarawak, qui doit être terminé cette année, a déplacé 10.000 personnes, y compris les semi-nomades Penan qui, maintenant, ne peuvent plus chasser et luttent pour survivre sur de petits lopins de terre. Sarawak projette de construire 12 barrages supplémentaires qui déplaceront de force des dizaines de milliers de personnes.

Pérou. Six barrages sont prévus qui inonderont les terres le long de la rivière Ene, territoire des Ashaninka le plus grand groupe autochtone du Pérou.

Guyana. De plus grands barrages sont en projet au nord du Brésil et dans le sud de la Guyana, comprenant le barrage très controversé du haut Mazaruni qui avait été stoppé après les protestations mais qui semble devoir être repris.

Source :
Guardian.co.uk@ Guardian News and Media Limited 2010 www.guardian.co.uk/environment/2010/aug/09/hydroelectric-dams-tribal-people

Traduction pour le GITPA par S.Dreyfus-Gamelon

×