Personnalités autochtones du Brésil

L’établissement de ces listes a pour objectif de faire connaître des personnalités autochtones qui sous une forme ou une autre ont fait progresser la reconnaissance au niveau national, intergouvernemental ou international des droits des peuples autochtones. Les personnes peuvent être : des figures éminentes de la lutte pour les droits et la justice, des leaders politiques avisés et reconnus, des négociateurs, des dirigeants d’organisations autochtones, des élus, des artistes, écrivains, poètes, cinéastes, avocats, juristes, universitaires, historiens, enseignants etc

GERSEM José dos Santos Luciano, Baniwa, a obtenu une licence de Philosophie à l’Université fédérale d’Amazonas (UFAM) en 1995 et une maîtrise en anthropologie sociale de l’Université de Brasilia (UNB) en 2006. Il a été secrétaire municipal de l’éducation à São Gabriel da Cachoeira. Il fût également co-fondateur de la Coordination des organisations indigènes de l’Amazonie brésilienne (COIAB) et de la Fédération des organisations autochtones du Rio Negro (FOIRN). Il a contribué à créer et à mettre en oeuvre une série de mesures de discrimination positive dans l’enseignement supérieur à destination des peuples autochtones, à la faveur de sa présence au MEC en tant que conseiller au Conseil National de l’Education (CNE), dans la période allant de 2006 à 2008. Le 31 Octobre 2010, il a défendu sa thèse de doctorat à l’UNB , intitulé « Ecoles autochtones pour la gestion et la domestication du monde : les défis de l’éducation des autochtones dans le Haut Rio Negro .  »

GUAJAJARA Sonia, née dans un village du peuple Guajajara dans la région de la forêt du Maranhao. Elle a été pendant cinq années vice coordinatrice de la « Coordination des organisations indigènes d’Amazonie » (COIAB). Elle est une porte-parole du mouvement indigène brésilien, coordinatrice exécutive de la l’APIB (Articulation des Peuples Indigènes du Brésil). Elle a convoqué en octobre 2013 les Indiens et toute la société brésilienne a une mobilisation nationale pour défendre les droits indigènes instaurés en 1988 par la constitution fédérale.

JURUNA Mario, Xavantas, (1942-2002) a incarné dans l’imagination populaire la lutte des indiens pour leurs droits collectifs. Son combat politique pour la démarcation des terres commence en 1971, son irruption dans les médias nationaux date de 1978, atteignant son apogée en 1981 quand il est élu député fédéral de Rio de Janeiro. Il a été le premier leader indien a articuler, grâce à un discours aux accents populistes, une identité indienne revendiquée à une remise en cause de la tutelle d’Etat, à un moment où le processus de démocratisation était à peine entamé et où les militaires tenaient encore fermement les rennes du pouvoir. Député et politicien, il continue à déployer la double image de l’Indien authentique et moderne. Une fois élu, le rôle de Mario Juruna comme figure emblématique du mouvement indien s’amplifie pour endosser le rôle de représentant symbolique de tous les Indiens.1

KOPENAWA Davi, Yanomami, (1956), né sur le haut Rio Toototobi (Etat d’Amazonas). Dans les années 1970, il travaille au poste d’attraction de Demini, poste qu’il finira par diriger. Son futur beau-père l’initie au chamanisme, ce qui lui permet non seulement d’accéder à des fonctions spirituelles au sein de sa communauté, mais également d’accroître, dans un contexte international, son capital d’identité et sa légitimité de figure emblématique. En 1985-1989, il participe avec la CCPY (Comissao Pro-Yanomami) à la dénonciation au niveau international de la ruée vers l’or qui déverse des milliers d’orpailleurs dans les territoires yanomamis. Les objectifs des Yanomami et de la CCPY sont atteints lorsque le gouvernement Collor de Melo accorde, en 1992, la démarcation des territoire Yanomami en un « bloc » territorial continu de 90 000 km2. Néanmoins, depuis lors, les Yanomami demeurent sous la menace d’invasions « sauvages » et Davi continue à assumer un rôle de représentant face à la société blanche.1

KRENAK Ailton, Krenak (1956 ?), il serait né dans la vallée du Rio Doce, Etat du Minas Gerais. Sa trajectoire politique est inséparable de celle de l’UNI dont il assume la présidence, sans être élu, à partir de 1984. Il est devenu un symbole de la lutte pour les droits des peuples indiens dans l’Assemblée nationale constituante lorsqu’il s’est peint le visage en noir avance un concentré de genipapo selon la coutume indigène, pour protester en séance plénière du Congrés national, contre la lenteur des processus concernant les indigènes. Il a su, comme Marcos Terena « ouvrir le débat sur l’accès des indiens à la citoyenneté ». En 1992, un conflit ouvert abouti à sa mise à l’écart du mouvement indien.1

NARAYOMOGA Almir, Surui, (1975) né à Lapetanha. Elu chef de son village en 1992, il a été le premier Surui a aller à l’université à Goiana, dans l’Etat du Rondonia. En 2007, à l’initiative de l’ONG Amazon Conservation Team, il se réfugie aux Etats-Unis, sa tête étant mise à prix au Brésil. Il en profite pour rencontrer les dirigeants de Google et les convaincre de l’aider dans son combat de la préservation de la forêt. Il conclut un partenariat avec Google Earth qui permet aujourd’hui une surveillance plus efficace du déboisement illégal. Le chef Almir est une figure de la lutte contre la déforestation qu’il a révolutionné, en utilisant la technologie, et médiatisé, en plaidant sa cause dans 27 pays.

PAYAKAN Paolinho, Kayapo (1950), il agit comme négociateur entre plusieurs villages Kayapo, entre plusieurs communautés Kayapo et des envahisseur blancs, entre ou plusieurs communautés Kayapo et la FUNAI, entre la FUNAI et le gouvernement brésilien, entre des communautés Kayapo et le ONG brésiliennes et internationales. Il maîtrise non seulement plusieurs langues (le Kayapo, le portugais mais aussi l’anglais qu’il a appris), mais également deux légitimités d’intermédiaire (politique, comme cacique, et linguistique). Cette expertise du monde blanc lui valut d’être identifié et choisit par la FUNAI pour être son chef de poste au Gorotire, le plus large village Kayapo. 1

PIKAYO Benki, Ashaninka, leader spirituel et politique du peuple Ashaninka en Amazonie brésilienne dans l’Etat d’Acre, à la frontière avec le Pérou. Prix national pour la défense des droit de l’homme (Brésil), Benki participe avec vigueur depuis son plus jeune âge au grand projet de son peuple. Il a créé l’école Yorenka Atame (Savoir de la forêt), une organisation ayant reçu le prix Chico Mendes pour transmettre aux population indigènes des méthodes de gestion des ressources naturelles inspirées des savoirs indigènes.

PIRES Elpidio est issu de la communauté Guarani-Kaiowá. Il est un leader autochtone et un défenseur des droits humains. Il a fait partie de Aty Guasu, une assemblée de leaders autochtones qui se rassemble pour parler des questions relatives aux droits du peuple Guarani-Kaiowá. Aux côtés de six autres caciques, il a dénoncé, par le biais d’articles et de lettres ouvertes à la presse nationale et internationale, les violences infligées au membre de la communauté Guarani-Kaiowa et le saccages de leurs habitations et de leurs terres, ainsi que l’impact économique et social qui en résulte. Il a participé également activement à la lutte pour la reconnaissance des territoires autochtones ancestraux de son peuple. Cela lui a valu, le 19 septembre 2015, d’être blessé par balle lors d’une attaque contre la communauté de Tekoha Potrero Guasu, à Paranhos, Mato Grosso do Sul (MS). Les agresseurs contestent le statut de « territoire autochtone » conféré à ces terres en 2005 et leur attribution aux autochtones à leurs dépend.

RAONI Metuktire, Kayapo, (1942), né dans le village d’un sous groupe Kayapo : les Txucarramae. Il a été un des premiers caciques à pouvoir s’exprimer, même difficilement, en portugais. Avant de s’affirmer comme un représentant indien aux yeux des publics brésilien et international, Raoni est parvenu à se hisser à un niveau politique qui dépassait sa seule communauté. Sa notoriété internationale s’amplifie en 1989 avec la venue du chanteur Sting à la Rencontre d’Altamira, à la suite de laquelle une sorte de partenariat entre le rockeur et le cacique emmène ce dernier visiter les capitales européennes pour plaider la cause des Kayapo. Il deviendra alors une figure emblématique non seulement du mouvement indien, mais également du mouvement écologiste, invité par des ONG, reçu par des hommes d’Etat et jouissant d’une grande couverture médiatique.1

TERENA Marcos, Terena, (1955), né dans une communauté du Mato Grosso du Sud. Il annonce la formation de l’UNI (Union des Nations Indiennes) et en est nommé premier président en 1981. Il devient ainsi une référence pour les indigénistes, suscitant l’animosité de la FUNAI et l’enthousiasme des indigénismes missionnaires et anthropologues. Pendant les quatre années qui suivent, il est, avec Mario Juruna, la « figure de proue » du mouvement indien. En 1991, il devient membre de l’Instance Permanente des Nations Unies sur les questions autochtones et acquiert une légitimité internationale. 1

 

 

Source:
1: BELLEAU Jean-Philippe, 2014, Le mouvement Indien au Brésil , Du village aux organisations, PU Rennes, 340p.

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