Personnalités tibétaines

L’établissement de ces listes a pour objectif de faire connaître des personnalités qui sous une forme ou une autre ont fait progresser la reconnaissance au niveau national, intergouvernemental ou international des droits des peuples. Les personnes peuvent être : des figures éminentes de la lutte pour les droits et la justice, des leaders politiques avisés et reconnus, des négociateurs, des dirigeants d’organisations civiques ou humanitaires, des élus, des artistes, écrivains, poètes, cinéastes, avocats, juristes, universitaires, historiens, enseignants etc

DEZHUNG RINPOCHE est né le 26 février 1906, dans le Kham. Il est un lama Tibétain de l'école Sakyapa, une des quatre principales écoles du bouddhisme tibétain. À l'âge de cinq ans, il décide de consacrer sa vie au bouddhisme. À dix-huit ans, il est intronisé en tant que 3e incarnation de Dezhung Lungrik Nyima. Il choisit de travailler sur la compassion au travers de la méditation d'Avalokiteshvara. Il passe une dizaine d’années en retraite et voyage à travers le Tibet pour transmettre ses enseignements. Il devient abbé du monastère de Dezhung. Cependant Dezhung doit fuir le Tibet. En 1960, il émigre aux Etats-Unis pour participer à un projet de recherche portant sur la culture et la religion tibétaine à l'université de Seattle. Il a fondé des centres d’enseignement de la culture bouddhiste à New York, Minneapolis, Boston, Los Angeles et Seattle. En 1981, il fonda un second monastère de Tharlam à Boudhanath au Népal. En 1986, Dezhung Rinpoché est allé vivre dans ce monastère, afin d'enseigner et de superviser les travaux de construction. C'est là qu'il est mort le 16 mai 1987.

GEDÜN CHOPHEL ( ou AMDO GEDÜN CHOPEL) est né en 1903 dans le village de Zhoepang, dans l'Amdo. Il quitte tôt son village et entre au monastère de Lama Tashikiel où il étudie les enseignements bouddhiques. Il rejoint ensuite le monastère du Labrang. Il rencontre dans une ville proche un missionnaire américain qui exerce sur lui une influence déterminante, prenant conscience du retard de son pays. En 1945, avec des intellectuels tibétains à Kalimpong, il fonde le parti progressiste tibétain, un parti ayant dans ses objectifs le renversement de l’ordre établi à Lhassa. Il est repéré par des agents qui en informent les Britanniques, dont Hugh Richardson, alors envoyé britannique à Lhassa. Il voyage une décennie en Inde et au Sri Lanka et à son retour, constate que rien n'a changé depuis son départ : le pouvoir est entre les mains de la même faction mêlant politique et religion. Il défend l’idée de réformes et critique le système féodal organisant la société tibétaine. Il est arrêté et emprisonné par les autorités tibétaines conservatrices sous de fausses accusations de contrefaçon et de trahison. Il décède en 1951 à l'âge de 47 ans.

GEDHUM CHOEKYI NYIMA (10 eme PANCHEN LAMA) (nom de naissance : Gönpo Tseten) est né le 19 février 1938 dans le village de Karang Bidho, dans la province du Qinghai (dont une partie était situé dans l'Amdo), dans le Nord-Est du plateau du Tibet. Il est intronisé 10 eme panchen-lama le 11 juin 1949 sous les auspices des responsables chinois. En 1956, le dalaï-lama devient le président du comité préparatoire à l'établissement de la Région autonome du Tibet, et lorsque ce dernier s’exhile 1959, Tseten se voit offrir la présidence par intérim dudit comité, qui devient le nouveau gouvernement tibétain, sous lequel est aboli le travail forcé et la servitude individuelle le 28 mars 1959. En 1960, nommé à la vice-présidence du Congrès national du Peuple comme porte-parole du gouvernement central au Tibet, il visite plusieurs régions et est témoin des souffrances et privations endurées par la population chinoise. À Pékin il demande directement au Grand Timonier de « faire cesser les exactions commises à l'encontre du peuple tibétain, à augmenter les rations alimentaires, à faire donner des soins aux personnes âgées et aux infirmes et à respecter la liberté religieuse ». Après le saccage du monastère de Tashilhunpo en 1960, il se rallie au dalaï-lama et rédige en 1962 une pétition de 70 000 caractères adressée au premier ministre chinois Zhou Enlai, dans laquelle il dénonce la politique draconienne et les actions de la République populaire de Chine au Tibet. En 1968, il est arrêté et restera quatorze ans en détention puis résidence surveillée. Dans les années 1980, il fonde l'École pour les lamas réincarnés à Pékin. En 1978, à la fin de la révolution culturelle, il devient député de Assemblée nationale populaire puis, en 1980, vice-président de cette même assemblée. Il est autorisé à retourner au Tibet en 1982 et 1986. Il cherche à rétablir l’usage de la langue tibétaine dans l’administration et ouvre des instituts bouddhiques. Il s'efforce durant ses dernières années de persuader les autorités chinoises de permettre aux Tibétains de se lancer dans le commerce régional. C'est dans ce but qu'il fonda la Tibet Gang-gyen Development Corporation en 1987. Le 10e panchen-lama meurt à Shigatse le 28 janvier 1989.

GOLOG JIGME (ou Guri, ou Jigmé Gyarso) est né en 1966 dans le village de Luchang, dans la Préfecture autonome tibétaine de Gannan, province du Gansu. Il entre au monastère de Labrang à l'âge de 14 ans pour devenir moine bouddhiste. Il est arrêté par les autorités chinoises après un voyage en 2006 pour rencontrer le 14e dalaï-lama en exil en Inde. À son retour, il est mis en détention sans inculpation pendant quarante jours avant d'être libéré faute de preuves tandis que plus de 10 000 yuans (environ 1 000 €) en espèces destiné au monastère lui aurait été confisqué. En 2007 et 2008, il aide le réalisateur tibétain Dhondup Wangchen sur le tournage de Surmonter la peur, un film documentaire dans lequel des Tibétains sont interrogés sur leur opinion concernant le 14e dalaï-lama et le gouvernement chinois. En mars, alors qu'ils avaient terminé le tournage et venaient d'expédier clandestinement les bandes hors de Lhassa, des troubles éclatent et se répandent dans des zones à majorité tibétaine de Chine. Jigmé Gyatso est arrêté le 28 mars à Tong De dans la province du Qinghai. Le documentaire est présenté le jour de l'ouverture des Jeux olympiques et projeté clandestinement pour les journalistes étrangers à Pékin. Les arrestations de Jigmé Gyatso et Dhondup Wanghcen sont condamnées par de nombreux groupes de défense des droits de l'homme. Amnesty International a protesté contre les arrestations des deux hommes, notant que Jigmé Gyatso risquait d'être de nouveau torturé. Human Rights Watch, Front Line Defenders, le Comité pour la protection des journalistes et le Centre tibétain pour les droits de l'Homme et la démocratie ont tous plaidé en faveur de Jigmé Gyatso. En 2014, il est l'un des 100 héros de l'information de Reporters sans frontières une liste publiée à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse.

GOMPO TASHI ANDRUGTSANG est né en 1905, et mort en 1964 à Darjeeling. Il fonde en 1958, avec la formation de l'Armée Nationale Volontaire de Défense-ANVD, le mouvement de résistance Chushi Gangdruk, placé sous sa direction. La résistance organisée contrôle l’est du pays, mais le pouvoir de Lhassa reste passif devant l’envahisseur chinois. Aussi, la résistance décide d’envahir le Tibet central pour prendre le pouvoir et unir le peuple tibétain, afin de forcer la négociation avec Pékin, cela sans remettre en cause l’autorité du Dalaï Lama. Mais les opérations sont freinées par la désapprobation de ce dernier à l’égard de la violence, ce qui ne l’empêche pas de nommer Compo Tashi « Dzasak » (grade militaire le plus élevé, équivalent à Général), en récompense de sa détermination et de la bravoure avec il défend la cause tibétaine.

JETSUN PEMA est Membre d’honneur d’Aide à l’Enfance Tibétaine. Elle a présidé pendant 42 ans les Villages d’Enfants Tibétains (Tibetan Children Village - TCV) à Dharamsala. Aide à l’enfance Tibétaine – AET est une association de soutien aux Villages d’Enfants Tibétains. La coopération entre l’AET et le TCV s’est de plus en plus renforcée au fur et à mesure que l’AET décidait de soutenir des projets et des programmes spécifiques du TCV, de la fourniture de matériel pour les classes Montessori au financement de 4 bourses pour des étudiants venus se former en France à Niort, les uns à la boulangerie, les autres aux principes de l’assurance-santé pour mettre en place une mutuelle dans les TCV.

LHASANG TSERING est né en 1952 au Tibet. En 1959, alors que Tsering n’a que 7 ans, son père décide de quitter le Tibet. Ils furent parmi les premiers réfugiés à s'installer en Inde, où il n'y avait à l'époque pas d'emploi pour les Tibétains. Des missionnaires Américains lui proposent de poursuivre ses études aux États-Unis, mais il refuse, ne souhaitant pas s'éloigner de la résistance tibétaine. Il fut président du Congrès de la jeunesse tibétaine TYC de 1986 à 1990. Il s'opposa publiquement au dalaï-lama et réclame l'indépendance complète, inspirant les jeunes tibétains par sa ténacité. En 1992, il cofonde l'Institut Amnye Machen avec Tashi Tsering, Pema Bhum et Jamyang Norbu, trois autres Tibétains en exil avec une aide financière de 50 000 roupies du 14e dalaï-lama. Il lutte pour l'indépendance complète du Tibet, inspirant les jeunes tibétains par sa ténacité. Avec son épouse Dorjee Lhamo, il est propriétaire du Bookworm, une des meilleures librairies de Dharamsala.

LHUKANGWA nait en 1895 au Tibet. Il entre au service du gouvernement tibétain en 1915 pour y assurer diverses fonctions, notamment ministre des finances en 1937, ainsi que secrétaires du cabinet des ministres. Conjointement à Lobsang Tashi, un haut fonctionnaire monastique, il est nommé premier ministre laïc par le Dalaï-lama, avant le départ de celui-ci en décembre 1950, pour Yatung, dans la vallée de Chumbi, suite à l’invasion chinoise au Tibet. Le dalaï-lama fini par leur conférer les pleins pouvoirs du gouvernement du Tibet. Lukhangwa refuse d'entériner l'accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet. Après son retour à Lhassa, voyant la famine générée par les réquisitions de nourriture des militaires chinois, le Dalaï Lama demande à Lukhangwa une médiation pour satisfaire les besoins de la population et les exigences des forces d’occupation. Ce dernier suggère qu'il n’y a pas de raison de concentrer une armée si nombreuse à Lhassa, son rôle présumé étant la sécurité du pays, elle devrait se poster aux frontières. En réponse, le général chinois Chang Ching-wu affirme que selon l'accord en 17 points, l’armée chinoise doit être postée au Tibet, et que le gouvernement tibétain est donc dans l'obligation de pourvoir au logement et à la nourriture des soldats, et qu'ils partiront lorsque le Tibet aura montré sa capacité d'auto administration. Lukhangwa réplique que la seule menace frontalière du Tibet provient des Chinois. À la demande des généraux chinois, Lukhangwa et Lobsang Tashi sont congédiés par le Dalaï Lama en 1952. En 1956, la réintégration des deux premiers ministres fut une des 4 demandes formulées par les ministres tibétains alors que le Dalaï Lama se trouve en Inde. En 1957, Lukhangwa quitte le Tibet pour s'exiler à Kalimpong, où il rencontra le Dalaï Lama qui le conseille de ne pas retourner au Tibet. Au moment du soulèvement tibétain de 1959, il mène une délégation de Tibétains habitant en Inde du nord. Avec cette délégation, il va à New Delhi pour expliquer au président Nehru la situation au Tibet. Dans sa première autobiographie, My Land and My People, publié en 1962, le dalaï-lama écrit que Lukhangwa est redevenu son premier ministre en exil, jusqu'à sa retraite. Lukhangwa décède le 24 février 1966 à New Delhi en Inde.

LOBSANG TASHI est né en 1897. À la fin des années 1930, il est affecté au bureau du Tibet de Nankin, où il interagit avec les représentants Chinois. Par le dalaï-lama il est nommé un des premiers ministres monastique, juste avant son départ pour Yatung dans la vallée de Chumbi en décembre 1950, à la suite de l'invasion chinoise du Tibet. Le dalaï-lama lui confère les pleins pouvoirs du gouvernement tibétain. Peu après, quand la présence chinoise se renforça à l’est, le dalaï-lama et les principaux membres du gouvernement partirent s’installer dans le sud du Tibet, à Yatung, à 300 km du Sikkim en Inde. Le dalaï-lama envoya à Pékin deux personnalités de Lhassa et deux de Yatung, espérant qu'il ferait comprendre aux autorités chinoises que les Tibétains ne souhaitaient pas une « libération », mais uniquement la poursuite de bonnes relations avec la Chine. Lors d'une réunion début 1952, le général Chang Ching-wu annonça l'absorption des troupes de l'armée tibétaine dans l'APL, se référant à l’article 8 de l'accord en 17 points. Les tibétains, dont Lobsang, répliquent qu’ils n’acceptent pas cet accord, qui n’était pas respecté par les Chinois. Ils sont alors accusé d’entretenir des relations avec les puissances impérialistes et, à la demande des généraux chinois, sont destitués de ses fonctions par le dalaï-lama le 27 avril 1952. Après son éviction, Lobsang Tashi se consacra à nouveau au bouddhisme tibétain. Après le départ du 14e Dalaï Lama en 1959, il est incarcéré à la prison de Drapchi et décède en 1966. Dans le film Kundun réalisé par Martin Scorsese, le rôle de Lobsang Tashi est interprété par l'acteur tibétain Ngawang Kaldan.

LUKAR JAM est écrivain, poète et enseignant. Ses travaux littéraires ont été publiés dans de grands journaux de langue tibétaine ainsi que sur des sites internet tels que le Tibet Times et Phayul. Il écrit en langues tibétaine et chinoise. Actuellement membre de l'Association des écrivains PEN International et fréquemment invité par diverses ONG tibétaines pour donner des conférences portant sur le développement du Tibet. Il a travaillé pour l'administration chinoise en tant que personnel technique dans le département agricole ainsi que pour le gouvernement du Tibet en exil. Il est experts sur les questions politiques concernant les Tibétains résident au Tibet ainsi que sur ceux vivant en exil. Il a subit des tortures et la prison, pour des raisons politiques. En 2004, il a subi été opéré suite à de graves problèmes de santé résultant d’une maladie attrapée en prison, au Tibet. Il a voyagé dans plusieurs pays d'Europe et aux États-Unis d'Amérique pour exposer la situation tibétaine au reste du monde. Au sein de l’administration centrale tibétaine, il a travaillé cinq années en tant que chercheur dans le département de la sécurité. Il a été vice-président de l'organisation Gu-Chu-Sum de Juin 2010-2015, et en est élu président à partir de Juin 2015.

NAMGYAL JUCHEN THUPTEN est né en 1929 à à Meshong, dans la région de Derge (Tibet oriental ou Kham) et mort en 2011. En 1955, il rejoint Chushi Gangdruk (mouvement de résistance tibétaine) et combat l’Armée chinoise. Il se rend à deux reprises à Lhassa en tant que représentant de la résistance, pour informer les autorités tibétaines des brutalités exercées par les autorités chinoises dans le Kham et demander une aide militaire. Son second voyage, en 1956, coïncide avec la première conférence du Comité préparatoire à l'établissement de la Région autonome du Tibet. Il s’exile dans la plus grande communauté tibétaine d’Inde, à Bylakuppe, et est nommé président de l’Assemblée du parlement tibétain en exil de 1974 à 1976, puis Premier ministre, de 1985 à 1990. En 1982 et 1984, en tant que représentant du 14e dalaï-lama, Juchen Thupten Namgyal a dirigé des équipes de négociation à Pékin et a discuté de nombreuses questions importantes avec les responsables chinois, y compris le droit à l'autodétermination du peuple tibétain.

NORBU JAMYANG est né à Darjeeling en 1949, ethnomusicologue, écrivain de langue anglaise et militant tibétain en exil influent ilvit dans le Tennessee, aux Etats Unis. Fils de Lhawang Tenduk Pulger, l’un des fondateurs du journal Tibetan Freedom Press. De 1971 à 1972, il rejoint les rangs de la résistance tibétaine (Chushi Gangdruk), soutenue par la CIA, dans le Mustang, une région du Népal limitrophe du Tibet d'où la guérilla organise des embuscades contre les troupes chinoises. De 1979 à 1984, il dirige l'Institut tibétain des arts du spectacle à Dharamsala, où il réalise un travail d'ethnomusicologue. Faisant partie des Tibétains en exil qui veulent l'indépendance totale du Tibet, il cofonde l'Alliance Rangzen. Jamyang Norbu a écrit plusieurs livres et pièces de théatre en anglais et en tibétain. En 2000, il a reçu le prix Hutch Crossword Book Award, le plus grand prix littéraire de l'Inde, pour son livre Le Mandala de Sherlock Holme

PATCHEN ANI est née vers 1933 à Gonjo, dans la province du Kham, au Tibet, et décédée en 2002. Enfant du chef de tribu Lemdha, Pomda Gonor, elle est princesse. Après avoir été nonne pendant quelques temps, elle décide, à la mort de son père, en 1958, de prendre sa succession, et prend la tête d'une petite armée de résistance face à l’armée chinoise. Capturée en 1959, elle passe 21 ans dans les prisons chinoises, subissant des tortures quasi quotidiennes. Libérée en 1981, elle participe aux manifestations des années 1980 menée par des moines, à Lhassa. Elle s'exile en Inde à Dharamsala pour éviter une nouvelle arrestation. Elle effectue plusieurs marches en faveur de la cause tibétaine. L'autobiographie de Ani Pachen, Sorrow Mountain: the journey of a Tibetan warrior nun a été publiée en 2000,

RINCHEN DOLMA TARING, nait en 1910 au sein d’une famille de l'élite, étroitement impliquée dans le gouvernement tibétain à Lhassa, bénéficiant de postes très élevés socialement et politiquement. Son père était un descendant direct d’un médecin célèbre de l'époque du Roi Trisong Detsen (de 755 à 797). Sa mère appartenait à la famille Yuthok, elle-même issue du 10e Dalaï Lama, Tsultrim Gyatso. La famille Tsarong a vécu des centaines d'années à Lhassa et chaque génération a servi le gouvernement tibétain. Bénéficiant d’un statut quasi aristocratique, elle avait une portion de pouvoir politique et possédait ses propres domaines et serviteurs. A deux ans, le père de Rinchen Dolma est assassiné et à environ dix ans, sa mère décède d'une crise cardiaque. La famille est cependant en mesure de maintenir ses terres et son statut social grâce à la protection du Dalaï Lama. Rinchen Dolma étudie à Lhassa puis en Inde. Aux côtés de Taring Jigme (son deuxième mari), ils sont les premiers Tibétains à étudier l'anglais à l’étranger. Une école de l'Armée est créée en 1952 et Rinchen Dolma est affectée à l'enseignement le la langue tibétaine aux Chinois. Plus tard, aux côtés d'autres femmes, notamment du milieu de la noblesse, elle est recrutée pour participer à des organisations telles que l'Association patriotique des femmes de Lhassa (PWA), que les Chinois ont créé. Elle part pour l'Inde en 1959, à la suite du 14e Dalaï Lama. Elle prend en charge la maison des enfants de Mussoorie, en devient la secrétaire général en 1962 et y sert jusqu'en 1975. Le 12 Mars 1984, 700 femmes tibétaines dirigées par Mme Rinchen Dolma Taring ainsi que Dolma Gyari du TYC-Tibetan Youth Congress tient un rassemblement à Delhi pour protester contre l'occupation chinoise au Tibet. À l'âge de 90, elle décède à Raipur, près de Dehradun (Inde), le 29 Juillet an 2000.

SANGDROL NGAWANG est née à Lhassa en 1977. None bouddhiste tibétaine et militante pour la liberté du Tibet. Elle est arrêtée à 11 ans, pour avoir criée « Vive le Tibet libre ! » lors d'une manifestation à Lhassa. Emprisonnée et torturée par la République populaire de Chine comme prisonnière politique, elle est condamnée à 24 ans de prison. En octobre 1993, dans la prison de Drapchi, à Lhassa, elle et quatorze autres nonnes enregistrent clandestinement des chants de liberté. L’enregistrement est distribué dans tout le Tibet. Elles sont accusées de propagande contre-révolutionnaire et leurs peines sont rallongées de 5 à 9 ans. Libérée pour "raison médicale" en octobre 2002, grâce aux pressions internationales émanant en particulier des associations de défense des droits de l'homme, après 11 années d'incarcération. Un livre de Philippe Broussard et Danielle Laeng intitulé La prisonnière de Lhassa a été publié en 2001.

TAPONTSANG AMA ADHE est née en 1932 au sein d’une famille de nomades, dans la ville de Nyarong au Tibet, dans la région de Xinlong. En 1950, la Chine envahie militairement le Tibet, et en 1954, son mari meurt empoisonné. Elle rejoint alors la résistance tibétaine des Khampas. En 1958, Ama Adhe est arrêtée et séparée de ses deux jeunes enfants ; interrogée sous la torture et condamnée au travail forcé dans les loagai où elle séjourne pendant 27 années (jusqu’en 1985). En 1987, elle s’enfuit du Tibet pour le Népal, puis s’installe en Inde à Dharamsala où elle s’occupe des nouveaux arrivants du Tibet. En 1999, Ama Adhe est invitée à témoigner au Sénat, en France ; elle reçoit cette même année le Prix 100 Heroine Award. Son autobiographie est parue sous le nom de : Ama Adhe voix de la mémoire, du Tibet libre à l'exil, 1999, Éditeur Dangles

TENZIN GYATSO (le Dalaï-lama) est un moine bouddhiste de l'école gelugpa, intronisé chef temporel et spirituel des Tibétains le 17 novembre 1950, soit un mois après le début de l'intervention de l'armée chinoise au Tibet. En 1959, il s'exile en Inde où il crée le gouvernement tibétain en exil qu'il dirige jusqu'en mars 2011, date de sa retraite politique à la faveur d'une démocratie tibétaine. Vivant actuellement à Dharamsala, il est considéré comme le plus haut chef spirituel du bouddhisme tibétain et par la plupart des Tibétains comme une émanation de Tchènrézi, le bodhisattva de la compassion. Il plaide pour l'indépendance du Tibet jusqu'en 1973, puis pour ce qu'il appelle l'« autonomie réelle » de l'ensemble du Tibet à l'intérieur de la Chine. Selon le Comité Nobel norvégien et d'autres, il a constamment œuvré à la résolution du conflit sino-tibétain par la non-violence et reçoit à ce titre le prix Nobel de la paix en 1989.

TENZING SÖNAM est né le 16 janvier 1959 à Darjeeling. Il est le fils de Lhamo Tsering, une personnalité de la résistance tibétaine. Diplômé de l'Université de Delhi, il a travaillé une année durant pour le gouvernement tibétain en exil. Il a ensuite voyagé quelques années en Suisse, à New York, dans l'Arizona et à Los Angeles, où il a occupé plusieurs emplois avant de rejoindre la Graduate School of Journalism de l'Université de Californie à Berkeley ; il s'y est spécialisé dans le documentaire. Il est l'un des membres fondateur de l'association Bay Area Friends of Tibet. En 1992, avec Ritu Sarin, il réalise The Reincarnation of Khensur Rinpoche. Le film traite de la recherche de la réincarnation du défunt Khensur Rinpoché. En 1997, il réalise A Stranger in My Native Land. Sonam et Ritu Sarin ont également réalisé les documentaires Le Cirque de l'Ombre : la CIA au Tibet (1998) et Trials of Telo Rinpoche (1999), commandé par la BBC. Enfin, Tenzin Sonam et Ritu Sarin ont dirigé et produit Dreaming Lhasa, sortit fin 2004. Le film raconte l'histoire d'une réalisatrice tibétaine venant des États-Unis à Dharamsala, où elle se lie d'amitié avec des membres de la diaspora tibétaine en Inde, et ressent également la frustration de ceux-ci. En 2009, il réalise Tibet, le combat pour la liberté, et en 2010, The Sun Behind the Clouds: Tibet's Struggle for Freedom.

TESPON W.D. SHAKABPA est né à Lhassa le 11 janvier 1907. C’est une conversation en 1931 avec son oncle Trimön, ministre du gouvernement du 13e dalaï-lama ayant participé à la Convention de Simla, qui est à l'origine de sa fascination pour l'histoire du Tibet. Il devient membre du gouvernement tibétain à l'âge de 23 ans, puis secrétaire laïc du Kashag, avant de devenir ministre des Finances du gouvernement tibétain, de 1939 à 1950, lors de la période de l'indépendance de facto. En 1948, il rencontre Lord Louis Mountbatten. Fin 1947, le Kashag envoie une délégation tibétaine conduite par Shakabpa, alors ministre des finances, afin « d'investiguer les conditions commerciales pour l'importation au Tibet de produits étrangers d'Inde, d'Amérique, de Chine et d'Angleterre, ainsi que les exportations tibétaine de laine, queues de yak et fourrures, pour le bénéfice du pays et de ses habitants ». Au cours de ce voyage, qui dura de fin 1947 à début 1949, il se rendit en Inde, en Chine, à Hong Kong, aux États-Unis en Angleterre, en France, en Suisse et en Italie. La mission évita le piège du Kuomintang, qui tenta de faire apparaître les délégués comme représentants officiels du Tibet lors de l'élection du président de l'assemblée nationale chinoise. La mission se contenta d'adresser un message de félicitations à Tchang Kaï-chek, réélu à la présidence. Ils rencontrèrent des difficultés diplomatiques pour obtenir des visas sur leurs passeports tibétains, dont la validité était contestée par les Chinois. Si les discussions avec les Américains et les Britanniques portèrent principalement sur les affaires économiques et financières, ce fut aussi l'occasion de présenter le problème du Tibet dans les chancelleries occidentales et dans l'opinion publique. Une lettre du 14e dalaï-lama fut remise au président Harry S. Truman. Le gouvernement des États-Unis envisagea la chute du Kuomintang, et l’opportunité de considérer le Tibet comme un État indépendant plutôt que comme appartenant à la Chine communiste.
THONDUP GYALO (ou DONDRUP GYAL) est né en 1928 au Tibet. Il est le deuxième frère aîné du 14e Dalaï Lama. Dés le début des années 1950, il entretient une relation avec les services de renseignement américains (la CIA). Dans les années 1990, il effectue plusieurs visites officielles en Chine en qualité d’émissaire officieux du Dalaï Lama car, selon lui, le dialogue est la seule façon de parvenir à faire avancer la situation. De 1991 à 1993, il est nommé Premier ministre du gouvernement tibétain en exil, avant de devenir ministre de la sécurité de 1993 à 1994.

TRUNGPA RIMPOCHE est né le 28 février 1939 dans le Kham (Tibet oriental), au sein d’une famille de nomades. Il n'a que 13 mois lorsqu'il est reconnu comme étant le maître réincarné par le 16e karmapa. Après avoir été intronisé supérieur suprême du monastère de Surmang et gouverneur du district de Surmang, il commence une période de formation de 18 ans, fondée sur la pratique de la méditation et l'étude théorique de la philosophie bouddhique. En 1958, il reçoit les titres de kyorpön (docteur en théologie) de khenpo (maître des études) ; la même année, il est ordonné moine. En 1959, quand des militaires chinois saisissent les monastères, Trungpa se cache puis part pour Lhassa, mais, apprenant en chemin la fuite du dalaï-lama, il se dirige lui-même vers l'Inde, rejoint par 300 personnes pour un dangereux voyage à travers l'Himalaya. Seules 14 personnes atteindront la frontière de l'Assam 9 mois plus tard, les autres ayant été abattus ou faits prisonniers au moment du passage de la frontière. De 1959 à 1963, Trungpa est nommé par le 14e dalaï-lama conseiller spirituel de la Young Lamas Home School, à Dalhousie en Inde. En 1963, il part pour l'Angleterre afin d'étudier à l'Université d'Oxford. Suite à un accident de voiture, il prend la décision d'abandonner ses vœux monastiques et de devenir un enseignant laïc. En 1969, il publie Méditation et Action, premier livre d'une série portant sur le chemin spirituel. Il a fondé plus d'une centaine de centres de méditation à travers le monde, et la première université d'inspiration bouddhiste en Amérique du Nord, l'Université Naropa. Il est l'auteur de plus de 20 livres sur la méditation, le bouddhisme, la poésie, les arts et la voie Shambhala, l'art du guerrier. Il meurt le 4 avril 1987 à Halifax, et ses obsèques feront venir plusieurs milliers de personnes.

TSERING LHAMO est né famille de paysans tibétains en 1924 à Nagatsang, dans l’Amdo, et est décédé en 1999 à New Delhi. Il s’exile en Inde à l’arrivée des troupes chinoises. Entraîné par les américains dans un camp aux Etats Unis, il retourne en Inde et devient administrateur sur le terrain d'un projet dénommé « ST Circus », sélectionnant des réfugiés tibétains pour l'entraînement et coordonnant la sortie de renseignements de l'intérieur du Tibet. La résistance est finalement abandonnée par la CIA, et en1974, Tsering Lhamo est arrêté à Pokhara et emprisonné à la prison centrale de Kathmandou, accusé de rébellion armée et de trafic d'armes. Il est libéré en 1980, à la suite d'une amnistie du roi du Népal. De 1993 à 1996, il est ministre de la Sécurité. Il a écrit un ouvrage en 15 volumes sur la résistance tibétaine, en collaboration avec Tashi Tsering et l'Institut Amnye Machen, à Dharamsala, en Inde.


Retour à la Région Asie