Instruction et alphabétisation des familles1

De l’analyse des données relatives à la scolarisation des enfants pygmées, il ressort que le taux de fréquentation à l’école s’avère insignifiant :
• Chez les Baka sur un total de 162 enfants, 5 vont à l’école, soit un pourcentage de 3,1%.
• Chez les Babongo sur 231 enfants, seuls 7 sont scolarisés, soit 2,2%.
• Chez les Bakoya sur un total de 608 enfants scolarisables, 108 sont inscrits (17,7%) et vont une fois sur cinq en classe.

Divers paramètres expliquent cette situation :
• Grande distance entre les villages Pygmées et structures scolaires ;
• Impossibilité pour les parents de s’acquitter des frais d’écolage et de fournitures scolaires;
• Paupérisation et les préjugées négatifs et réguliers les soumettent aux moqueries et railleries des enfants non pygmées ;
• Perception insuffisante du profit que les parents tireraient en envoyant leurs enfants à l’école, pour le cas précis des Baka.

En effet, le rapport nous montre que le niveau d’instruction relativement faible de l’enfant pygmée est en moyenne du cours primaire 2ème niveau (CP2).

Aussi, faut-il le préciser, la proportion des femmes et des hommes entre 15 et plus n’ayant jamais fréquenté l’école est extrêmement élevée (respectivement 99,98% chez les Babongo, 99,97 % chez les Baka et 99,99% chez les Bakoya). Si l’âge requis pour la première inscription en CP1 (cours primaire 1er niveau) est de six ans, chez les pygmées en présence, l’âge oscille entre 14 et 18 ans.

Conclusion : Les populations Pygmées vont tardivement à l’école et sont de ce fait analphabètes.

Le droit à l’éducation 2

Le taux d’analphabétisme est plus élevé chez les « pygmée » que chez les bantous. Il n’existe pas des données statistiques fiables concernant les enfants scolarisés pygmées.

L’ONG gabonaise Promotion et valorisation des cultures en voie de disparition (PROCED) indique dans un rapport de 2002 que « 90,59% d’enfants pygmées scolarisables ne vont pas à l’école. Un seul pygmée, habitant Minvoul, une région du nord du Gabon, a franchi le cap de la classe de troisième de l’enseignement du premier cycle du second degré. Pour certains, la pauvreté ne leur permet pas d’envoyer leurs enfants à l’école. Pour ceux qui y parviennent, leurs enfants sont victimes de préjugés, sont ridiculisés, méprisés et marginalisés par les bantous et même par certains enseignants.

Le 25 mai 2005, l’Association pour le Développement de la Culture des Peuples Pygmées du Gabon (ADCPPG) a interpellé l’état gabonais lors d’un séminaire pour une meilleure prise en compte des problèmes rencontrés par les Pygmées en matière d’éducation. Le séminaire, organisé par l’ADCPPG, portait sur la formulation d’une stratégie d’alphabétisation au profit des pygmées du Gabon et comptait parmi ses participants le Ministre de la culture et des Arts chargé de l’éducation populaire.

« Les pygmées sont marginalisés à cause d’une absence de volonté des autorités gabonaises de les insérer dans le monde moderne », a reconnu le Ministre gabonais de la Culture et de l’Education populaire, Pierre Amoughé Mba, à l’occasion d’un séminaire consacré à l’éducation des pygmées et organisé par son ministère à Libreville le 20 mai 2007.

« Pour inscrire plus d’enfants pygmées à l’école, l’UNESCO et d’autres partenaires comptent soutenir financièrement et techniquement les actions et programmes d’alphabétisation menés en faveur des pygmées », a affirmé Mba. Edouard Nguema, inspecteur pédagogique, a par la suite souligné que « l’une des premières préoccupations du gouvernement sera de former des enseignants pour asseoir son projet d’éducation des pygmées ».

Pour relever son défi, le gouvernement dit qu’il compte mettre en route un programme qui vise à doter les pairs éducateurs pygmées (formés au sein de la communauté) et toute leur communauté, d’un maximum de connaissances et d’informations dans les domaines aussi variés que l’alphabétisation, l’éducation civique, l’hygiène et la santé.

1 : UNESCO-PRECED, 2003, Protection des Ressources Culturelles des Pygmées du Gabon et leur intégration dans le processus de développement, 23p.
2 : UNION AFRICAINE. Groupe de travail delà Commission africaine sur les populations/communautés autochtones, 2007, Visite de recherche et d’information en République du Gabon.

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