RÉSERVE INDIGÈNE DE DOURADOS

La réserve indigène de Dourados est la plus étendues des 8 réserves créées entre 1915 et 1928 par le Service de Protection des Indiens (SPI) avec pour objectif de rassembler les nombreux noyaux de populations guarani, dispersés sur un vaste territoire de l’actuel Etat du Mato Groso du sud et libérer les terres pour la colonisation et pour la soumission de la population autochtone aux projets d’occupation et d’exploitation des ressources naturelles par des non autochtones.

La Réserve couvre 3 500 ha pour une population qui s’est fortement accrue et atteignait en 2014 environ 15 023personnes (d’après les données du secrétariat spécial de santé indigène – Sesai) soit 0,2ha par personne.

À 10 minutes du centre-ville de Dourados, l’endroitest devenu une sorte de bidonville indigène avec une histoire marquée par la dégradation sociale pour 40 communautés familiales Guarani-Kaiowa et Terena.

Il est estimé qu’entre 10% et 15% des familles ont des problèmes avec l’alcool ou d’autres drogues.

Une étude menée par Graciela Chamoro, progesseur à l’Université fédérale de Dourados, a identifié 38 lieux de cultes évangéliques dans le secteur. Aux dires des habitants, les plus importants sont ceux de l’Eglise Pentecostal Dios es Amor.

Actions de reprises de terres ( retomada)

Dans le contexte de l’excessive surpopulation, des communautés familiales de la Réserve de Douradoss ont engagés début 2016 des actions de reprises de terres (retomada).

En mars 2016, tout de suite après les reprises, les fermiers et les propriétaires engageaient déjà des actions de réintégration. Les cinq propriétaires qui ont obtenu des verdicts favorables ont alors revendiqués la propriété des terres du Sítio Bom Futuro, de la Fazenda Bom Futuro et du Sítio São Luiz, mais les indigènes ont affirmés qu’ils ne détiennaient pas les titres légaux de ces biens.

Finalement, des décisions de justice ont décidés le 14 décembre 2016, de l’exécution de 5 mandats de restitution aux propriétaires fonciers contre les indigènes et ont laissé un délai de 20 jours pour permettre à la Fondation nationale de l’indien (Funai) d’exécuter l’ordre de restitution.

Le 13 février 2017, les dirigeants indigènes ont été informés de l’avancement des opérations par la Funai, et la police fédérale leur a proposé de se retirer volontairement de la zone. Mais les Guarani Kaiowá et les Terena n’ont pas accepté : “La communauté a décidé de ne pas partir et de se montrer déterminée. Il y a des gens avec des problèmes de santé, des gens qui connaissent bien l’histoire. La terre doit être délimitée”, affirme Russi da Silva Martins, du peuple Terena.

Pour l’anthropologue Diógenes Cariaga, qui étudie la Réserve, les actions de reprise sont directement liées à la grande pression démographique subie à l’intérieur de la zone et à la vulnérabilité instaurée par le processus historique de confinement. “A partir du moment où ils reprennent la terre, ils mettent fin au système de la Réserve, régi par les tensions entre les groupes familiaux. Cette multiplication de reprises découle directement de la densité croissante de la population”, explique-t-il. D’après lui, les indigènes sont pleinement conscients que les processus de démarcation, et leurs droits territoriaux, peuvent être entravés par la crise politique du pays. “Occuper les terres est une façon de faire pression”.1

Manifestation à Dourados contre les retards de démarcation des terres par la Fondation de l’Indien ( FUNAI)

En mars 2017, 200 Guarani et Kaiowá ont manifestés devant le siège du Ministère public fédéral (MPF) à Dourados pour demander au Président de la FUNAI, la démarcation de leurs terres.

Au cours de la réunion avec le Président, Antonio Costa, des procureurs fédéraux, les chefs indigènes ont discutés de la démarcation des terres de Guarani et de Kaiowá dans l’État du Mato Grosso do Sul.
Aty Guasu, le Grand Conseil Guarani, et l’Assemblée des Kaiowá, ont participé à la réunion et ont remis une lettre au président de la FUNAI, dans laquelle ils exigent que l’État « arrête l’extermination de notre peuple par négligence » et affirment que « le mouvement pour retrouver notre tekoha n’est pas négociable et ne peut être utilisé comme condition pour l’Etat de remplir ses obligations qui sont constitutionnelles« .

Le président de la FUNAI s’était rendu à Dourados pour discuter du Terme d’Ajustement Conduite (TAC) signé entre la FUNAI et le MPF en 2007. Le TAC, tentait de surmonter les retards dans la démarcation dans le Mato Grosso do Sul et de réduire la croissance des violences contre les Indiens, alors que plusieurs terres ont eu leurs rapports d’identification publiés en 2009, et attendent leurs démarcations sous peine d’une amende à l’encontre de la FUNAI de mille reais par jour de retard.

En plus des Guarani et des Kaiowá et des étudiants autochtones de l’Université fédérale de Grande Dourados, le mouvement étudiant local, les mouvements syndicaux et le Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) ont soutenu la manifestation.

En dix ans, seulement trois des terres autochtones figurant dans le TAC ont obtenus une identification et une délimitation robuste, la première étape du processus de démarcation. La FUNAI, a accumulé une amende, en juin 2014, de 1,716 million de reais, selon le MPF en raison de l’expiration de la non-conformité et le montant de cette amende continue de s’accroitre2.

1: Texte publié sur le site de l’Instituto Socioambiental (ISA), et est reproduit sur Global Voice,s le 20/02/17, dans le cadre d’un accord de partage de contenu
2 : Voir l’article du CIMI

Visite, le 3 décembre 2017, de la Réserve avec Graciela Chamorro et remise de ses publications dans les écoles.

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