La mort des villages amérindiens absorbés, parcellisés

Une des évolutions conduisant à la dissolution de l’identité amérindienne est celle a consisté à rétrocéder aux collectivités territoriales de Guyane ( dans le cas présent les communes) les terres du domaine de l’État, donc celles des villages amérindiens puis de parcelliser ces terres conduisant à la suppression de leur caractère de terres collectives.

Mis à part le cas la création en 1989 des communes amérindienne kalina de Awala –Yalimapo ( par détachement de la commune de Mana) et de la crique Coswine aucune autre communauté amérindienne ne dispose d’une autonomie de gestion de leur foncier villageois.

Exposé de Jean -Paul Ferreira, maire d’Awala-Yalimapo

Membres du Conseil municipal d’Awama -Yalimapo

Revendication des chefs coutumiers

Fin 2001, une revendications communes des chefs coutumiers des villages s’est exprimé concernant le Projet de changement institutionnel en Guyane sous la forme ci dessous :

« Préalable: La terre collective et la vie en village sont depuis toujours le mode de vie et d’organisation sociale des Communautés autochtones et traditionnelles. Ces principes sont indissociables de notre culture.

Le Conseil des autorités coutumières prévu dans l’Avant projet d’accord sur l’avenir de la Guyane est une idée qui n’émane pas des Communautés autochtones et traditionnelles, ni de leurs représentants. Nous exprimons les plus grandes réserves concernant la rétrocession des terres du domaine de l’État aux collectivités territoriales de Guyane, car une rétrocession conduirait à un recul en matière de droits fonciers des Communautés traditionnelles. Il est indispensable de préserver, de consolider et d’améliorer les acquis en ce domaine. Il n’est pas cohérent de rédiger un droit coutumier sans reconnaître au préalable les villages et les Communautés. Nos revendications sont de reconnaître le caractère spécifique de l’organisation sociale des Communautés autochtones et traditionnelles : la terre collective, les villages. Cette reconnaissance doit apparaître formellement dans le projet de changement de statut » .

Depuis la mécanique d’assimilation s’est poursuivi

La même tactique ethnocidaire avait été utilisée aux États-Unis dans le cadre du Dawes Allotment Act de 1887

Village amérindiens de Kourou :
rétrocession à la commune et parcellisation.

« Depuis 1987, la zone communautaire amérindienne initialement sous la gestion du Centre Spatial Guyanais a été rétrocédé à la commune de Kourou qui en est devenue propriétaire. L’extension de la ville a provoqué des spoliations successives, l’enclavement de notre village avec un déni total des accords et d’engagements non tenus et réduire sa surface à seulement 2 Ha. La commune de Kourou a décidé unilatéralement de morceler la zone communautaire en parcellaire individuel afin de les vendre aux familles en propriété individuelle »

« En tant que Chef Coutumier, il est également de ma responsabilité de défendre et d’empêcher l’autodestruction irréversible de ma communauté, c’est pourquoi, je vous demande instamment d’apporter la solution maintes fois proposées et de résoudre, une bonne fois pour toute, le litige foncier. Nous nous opposons à la destruction de notre communauté, de notre village et à la disparition de notre organisation sociale qui ont toujours préservé notre dignité humaine. Notre souhait, de vivre en harmonie au sein d’une société plurielle, doit être respecté comme la place et l’expression de nos peuples autochtones sans subir d’influence politique politicienne ».

Lettre adressée le 21 octobre 2001 au maire de Kourou, Jean-Etienne Antoinette, par le chef coutumier du village amérindien de Kourou Jean Aubéric Charles pour protester contre le projet de diviser la terre collective en propriétés individuelles

Villages Wayana du Haut Maroni
cédés à la commune de Maripasoula

« A qui appartiennent Twenke et Taluhwen ? Mettons l’affaire au grand jour : l’État s’apprête à céder à la Commune de Maripasoula les terrains des villages de Elaé, Kayodé, Twenké, Taluhwen, Antecume Pata et Pidima. Dans la plus grande discrétion administrative et à l’insu des villageois, on troque des bouts de terre dont on ignore l’histoire : ils portent les noms illustres des anciens chefs de famille des amérindiens Wayanas »…. « Nous savons ce qu’il adviendra des villages lorsqu’ils seront passés dans l’escarcelle communale : c’est à plus ou moins brève échéance le morcellement en parcelles et la disparition de la vie communautaire. Il a été décidé que les sociétés et les cultures de Guyane ne sont pas toutes égales, et que seules les plus influentes seront préservées »

Cécile Kouyouri, Brigitte Wyngaarde. Association Villages de Guyane. mardi 25 octobre 2005

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