QUI SONT ILS ?

reche, araucan, mapuche1

Les Mapuche, « Peuple de la terre » en Mapudungun , occupaient à l’arrivée des conquistadors le Chili central et se sont étendus vers le nord ouest de l’Argentine à partir du XVIIIème.
Le terme d’Araucans qui les désignait est tombé en désuétude, celui de Mapuche est généralisé. Araucans est un mot forgé au XVIème par le poète espagnol Ercilla, à partir d’un nom de lieu indigène, Arauco, qui veut dire eau crayeuse en Mapudungun et donna son nom au fort de San Felipe de Rauco construit en 1552 . Ce fort, proche de la future ville de Araucan, fut plusieurs fois détruit par les Mapuche (qui ne s’auto - désignaient sans doute pas Mapuche à cette époque là), et reconstruit par les Espagnols, qui donnèrent aux indigènes le nom d’Araucans.
Le terme de Mapuche n’est jamais mentionné dans les documents du XVIème et du XVIIème.
Ces populations de même langue se seraient auto - désignés comme Reche « les hommes vrais ou purs » au XVII et XVIIIèmes siècles, avec des distinctions selon leur territoire :
Picunche
(Les gens du nord, rapidement dominés par les Espagnols),
Mapuche
(ceux du centre, les gens de la terre, qui résistèrent au prix de grandes restructurations sociales),
Huilliche (les gens du sud, qui subirent un processus de destructuration et de dilution identitaire) ,
Pehuenche (les gens du pin),
Ranquelche (les gens du roseau).

Le nom Mapuche apparait dans la 2ème moitié du XVIIIème siècle. Il serait devenu auto-identificatoire à la fin du XIXème siècle, lorsque les Mapuche durent faire face à l’usurpation de leurs terres.
L’identité mapuche se forgeat à partir de la fin du XVIIIème, début du XIXème, au cours de la politique d'assimilation menée par le pouvoir colonial et à travers les transformations religieuses, culturelles et politiques que ces populations autochtones connurent.
Le nom de Mapuche est maintenant communément utilisé par tous.

 

Wallmapu2



Le territoire mapuche au XVIII eme siècle
José Manuel Zavala, 2000, Les indiens mapuche du Chili, dynamiques inter-ethniques et srtagétgies r-de résistance , IHEAL L'HARMATTAN


Alors que, jusqu’à récemment, les traditions historiographiques nationales aidant, il était d’usage de respecter les frontières et de parler des Mapuche chiliens et des Mapuche argentins, de plus en plus de chercheurs optent pour essayer de faire une anthropologie et une histoire transandine de ce peuple qui, selon une rhétorique de plus en plus répandue, existait bien avant la formation des États nationaux.
C’est ainsi que les terminologies Wallmapu (« l’ensemble du territoire mapuche »), Puelmapu (« terres à l’est », c’est-à-dire en Argentine), Ngulumapu (« terres de l’ouest », au Chili), façonnées ces dix dernières années par le mouvement mapuche, sont devenues courantes dans la littérature scientifique

 

Combien sont ils?

Ce n’est qu’à partir du Recensement général de la population de 1992 que l’appartenance ethnique fut officiellement prise en compte. La question référant à l’appartenance ethnique fut ainsi posée : « Si vous êtes Chilien, à qu’elle culture vous identifiez vous ? : a / mapuche, b / aymara, c / rapa nui et d / aucune des précédentes ».

La population autochtone du Chili (personnes âgées de plus de quatorze ans) s'est élevé a près d’un million.
Ce chiffre a ébranlé fortement l’idée d’un Chili composé essentiellement de descendants européens et métis, et où la population indienne en tant que telle serait très minoritaire. En effet, pour beaucoup, la "Pacification de l’Araucanie" avait signé la disparition de l’indien mapuche, lequel s’était alors, selon l'historiographie nationale, naturellement assimilé à la nation chilienne.

Le recensement 1992 , en révélant l’existence de 928.000 Mapuche dont 250.000 vivent dans les zones rurales des VIIIème, IXème et Xème Régions (Régions du Biobío, de l’Araucanie et de Los Lagos) et 678.000 dans les grands centres urbains (principalement dans la XIIIème Région dite Région Métropolitaine), a donc provoqué une grande sidération.

En 2006, la population autochtone du Chili est estimée à un peu plus d'un million de personnes, soit 6,6% de la population totale, dont 87,2% se déclarant mapuche3.


1 . Guillaume Boccara. Guerre et ethnogénèse dans le Chili colonial : l’invention du soi. Recherches Amériques Latines, L’Harmattan, 1998):
2. Ana Guevara et Fabien Le Bonniec, « Wallmapu, terre de conflits et de réunification du peuple mapuche », Journal de la société des américanistes, 94-2 | 2008, 205-228.
3. Blaise Pantel, La persistance de la criminalisation de la demande territoriale mapuche au Chili, Observatoire des Amérique, avril 2012N°3.

 

 

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