Instance permanente pour les questions autochtones / Neuvième Session - New York, 19-30 avril 2010. : Source : http://www.un.org/en/unpress/
Mme MARY SIMAT, Caucus africain, a noté que la marginalisation sociale expliquait en grande partie l’éviction de communautés entières. Elle a cité des exemples en République Unie de Tanzanie, au Gabon, dans le bassin du Congo où les États limitent, selon elle, l’accès à l’éducation. En République démocratique du Congo(RDC), a-t-elle affirmé, on interdit couramment aux Pygmées de vivre dans leurs régions alors qu’au Niger, l’extraction de l’uranium provoque des déplacements forcés, ce qui explique que certains groupes prennent les armes. Pour mettre un terme à ces violations des droits de l’homme, les États africains doivent adopter des lois qui s’inspirent de la Déclaration de l’ONU sur les droits des peuples autochtones, a-t-elle estimé. Les choses doivent changer et l’on doit tenir compte des problèmes spécifiques de nos communautés. « En cette deuxième Décennie, nous engageons l’ONU à cesser de se rendre complice des Gouvernements africains qui promeuvent des politiques agricoles marginalisant les peuples autochtones », a-t-elle plaidé, avant de se féliciter des premières mesures prises par le Gouvernement de la RDC visant un plus grand respect des populations autochtones.
M. ALAMED ALJERRAR, Caucus africain, a dénoncé le « génocide » induit par les changements climatiques, source de déplacements massifs des populations, de conflits et de perte d’identité. Il a rappelé que de nombreux conflits en Afrique étaient liés au contrôle de ressources dont la raréfaction est due précisément aux changements climatiques. Il a souhaité la création d’un poste de rapporteur spécial qui serait chargé d’étudier l’impact des conflits sur les peuples autochtones d’Afrique. Il a réclamé une place pour les autochtones dans toutes les initiatives sur la lutte contre les changements climatiques.
Mme HINDUOUMAROU HINDOU, Caucus d’Afrique, a indiqué que 28 représentants autochtones de 15 pays d’Afrique se sont réunis à Bamako pour s’entendre sur un plan d’action pour la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies. Elle a précisé que cette réunion ouverte par le Ministre malien de la justice avait pour but de souligner l’importance de la mise en œuvre de la Déclaration pour le continent africain. Elle a mis l’accent sur les liens entre la Déclaration et la Charte africaine des droits de l’homme. Nous travaillerons en contact avec la Commission africaine pour envoyer des missions auprès des communautés autochtones et obtenir la création d’un poste de rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones en Afrique, a-t-elle dit. Elle a estimé que la décision prise en 2003 par la Commission des droits de l’homme de l’Union africaine de reconnaître les droits des peuples autochtones a constitué un jalon important. Néanmoins, elle a regretté l’insuffisance de moyens pour mettre en œuvre la Déclaration, en notant que seuls quatre pays africains avaient réalisé des progrès dans ce domaine.
Mme HINDOU OUMAROU IBRAHIM, Caucus africain, a rappelé que les peuples autochtones d’Afrique vivent essentiellement de la chasse, de la cueillette, de l’élevage et de l’agriculture de subsistance. Au cours des 10 dernières années, les saisons ont beaucoup changé en Afrique, a-t-elle constaté, ce qui a eu un impact négatif sur les pâturages, la végétation, la faune et la flore. Cela a entraîné l’insécurité alimentaire des communautés autochtones qui essayent de s’adapter mais la tâche est quasi impossible: « tous les animaux sont morts ou vendus, les ressources épuisées par l’industrie extractive ou par des personnes puissantes et les terres sont occupées », a-t-elle expliqué. Elle a également souligné que l’élaboration des programmes nationaux de lutte contre les changements climatiques se fait bien souvent sans les peuples autochtones alors même que ces derniers ont des connaissances traditionnelles de gestion de la nature et de conservation de la biodiversité. Elle a demandé à l’Instance de faire des études de cas pour mettre en exergue la vulnérabilité des peuples autochtones d’Afrique et trouver des solutions.