Janvier 2017

ÉQUATEUR

Faisant suite aux répressions armées contre
les Communautés Shuar dans la Cordillère du Condor
La Confédération des Nationalités Indiennes de l’Amazonie Equatorienne. COFENIAE émet une

"Déclaration à la communauté nationale et internationale
face à la répression armée contre le peuple Shuar".

"Ce 16 décembre 2016 au matin nous avons été témoins du déplacement de tanks à Puyo vers Morona Santiago.

Nous alertons la communauté nationale et internationale, et nous demandons de nouveau au gouvernement de trouver une solution au conflit né de la vente de nos territoires aux entreprises transnationales engagées dans l’exploitation minière et aggravé par la militarisation de ces territoires ancestraux.

Le gouvernement équatorien sera l’unique responsable des évènements et la vie de nos frères courre de graves dangers.

Nous demandons à l’opinion publique nationale et internationale, aux médias, aux organisations sociales, aux organismes de droits de l’homme et à la communauté nationale et internationale en général de dénoncer les intentions d’un gouvernement qui ne cherche pas à apaiser cette situation mais y répond par l’envoi d’un convoi militaire avec les conséquences imprévisibles que ce geste peut provoquer.

Le fait de profiter de l’état d’urgence pour envoyer des tanks de guerre contre les habitants est un acte inédit, violent, et téméraire qui doit être immédiatement stoppé. Nous exigeons la démilitarisation immédiate de Nankints et nous diffusons mondialement leur appel à l’aide SOSPuebloShuar Conseil de Gouvernement de la Confeniae"

Images de répression (en espagnol)

L’exploitation minière à grande échelle en territoire Shuar

 

Depuis les années 90, les concessions se multiplient dans la Cordillère du Condor. Elles concernent plus de 200 000 hectares de forêts, lacs et cultures.

Ces concessions ont été effectuées sans consultation et consentement préalable des populations autochtones, les peuples Shuar et Ashuar, et ont été remises aux entreprises de BHP Billinton, un des plus grands groupes miniers du monde. Ces entreprises ont intensifié leurs activités d’exploration à la fin des années 90.

Mais c’est le 5 mars 2012, avec le gouvernement de Rafael Correa que l’Equateur permet l’exploitation minière à grande échelle et signe un accord avec ECSA Ecuacorrientes S. A (filiale de BHP). C’est le premier d’une longue série de projets.

L’accord prévoit l’exploitation de cette concession sur 25 ans
.
Le gouvernement a déclaré que sur les 20 milliards de dollars que le projet rapportera, l’État équatorien recevra 5,4 milliards et que l’entreprise qui commencera à produire fin 2016 dépensera 100 millions en projets de « développement communautaire » destinés aux communautés voisines.

Cependant, l’opposition à l’exploitation minière a grandi auprès des communautés Shuar de la Cordillère du Condor.

Absence de tout processus légitime de consultation préalable conduisant au
rejet de l’activité minière par les principales organisations Shuar

La consultation préalable s’est faite seulement partiellement, et la distribution inéquitable des compensations a déclenché de nombreux conflits, parfois violents, entre frères, familles et centres Shuar.
Par exemple, à Warints où les explorateurs de gisements ont installé leurs campements et signé un accord concernant la distribution annuelle de compensations monétaires, les familles se sont divisées et disputées.
Les communautés aux alentours se sont opposées à la présence des entreprises minières mais cette opposition n’était pas encore massive ni organisée.
Des conflits similaires ont eu lieu dans les villes et villages entre colons, allant jusqu’à dégénérer en véritables batailles de rue dans la ville de Limón.
Dans cette zone du sud, l’entreprise avait déjà entrepris de développer ses « relations communautaires » avec des petits centres Shuar dispersés entre Gualaquiza et Yantzaza : elle avait par exemple acheté petit à petit les terres des colons de la zone, si bien que l’opposition des colons à l’activité minière n’etant pas radicale, ils se sont cependant unis aux Shuar pour bloquer l’accès à l’armée sur la route Panantza-Nankintz.

Organisation de l'opposition aux projets miniers sur le territoire des Shuar

A partir de 2006, l’opposition aux concessions minières et hydroélectriques dans le sud du pays s’est regroupée dans un mouvement composé de paysans, de dirigeants du parti MPD (Mouvement Populaire Démocratique) et de l’organisation écologistes non gouvernementale Acción Ecológica. Dans le même temps, 45 communautés, dont le territoire contient la quasi totalité de la Cordillère du Condor dans la province de Morona Santiago, se sont organisées et ont constitué le Consejo de Gobierno del Pueblo Shuar Arutam. Ce Conseil fait partie de la Fédération Interprovinciale de Centres Shuar (FISCH), qui compte 100 000 membres et 500 communautés. L’assemblée de la Fédération a exprimé de nombreuses fois son opposition à l’exploitation minière.

L’impact environnemental

L’étude d’impact environnemental a été plusieurs fois modifiée. La version finale a été rejetée par différents scientifiques, en raison notamment de la question des déchets et des graves modifications de l’équilibre aquatique qu’une exploitation à ciel ouvert et de cette ampleur provoquerait. Ces voix dénoncent également le mensonge des projets de compensation, comme par exemple la construction de centrales hydroélectriques, présentées comme l’élément clef du changement de matrice productive en Equateur, alors qu’elles sont presque entièrement destinées à l’activité minière.

La version du gouvernement

Curieusement la version du gouvernement:
- ne parle ni de l’expulsion des familles Shuar de leur territoire ancestral, ni de l’absence de processus satisfaisant de consultation et consentement préalables à la phase d’exploitation du projet minier,
- ne mentionne pas non plus l’intrusion armée et l’usage de la force dans l’opération d’expulsion sans aucun avis préalable ni document officiel autorisant l’évacuation. Les familles Shuar expulsées ont du alors fuir avec leurs biens en quelques minutes seulement.

La demande des organisations shuar

"Les organisations shuar demandent à l’opinion publique nationale et internationale, aux médias, aux organisations sociales, aux organismes de droits de l’homme et à la communauté nationale et internationale en général de dénoncer les intentions d’un gouvernement qui ne cherche pas à apaiser cette situation mais y répond par l’envoi de convois militaires avec les conséquences imprévisibles que ce geste peut provoquer".

Le GITPA répond a cette demande par une trés large difusion de ce message
qui peux, également, être relayé par les destinataires.

Document source: https://spark.adobe.com/page/C8ozKIGKFLBmx/
Traduction pour le GITPA par Anne - Lise Naizot,
membre du réseau des experts du GITPA pour l’Amérique latine

Rapport: FIDH, Droits et Démocratie, CEDHU:
Exploitation minière à grande échelle en Équateur et violation des droits hu
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www.gitpa.org