INDE

FIN DE PARTIE ?
56 années après la première pierre posée par le premier ministre de l’époque Jawaharla NHERU, le premier ministre actuel Narendra MODI a donné l’ordre, le 17 juin 2017, de fermer les 30 vannes du méga barrage ultra controversé de SARDAR SAROVAR sur le fleuve NARMADA

Quelques brèves pour situer le sujet

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Le fleuve Narmada forme la limite traditionnelle entre le Deccan et la plaine Indo-Gangétique. Il prend sa source dans les monts Maikal dans l'État du Madhya Pradesh. L'essentiel de son cours se trouve dans cet État. Il traverse l'État du Maharashtra sur quelques dizaines de kilomètres, puis se jette dans l'océan Indien dans le golfe de Cambay dans l’État du Gujarat (mer d'Arabie).

Sardar Sarovar est un barrage sur le fleuve Narmada. Il est la pièce maîtresse d'un projet annoncé comme le plus grand projet de barrages du monde et devant irriguer 18 000 kilomètres carré avec 75 000 kilomètres de canaux. Ce projet devait aussi apporter de l'eau potable à 40 millions de personnes, et leur donner accès à l'électricité. Au lancement du projet, il était estimé qu’au moins 100 000 personnes devraient être déplacées du fait de la construction du barrage, et 140 000 personnes supplémentaires à cause de celle des canaux. 56% de ces personnes sont des autochtones (« adivasis »).

En 1985, la Banque mondiale a donné son accord pour un prêt de 450 millions de dollars US pour ce projet.

Devant les critiques multiples formulées contre celui-ci, la Banque mondiale a finalement nommé, en 1991, Bradford Morse, ex-secrétaire général adjoint des Nations unies et chef du PNUD pendant dix ans (1976-1986) pour conduire une étude indépendante portant sur les mesures prises afin de compenser les effets humains et environnementaux causés par le projet Sardar Sarovar. Les conclusions rendues par cette étude ont été très critiques, ce qui a conduit la Banque à annuler son prêt.

En 1992, le Japon a également décidé de retirer sa participation au financement de 200 millions de dollars US.

En 1995, la Cour suprême indienne a contraint le projet initialement prévu pour une hauteur de 138 mètres à n'avoir d'une hauteur de 80,3 mètres, avant que cette même Cour suprême augmente plusieurs fois ce seuil, à 88 mètres en 1999, puis 93 mètres avant que cette hauteur atteigne la hauteur initialement prévue de 138 m dans les années 2010.

Les oppositions au projet

En 1989, un collectif nommé Narmada Bachao Andolan, NBA (« Sauvons la Narmada ») est créé par l’activiste sociale Medha Patkar qui, en visitant la région, avait constaté que les personnes allant être déplacées par la construction des barrages n’étaient même pas informées de l’existence du projet.

Le mouvement NBA s’est d’abord mobilisé contre la construction des barrages, puis, depuis la décision de la Cour suprême de l’Inde autorisant le projet en 2000 , le mouvement se bat pour que les personnes déplacées par le projet soient réhabilitées conformément aux exigences posées en la matière par la Cour suprême de l’Inde en 2000 et par le Tribunal de l’eau de Narmada en 1969 (il s’agit de la décision réglant le litige survenu entre les trois États concernés par le projet quant à la distribution des coûts et bénéfices de celui-ci – Madhya Pradesh, Maharashtra et Gujarat – et qui contient des dispositions liées aux déplacement de populations.

Le mouvement, très connu en Inde, utilise des méthodes de protestation non violentes de la tradition ghandienne : dharma (sit in). Son écho médiatique s’est notamment renforcé avec le ralliement à la cause d’ Arundhati Roy, la romancière couronnée par le prestigieux Booker Prize britannique en 1995 pour Le Dieu des petits riens.

La Cour suprême de l’Inde a donné son aval à la finalisation du projet en février dernier, tout en enjoignant notamment à l’État de Maharahstra de réhabiliter l’ensemble des personnes déplacées dans les trois mois suivants la décision et à l’État de Madhya Pradesh de garantir 60 millions de roupies par famille.

Suite à l’annonce par Narendra MODI de la fermeture des vannes, le mouvement NBA a organisé plusieurs évènements de protestation, dont une marche au cours de laquelle plusieurs activistes, incluant Medha Patkar, ont été arrêtés par la police de l’État du Gujarat. Les jours sont comptés pour des milliers de villageois installés le long de la rivière, et qui vont devoir quitter leurs maisons dans la précipitation sans n’avoir aucun lieu où aller.
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Accès au film Drowned Out (75'en anglais)


Le documentaire de 2002 suit les villageois de Jalsindhi - un village du Madhya Pradesh sur les rives de la rivière Narmada à environ 10 milles en amont du projet Sardar Sarovar - à travers leur bataille contre le barrage. Le personnage principal est Luharia Sonkaria, qui est le médecin du village, comme son père et son grand-père. Le gouvernement n'offre aucune alternative viable - ils offrent des terres inutilisables à une centaine de kilomètres ou une petite somme d'argent en compensation de leurs terres riveraines. Le film traite des grèves de la faim, des rassemblements et de la plainte déposée devant la Cour suprême, et finalement suit les villageois alors que le barrage se remplit et que la rivière commence à augmenter. Le documentaire met en vedette Arundhati Roy, qui a été une militante engagée et a attiré l'attention internationale sur ce projet controversé.

Informations sur les méga barrages sur le site du GITPA


www. gitpa.org