02/2018

FÉDÉRATION DE MALAISIE
ETAT DU SARAWAK

3 MESSAGES

DES CARTES POUR LES PENAN

Des cartes historico-culturelles mettent au jour les trésors de la forêt pluviale et viendront soutenir les exigences territoriales des Penan, peuple autochtone de Bornéo.



Remise des cartes au chef suppléant du gouvernement du Sarawak à Kuching, capitale du Sarawak..

En l’espace de 15 ans, le Bruno Manser Fonds a cartographié, dans la partie malaisienne de Bornéo, une zone de forêt pluviale équivalant à près d’un quart de la superficie de la Suisse. En étroite collaboration avec le peuple autochtone Penan et se basant sur la tradition orale comme sur des techniques à la pointe de la technique (localisation GPS, drones), 23 cartes topographiques détaillées, représentent une surface de près de 10.000 km2 de forêt pluviale et de terres cultivables utilisées de manière traditionnelle à l’échelle de 1:35’000.  

Vendredi dernier 17 novembre 2017, une délégation de Penan a officiellement remis les cartes au suppléant du chef du gouvernement de l’État malais du Sarawak. Le week-end suivant, la clôture du projet a été célébrée dans le cadre d’une grande fête dans le village de la forêt primaire Long Lamai, à la frontière entre la Malaisie et l’Indonésie. Soixante-quatre chefs de l’ancien peuple nomade recevront un coffret contenant les cartes de leurs terres.  

Les cartes constituent un document historico-culturel de premier choix, car elles fournissent un aperçu étendu de la richesse culturelle des Penan, qui habitent la région depuis des siècles. Là où, par le passé, les cartes ne montraient que des zones blanches, on retrouve aujourd’hui les noms de 7000 lits de rivières et de ruisseaux, de même que de 1800 sommets montagneux. Plus de 800 arbres fournissant le poison pour les flèches, ainsi que de nombreux palmiers sagoutiers et arbres à sarbacanes ont été identifiés et témoignent d’une utilisation durable de la forêt pluviale. Outre les cartes à proprement parler, chaque feuillet contient une légende de la culture penane, des portraits d’autochtones de même que des images aériennes des villages présentés. Les cartes ont été autorisées à titre de représentation officielle des terres autochtones, au moyen de l’empreinte du pouce des chefs.

Base pour les exigences territoriales

En dépit de la présence patente des Penan dans cette région, le gouvernement n’a pas, à ce jour, reconnu leurs exigences territoriales traditionnelles. Bien au contraire, il vend des concessions forestières à des entreprises du bois ou des plantations, ce qui entraîne la destruction de l’espace vital des autochtones. Les nouvelles cartes rendent visibles l’histoire des Penan, lui donnant une consistance juridique. Le Bruno Manser Fonds est convaincu que la lutte en faveur de la reconnaissance des droits coutumiers devrait trouver un nouvel élan grâce à ces cartes. Elles visent à assurer l’autodétermination des Penan sur leurs terres, de même qu’une protection appropriée des forêts pluviales encore intactes.  

 

PAS DE BOIS TROPICAUX POUR LES OLYMPIADES DE TOKYO EN 2020!

Les populations autochtones du Sarawak luttent contre la destruction de leurs forêts (© Bruno Manser Fonds)

Tokyo construit: d’immenses édifices de prestige sont érigés pour les Olympiades 2020. Des contrôles indépendants semblent toutefois montrer que du contreplaqué en bois tropical de provenance du Sarawak soit utilisé comme panneaux de coffrage pour les travaux de construction du nouveau stade olympique. Cela en dépit des promesses du Comité international olympique (CIO) et le gouvernement japonais, qui avaient affirmé vouloir rendre les Jeux olympiques durables! Nous lançons donc une pétition pour leur demander de tenir parole.

Le Japon est le premier importateur mondial de contreplaqué tropical: plus de la moitié de ce bois provient de Malaisie. Les entreprises de construction japonaises se servent du contreplaqué tropical comme panneaux de coffrage. Une fois utilisés, ces panneaux sont éliminés. La moitié du contreplaqué exporté du Sarawak part pour le Japon. Le Sarawak affiche l’un des taux de défrichages les plus élevés au monde et déplore des coupes illégales. Les communautés autochtones luttent depuis des décennies contre la déforestation et le vol des terres.

En décembre, le Bruno Manser Fonds a protesté devant les locaux du CIO à Lausanne et a remis une lettre signée par plus de 40 organisations pour le rendre attentif à ces irrégularités. John Coates, vice-président du CIO, nous a promis de donner suite à nos préoccupations. Aujourd’hui, nous devons accroître la pression et exiger de la part du gouvernement japonais des garanties qu’il mette en place des jeux durables: aucun bois issu de la destruction des forêts pluviales ne doit être utilisé pour le stade olympique!

Accompagnez-nous dans la lutte pour des Jeux olympiques durables en signant aujourd’hui encore la pétition. Unissons nos forces pour amener davantage de fair play dans le sport et la politique!

Je signe la pétition!

Accès à la pétition

 

SORTIE DU FILM : THE BORNEO CASE

 

Les deux cinéastes suédois Eric Pauser et Dylan Williams ont accompagné le travail du Bruno Manser Fonds et d’organisations proches durant cinq années, pour en sortir un documentaire captivant: «The Borneo Case». Le film met au jour comment les profits tirés des coupes de bois illégales ont été déposés clandestinement sur des comptes offshore avec l’aide de banques internationales, dont plusieurs banques suisses, et ont servi à financer des parcs immobiliers dans le monde entier. Les cinéastes dénouent, pièce après pièce, l’écheveau aux multiples ramifications de ce scandale de corruption international complexe. Ils mènent le public jusqu’aux plus hautes sphères politiques de l’élite malaisienne et, finalement, à celui qui tirait les ficelles, l’ancien chef du gouvernement du Sarawak, Taib Mahmud. Les cinéastes réussissent de main de maître à faire le lien entre la forêt pluviale, Bruno Manser et les Penan, jusqu’aux multinationales et à la corruption.

 

Informations sur la Malaise et le Sarawak sur le site du GITPA
Fond Bruno Manser

gitpa.org