Le peuple autochtone Toubou du Niger dénonce
les agissements d’une compagnie pétrolière chinoise

Contexte


La première découverte est intervenue en 1975 au niveau du puits de Madama communément appelé Tintouma. Pourtant, c'est dans la région d'Agadem, que les travaux d'exploration ont débuté en 1970, La région d'Agadem est située au Nord-est du Niger, à environ 1400 km de la capitale Niamey, dans le désert du Sahara, et couvre une surface de 27.516,2 km².

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ELF Aquitaine, seul, puis associé à Esso (rejoint en 2002 par PETRONAS), furent les premiers opérateurs entre 1980 et 1998.
En 2006 ces compagnies abandonnent le gisement par manque de rentabilité.
En 2007, la remontée des cours du brut conduisent le gouvernement du Niger à lancer un nouvel appel d’offre, pour de nouveaux forages d’exploration. Celui-ci est remporté par la compagnie chinoise CNODC (China Oil and Gas Exploration and Development Corporation).
Les succès des forages d’exploration conduisent à la signature d’un premier contrat d’exploitation (Agadem phase I) en 2008.
Précédant la signature de ce 1er contrat, on a fait valoir aux clans Toubous des retombées positives sous forme de formation et d'emplois notamment. Le contenu de ce contrat ne sera jamais rendu public.
Aucune de ces annonces ne se concrétiseront.

En février 2017, la Chine annonce son intention de renforcer sa coopération avec le Niger dans le secteur pétrolier. L ambassadeur chinois à Niamey annonce que la Chine souhaite promouvoir la construction d’un second projet (Agadem phase II) et comportant entre autres, la construction d’un pipe-line pour transporter le brut nigérien d’Agadem vers la raffinerie de Kaduna au Nigeria.

L’objet de la pétition

Dans ce contexte, les Toubous, pasteurs nomades de cette région ( qui, avec les Touareg et les Peuls m'bororo, ont été reconnus, en 2005, comme l'un des peuples autochtones du Niger par la Commission Africaine des droits de l'homme et des peuples), attirent l’attention sur leur situation qui s’avère être "une catastrophe écologique, économique et humaine".

Le Ministre de l’énergie et du pétrole (Mr Foumakoye Gado), interpellé à l’Assemblée nationale 12 juin 2017 par le député de la région (l’honorable Mahamane Saley) sur les mortalités de plus de 100 chameaux des pasteurs Toubous sur les sites d’exploitation, reconnaît que " l’industrie pétrolière a des conséquences socio-économiques sur les sites, dues aux dépôts de déchets à l’air libre entraînant pollution, problèmes de santé pour les populations, mortalité des dromadaires, assèchement et empoisonnement des puits, non-respect des mesures de sécurité".

Compte rendu de la réunion à l'Assemblée Nationale

L’association Toubous du Sahara, localisée en France, par la voix de son Président Mr Issouf Elli Moussami a émis, en soutien aux organisations locales, une pétition destinée à MM les Ministres des Affaires étrangères et de l’Environnement pour faire connaitre cette situation et obtenir de:

- la CNODC un respect des engagements pris lors de la signature du contrat avec le gouvernement du Niger.

- l'État du Niger un respect de la Déclaration sur les droits des peuples autochtones qu'il a approuvé lors du vote à l'Assemblée générales des Nations unies le 7/09/2007, en particulier:

- l'article 28.1: Les peuples autochtones ont droit à réparation par le biais d'une indemnisation juste correcte et équitable pour les terres, territoires et ressources qu'ils utilisent traditionnellement et qui ont été dégradés sans leur consentement.

- l'article 29.2 : Les États prennent des mesures efficaces pour veiller à ce qu'aucune matière dangereuse ne soit déchargée sur les terres et territoires des peuples autochtones sans leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause.

La pétition

Lien vers les informations sur les Toubous sur le site du GITPA

Lettre établie en liaison avec Catherine Baroin
membre du réseau des experts du GITPA pour l'Afrique

BAROIN Catherine, anthropologue retraitée du CNRS, poursuit ses recherches sur les deux sociétés africaines dont elle est spécialiste : les Toubou, pasteurs nomades du Sahara et les Rwa, agriculteurs du mont Méru (Tanzanie). Elle est auteur de plusieurs livres et de nombreux articles sur ces sociétés dont Anarchie et cohésion sociale chez les Toubou : les Daza Kécherda (Niger), 1985, Maison des sciences de l'homme; Gens du roc et du sable - Les Toubou, 1988, CNRS et Les Toubou du Sahara central, 2003, Vents de Sable. Catherine. Baroin anime par ailleurs le réseau Méga-Tchad, réseau international de recherches pluri-disciplinaires dans le bassin du lac Tchad. Créé en 1984, il rassemble plus de 400 chercheurs d'une vingtaine de pays. Les actes des 16 colloques organisés en France et à l'étranger sont tous publiés
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