1/2018

LE COURRIER INTERNATIONAL SEMESTRIEL
DES PEUPLES AUTOCHTONES
gitpa.org


Au sein de nos réseaux diversifiés d'organisations de peuples autochtones, d'universitaires autochtones et non autochtones et
d'experts travaillant sur les droits des peuples autochtones: MERCI de votre aide et de vos conseils tout au long de 2017.

Nous remercions également nos donateurs (de leur temps, de leur compétence, de leur contribution financière).
Il ne fait aucun doute que, sans leur engagement, il ne serait pas possible de réaliser notre travail.

Meilleurs voeux à tous pour 2018


 

NOUVEAUX MEMBRES DES RÉSEAUX D'EXPERTS DU GITPA

CARELLI Vincent, CEVALLOS MORA Sofia, CHAMORRO Graziela, DEMELENNE Dominique,
GALLOIS Sandrine, GOULART Alexandre, GRAFF Stéphanie, PASTOR Anne, TSELIOUKO Stéphanie

Accèsr aux CV


LETTRES ÉLECTRONIQUES ENVOYÉES DURANT LE 2eme SEMESTRE 2017
Les liens de toutes les Lettres figurent sur la page d'acceuil du site

Campagnes

Kanaky-Nouvelle Calédonie: manifestation à Nouméa sur la composition de la liste électorale pour le referendum d'autodétermination.
Éthiopie: Vagues de manifestations de 2017 (
Alain Gascon)
Cambodge: Accaparement de terres par une entreprise vietnamienne (
Frédéric Bourdier)
Inde: Mega barrage Sardar Sarovar: fermeture des vannes à 138 m de hauteur
Tanzanie: Qui veux la disparition des maasaï ?
Brésil: Massacre d'indiens en isolation volontaire sur le rio Javari
Niger: Le peuple Toubou dénonce une compagnie pétrolière chinoise
(Catherine Baroin)
Tanzanie: 3 nouvelles sur les maasaï
Brésil - Paraguay: Annonce de la Mission d'information du GITPA sur les Guaranis
Équateur: Marche vers Quito pour un "Dialogue avec des résultats"
(Sofia Cevellos Vivar)

Évènements
Brésil: Les indiens cernés par la crise politique. (Manuela Carneiro da Cunha)
Bilan de 10 années de la Déclaration des Droits des Peuples Autochtones
Trois évènements autochtones majeurs à Paris
Publication du rapport : Le Monde autochtone 2017 (évènements de l'année 2016)
Afrique du nord et Sahel: Journée culturelle touaregue
Émissions France Inter : " Les peuples autochtones ultramarin français"
(Anne Pastor)
8eme Festival de films de La Plume à l'Écran
(Sophie Gergaud)
2eme Forum sur les peuples nomades du Sahel
(Ghislaine Degbé-Diallo)


ACTUALITÉS DES PUBLICATIONS
( livres, rapports)



ADONON Akuavi,
2016, Pratiques juridiques indiennes au Chiapas (Mexique) Les voies tzotzil, L'Harmattan, 308p.
La régulation sociale d'un grand nombre de peuples ou de « minorités » qui évoluent dans le cadre d'une structure étatique dominante, met en évidence une problématique qui se noue au coeur de l'État, du droit et du multiculturalisme. Akuavi Adonon nous emmène au sud du Mexique, au Chiapas, scène de l'insurrection de l'Armée zapatiste de libération nationale (EZLN, Ejército zapatista de liberación nacional), et plus précisément chez les Tzotzil, « descendants » des prestigieux Maya. Son étude, qui relève de l'anthropologie du droit, cherche à rendre compte du pluralisme juridique existant dans une société « multiculturelle » comme le Mexique. L'auteure, riche de sa double appartenance (Amérique latine et Afrique), met en oeuvre une démarche qui croise, de manière fructueuse et subtile, contextes disciplinaires (anthropologie et droit) et traditions académiques (mexicaine et française) pour éclairer les imaginaires identitaires (métis et indien) ainsi que les pratiques juridiques d'acteurs qui composent, tout en se jouant d'elles, avec les catégories étanches du « droit étatique » et du « droit indigène ».

AMIN Samir, 2017, La souveraineté au service des peuples suivi de L'agriculture paysanne, la voie de l'avenir! CETIM.

Un point fait aujourd’hui largement débat: faut-il soutenir ou au contraire rejeter la souveraineté nationale? Or pour l’auteur, cette question de stratégie fait l’objet de graves malentendus, tant que son contenu de classe n’est pas identifié. En effet, dans les sociétés capitalistes, le bloc social dominant conçoit toujours la souveraineté nationale comme un instrument pour promouvoir ses intérêts de classe. On comprend dès lors pourquoi le discours national faisant l’éloge des vertus de la souveraineté – tout en cachant les intérêts de classe qu’elle sert – a toujours été inacceptable pour tous ceux qui défendent les classes travailleuses. Pourtant, nous ne devrions par réduire la défense de la souveraineté à cette modalité. Cette défense n’est pas moins décisive pour la protection d’une alternative populaire. elle constitue même une condition incontournable d’avancées dans cette direction. La question agraire, l’accès à la terre pour tous, la souveraineté alimentaire sont au coeur des problèmes à résoudre. Et l’agriculture paysanne s’impose comme la voie de l’avenir!

BAHUCHET Serge, 2017, Les Jardiniers de la nature, Odile Jacob, 400p.

Nous vivons une crise sans précédent du lien entre l’homme et la nature. Déforestation, agriculture intensive, pillage des ressources, effondrement de la biodiversité ont brisé le contrat que nous avions peu à peu élaboré avec les plantes et les animaux qui nourrissent nos estomacs et nos imaginaires. Pour réécrire ce contrat sur des bases saines, il est urgent de comprendre l’évolution du lien millénaire auquel nous devons notre survie. C’est ce à quoi s’emploie Serge Bahuchet, qui a parcouru la planète pour nous faire partager son passionnant voyage aux sources des pratiques agricoles et culinaires, des techniques de chasse, de pêche ou de domestication des animaux et des plantes. Des pommes de terre du Pérou à la chasse au porc-épic chez les Pygmées, de la domestication de la carpe aux variétés de piments, et des civilisations du vin à celles de la bière, c’est une anthropologie de la vie quotidienne qui se dessine ici. Loin des clichés trop commodes du bon sauvage innocent ou du cruel prédateur et de la nature vierge, elle invite à suivre les ancestrales pérégrinations de l’« homme naturel » qui a su, au fil des siècles et des civilisations, trouver des solutions merveilleusement inventives et pleines de sagesse écologique. Serge Bahuchet, ethnoécologue, spécialiste de l’étude des relations entre les sociétés humaines et les forêts tropicales, est professeur au Muséum national d’histoire naturelle, où il a créé le département « Hommes, natures, sociétés ».

BARBEAU Charles -Marius, 2017, Mythologie huronne et wyandotte, Presse Université de Montréal, 440p.

Il y a plus d’un siècle, un adolescent rencontrait, sur la scène d’un théâtre de collège, un prêtre indien venu là pour une performance de chants et de danses hurons. L’adolescent, Marius Barbeau, se passionna pour l’évolution de l’homme, poursuivit ses études de doctorat à Oxford et, de retour au pays, devint le premier ethno­logue canadien-français. Il eut souvent comme interlocuteur l’abbé Prosper Vincent, qu’il avait croisé au collège, pour la grande recherche qui l’entraîna sur les traces des Hurons. Barbeau put rencontrer des Wendats qui avaient conservé leur langue d’origine et recueillir un nombre impression­nant de récits, mythes, contes et chants, témoins inestimables de la culture d’un peuple si souvent mentionné dans nos livres d’histoire et pourtant, jusqu’à une époque récente, si mal connu. Cet ouvrage souligne les liens anciens et profonds, autres que de mépris, de violence et d’exploitation, tissés entre les peuples amérindiens et les descendants des premiers colons européens, liens de connaissance réciproque qu’il est plus que jamais impé­rieux de faire renaître. Paru en 1915, en anglais, pour le compte du ministère des Mines, et publié pour la première fois en français aux Presses de l’Université de Montréal en 1993, il constitue depuis un outil de recherche précieux pour l’anthropologie et l’histoire : c’est pourquoi il est réédité aujourd’hui, avec un nouvel avant-propos de Pierre Beaucage, qui a dirigé et commenté cette édition en français.

BONFILL BATALLA Guillermo, 2017, Mexique profond. Une civilisation niée. ZS Editeur, 248p.


Mexique profond. Une civilisation niée est de ces livres qui marquent leur temps. Publié en 1987 et régulièrement réédité en espagnol, quand il ne circule pas sous forme de photocopies tel un samizdat, cet ouvrage repose sur une thèse simple : il existe deux pays au Mexique, le pays imaginaire et le pays profond. Le premier, fruit de la domination coloniale, régit tous les aspects de la vie publique et a refoulé le second, celui des peuples indigènes, dans les limbes de l’histoire. Le Mexique imaginaire, irréel, ne cesse de se projeter dans un futur fantasmatique tandis que le Mexique profond porte la mémoire de cinq siècles de révoltes et de répressions. L’horizon historique de ce livre est celui d’un conflit séculaire entre deux pans de la réalité. Les analyses avancées avec audace à la fin des années 1980 par Guillermo Bonfil Batalla devinrent vingt ans plus tard l’apanage de toute une génération de jeunes, indigènes ou métis, que les reflets du Mexique imaginaire ne faisaient plus rêver. La thèse centrale de ce livre allait nourrir ceux et celles qui, loin d’avoir renoncé aux luttes, entreprenaient de reconfigurer ces dernières depuis les terres des communautés indigènes, luttes qui sont autant d’éclaircies dans un Mexique profond désormais vécu comme une utopie concrète en devenir.

BOUCHARD Serge, LÉVESQUE Marie-Christine, 2017, Le peuple rieur. Hommage à mes amis innus, LUX , 320p.

Ce livre raconte la très grande marche d’un tout petit peuple, il refait à la fois le chemin de sa joie et son chemin de croix. Présente aux premières lignes du journal de voyage de Champlain, aujourd’hui aussi familière que mystérieuse, la nation innue vit et survit depuis au moins deux mille ans dans cette partie de l’Amérique du Nord qu’elle a nommée dans sa langue Nitassinan : notre terre. Au fil des chapitres, vous allez accompagner le jeune anthropologue que j’étais au début des années 1970, arrivé à Ekuanitshit (Mingan). Vous le devinez, ces petites histoires sont prétextes à en raconter de plus grandes. Celles d’un peuple résilient, une société traditionnelle de chasseurs nomades qui s’est maintenue pendant des siècles, une société dont les fondements ont été ébranlés et brisés entre 1850 et 1950, alors que le gouvernement orchestrait la sédentarisation des adultes et l’éducation forcée des enfants. Ce récit commence dans la nuit des temps et se poursuit à travers les siècles, jusqu’aux luttes politiques et culturelles d’aujourd’hui.

ÉTHIER Benoit, CYR François-Xavier ( dir), 2017, Projets autochtones. Étude et mise en valeur des aspirations autochtones. CIERA, 169p.

Ce numéro des Cahiers du CIÉRA est consacré aux projets autochtones. Étudier le projet, selon la perspective adoptée dans le présent numéro, permet d’observer la manifestation d’aspirations, de futurs désirés, qui s’inscrivent dans les actions présentes et passées. Essayer de comprendre ce qui stimule l’action permet de mieux comprendre l’action elle-même, et c’est précisément ce que les auteurs des articles du présent numéro cherchent à accomplir. Ce cahier se veut un exercice exploratoire. Notre motivation première à mettre sur pied ce numéro réside dans l’éclairage que peut jeter le projet, en tant qu’objet de réflexion et d’analyse et en tant que moyen de mettre en valeur les pratiques et les aspirations culturelles, politiques, identitaires et collectives autochtones.
Télécharger le cahier en format PDF

DEFERT Gabriel, 2016, Les Rohingya de Birmanie. Arakanais, musulmans et apatrides. Arkuiris Édition, 306p.

Les Rohingya sont considérés comme des étrangers dans leur propre pays. Privé de nationalité, ces musulmans originaires de la partie occidentale de la Birmanie sont à la fois victimes d'agressions de leurs voisins bouddhistes d'ethnie rakhine et des brimades que leur impose le gouvernement de Rangoun. Ils sont contraints de fuir par milliers, par voie de terre ou de mer, afin de tenter de chercher refuge au Bangladesh, en Australie ou dans les pays voisins d'Asie du Sud-Est. Si, après des décennies de silence médiatique, ils sont désormais davantage sous les feux de l'actualité, leur situation reste à tous égard tragique. Ce livre est la deuxième édition remise en perspective d'un ouvrage publié pour la première fois par les éditions Aux lieux d'être en 2007. Par-delà la tragédie contemporaine, il remonte aux sources des tensions pour s'efforcer de les expliquer et de mettre en lumière l'histoire d'un peuple en détresse. Fruit d'un travail de recherches et d'enquêtes de plusieurs années en Birmanie auprès des principaux acteurs tant locaux qu'internationaux, il permet notamment de comprendre pourquoi le mouvement de démocratisation que connaît la Birmanie dans les années 2010 se traduit paradoxalement par un regain de tensions entre les Rohingya et les Rakhine soutenus par le gouvernement de Rangoun.

FAUVELLE François-Xavier, 2017. À la recherche du sauvage idéal. Seuil, 224p.

Ce livre nous entraîne au bout de l’Afrique sur les traces d’un peuple oublié, ce peuple dont est issu la tristement célèbre « Vénus hottentote ». Dès qu’il paraît, au temps des Grandes Découvertes, son étrangeté radicale effraie ou émerveille. Voici donc le pire ou le meilleur des sauvages, en tout cas le plus exemplaire : il est ce que nous – Européens, modernes, conquérants – ne pouvons plus être. Inadaptés au monde qui se construit à leurs dépens, ces femmes et ces hommes deviennent la caricature d’un peuple meurtri, bientôt retranché de la terre et de l’histoire. Parce qu’il retrace leur disparition en même temps que l’enquête qui part à leur recherche, ce livre raconte l’histoire à rebours. Il suit des pistes qui remontent le temps et les retrouve, là, en 1670, entourés de vaches et d’esprits, dans le campement où un chirurgien allemand, notre meilleur informateur, les a rencontrés. Ils ont un nom : les Khoekhoe. « Je ne sais pas s’il faut haïr les voyages et les explorateurs. Ils vous convient, quelquefois malgré eux, à un outre-passement auquel il faut consentir. Au bout de la piste, si vous y avez consenti, si nous y avons mis assez de désir et de ténacité, peut-être serons-nous tous, le narrateur à coup sûr, la lectrice, le lecteur peut-être, devenus sauvages. »

FRAÏSSÉ Marie-Hélène, 2017, L'Eldorado polaire de Martin Frobischer, Albin Michel, 233p.

Pirate à ses heures, le capitaine anglais Martin Frobisher (1535-1594) cherche dans le blanc des cartes, parmi les glaces du Grand Nord canadien, le mythique passage du Nord-Ouest vers la Chine. Il ne le trouvera pas. Ce qu'il découvre en revanche dépasse ses plus folles espérances : les gros blocs d'une pierre noire et brillante à fleur de toundra dont il fait remplir les soutes de son navire sont aurifères. Telle est du moins l'opinion de quelques alchimistes et orfèvres londoniens de renom dont John Dee, cosmographe et devin de la reine d'Angleterre. Dès lors, un vent de folie balaie la capitale. Lords, grands argentiers du royaume, Elisabeth Ire en personne, se bousculent pour investir dans les mines d'or de cette terre lointaine baptisée Meta Incognita, Frontière de l'Inconnu. Une flotte considérable est armée en hâte pour l'exploiter et la peupler. Ce chimérique Eldorado polaire, première bulle financière de l'Histoire, illustre à lui seul l'ère de l'exploitation coloniale, dont les abus et les violences s'étendront à tout le continent nord-américain. Les Inuit traités sans ménagement par Frobisher et ses hommes, capturés pour l'amusement des foules et de la Cour, en sont un avant-goût. Le face-à-face de deux mondes ne fait que commencer. A travers cet épisode méconnu, la journaliste Marie Hélène Fraïssé, spécialiste de l'histoire de l'Amérique coloniale, jette une lumière crue sur les débuts de la globalisation, au fil d'un captivant récit de voyage et d'aventures.

GIRAUD Joël, 2017, Vietnam, les ethnies minoritaires des hauts plateaux du Centre : histoire, mode de vie, avenir, L'Haramattan, 260p.

Cet ouvrage expose l'histoire et le mode vie des ethnies minoritaires des hauts plateaux du centre du Vietnam. Ces populations qui fuyaient l'esclavage ont occupé des territoires par vagues successives de migrants Môn-Khmers et Malayo-Polynénsiens à partir de 3000 ans et 1000 ans avant J.-C. Dès 1850, les missionnaires commencent à approcher ces populations et découvrent des ethnies égalitaires entre époux et parfois la pratique du matriarcat avec des femmes chefs de village. Victimes de génocide lors de la guerre du Vietnam, ces populations insoumises ont été intégrées par l'Etat vietnamien, avec la victoire du communisme, au modèle "Viêt".

 

GRAIN. Hold-up sur le climat. Comment le système alimentaire est responsable du changement climatique et ce que nous pouvons faire.

Ce livre explique comment le système agro-industriel est un des responsables majeurs du changement climatique et pour quelles raisons et comment la souveraineté alimentaire est essentielle à prendre en compte dans toute solution pérenne et juste. Il est plus que jamais temps pour les peuples d’agir par eux-mêmes, alors que les gouvernements, particulièrement ceux qui sont à la tête des pays qui ont le plus pollué, refusent de prendre leur responsabilité pour gérer ce problème. Changer le système alimentaire est certainement le meilleur endroit par où commencer.


GREGOIRE Joan, 2017, Légendes inuites, Les éditions Cornac, 72p.

Jadis, on les appelait les Esquimaux; aujourd’hui, les Inuits. On situe leur habitat au Nunavik et dans le Grand Nord, mais il y en a aussi en Sibérie, en Alaska et au Groenland. Entre 1853 et 1956, le Gouvernement du Canada a déporté 87 familles inuites dans l’Extrême Arctique pour assurer une présence canadienne sur ces territoires. Les déportés ont alors manqué de nourriture et cette déportation a été pour eux une véritable tragédie. Joan Grégoire fait partie des Inuits de la Basse-Côte-Nord et en 2013, elle a rencontré un des plus grands cinéastes canadiens, Zacharias Kunuk avec qui elle caresse toujours le projet de faire un documentaire sur les siens, qui s’intitulerait Les Inuits oubliés.

 

INKSETTER Leila, 2017, Initiatives et adaptations algonquines au XIXe siècle. Septentrion, 520p.

Le XIXe siècle est une période de grands changements pour les Algonquins septentrionaux qui, en l'espace de quelques décennies, subissent l'arrivée de missionnaires catholiques, le développement de la foresterie, la colonisation eurocanadienne et l'intervention de l'État. Leila Inksetter analyse ces transformations et leurs conséquences souvent associées à une période trouble de l'histoire des Autochtones. Faisant appel à une gamme étendue de sources, l'auteure montre comment les Algonquins ont utilisé et intégré des institutions qui leur étaient externes au départ (comme le catholicisme ou le mode de scrutin) pour répondre à des préoccupations qui leur étaient propres. Le résultat décrit une réalité complexe et étonnante.


LOISEL Mélanie
, 2017. Ma réserve dans ma chair. L'histoire de Marly Fontaine. FIDES, 168p.

Si je me suis tant intéressée à cette histoire, écrit Mélanie Loisel, c’est parce que cette jeune femme autochtone, qui a été écorchée par la vie, est bel et bien vivante. Contrairement à ses sœurs disparues ou assassinées, elle peut parler. Elle peut raconter son histoire comme bon lui semble, avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses peines, ses rêves et ses désillusions, et même avec ses limites. C’est par un geste courageux qui donne à réfléchir que Marly Fontaine a pris la parole. «Le 20 avril 2017, dans le cadre de mon projet final d’université, je me suis fait tatouer sur mon avant-bras gauche le numéro 0800381101. 0800 signifie la communauté à laquelle j’appartiens, celle de Uashat Mak-Maliotenam. 3811 est mon identité. 01 veut dire que j’ai acquis mon propre numéro pour ma propre descendance. Je suis donc un numéro aux yeux du gouvernement canadien. Je suis le 0800381101.»

 

McDONOUGH Brian, 2017, L'église et les peuples autochtones. Nouvelles de l'Ameco.

La revue Prêtre et pasteur de mai propose un dossier sur l'Église et les peuples autochtones. Brian McDonough présente un long texte sur le rapport de la Commission de vérité et réconciliation consacré aux pensionnats autochtones. Dans sa conclusion, l'auteur, qui était membre du Comité consultatif régional de cette commission, souhaite une «juste appréciation de l'apport des religieux et des religieuses dans leurs relations avec les autochtones». «Clairement les audiences de la Commission ne se prêtaient pas à des témoignages positifs ou élogieux au sujet des religieux ou des religieuses. Et pourtant, un grand nombre de religieux et de religieuses étaient non seulement respectés, mais profondément aimés par les Autochtones qui les avaient accueillis dans leur communauté. Nous n'avons pas entendu comment des religieuses et des religieux sont intervenus auprès des instances gouvernementales pour exiger une nourriture de meilleure qualité ou pour demander des services médicaux adéquats. Nous n'avons pas souvent entendu des expressions d'appréciation pour le travail colossal des missionnaires dans la sauvegarde des langues et des cultures autochtones, malgré l'opposition des agents de l'État canadien. Ces actions révèlent comment certains missionnaires ont pu lutter contre un génocide culturel, tout en faisant partie d'une structure colonialiste dont la logique conduisait vers un tel résultat», écrit-il.

MORIN René, 2017, Construction du droit des Autochtones par la Cour suprême du Canada (La) Témoignage d'un plaideur. Septentrion. 260p.

René Morin livre le témoignage d'un plaideur qui fut aux premières loges du développement du droit des Autochtones en pleine ébullition après le rapatriement de la constitution, en 1982. Il décrit la lente construction de ce point de rencontre entre le droit et l'histoire à travers 12 causes emblématiques entendues par la Cour suprême du Canada. L'auteur fait un retour sur des évènements histo­riques et contemporains et explique certaines facettes de la preuve dans le contexte particulier des dossiers autochtones. Dans un style simple, imagé, teinté d'humour et parfois percutant, René Morin sensibilise les lecteurs à la cause autochtone.

Nouveaux Cahiers du Socialisme, 2017, Autochtones et société québécoise. Combattre ensemble

Le but de ce dossier est de lever le voile sur les Autochtones au Canada et au Québec, ces « peuples invisibles » selon l’expression de Richard Desjardins afin de mieux comprendre ce qui nous y lie et quelles solidarités il est nécessaire de tisser pour combattre ensemble. Le dossier contient quatre sections : la première expose les enjeux contemporains de la question, la seconde retrace et remet en question l’histoire officielle des relations de l’État canadien et des Autochtones et soulève quelques aspects théoriques dans l’analyse de cette question, la suivante décrit des luttes de résistance et la dernière aborde certains aspects de la culture des Autochtones.
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POUILLON François, 2017, Bédouins d'Arabie. Structures anthropologiques et mutations contemporaines, Karthalla, 294p.

Parce que l’on ne s’y est risqué que difficilement, parce que ceux qui en sortaient furent souvent assez dépenaillés et parfois même violents, les déserts arabes sont peuplés de fantasmes. Pourtant l’histoire atteste que les gens qui s’y trouvaient s’y sont avancés en cherchant à exploiter au mieux un espace rébarbatif, par le mouvement qui permet de répondre à la précarité et à l’aléa. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne l’ont volé à personne ! Ces nomades, poètes réputés parce que la poésie est une chose légère à transporter, sont néanmoins l’objet des fables les plus extravagantes. Fruit d’enquêtes conduites en Arabie saoudite au tournant des années 1980 et de travaux sur ce thème dans le cadre de l’EHESS, ce recueil entend proposer une image d’ensemble sur un groupe social qui occupe une place à part mais pourtant fondatrice dans le monde arabe. Les Bédouins, ces éleveurs nomades qui, dans la péninsule Arabique et au-delà, habitent la célèbre tente noire, véhiculent des valeurs centrales dans l’Islam (solidarité de groupe, sens de l’honneur, hospitalité) et, en même temps, pugnacité guerrière, religiosité suspecte et refus de tous les pouvoirs établis, ce qui leur a été souvent reproché. Mettant au jour des aspects contrastés et pourtant bien réels d’une société soucieuse surtout de se maintenir dans des environnements, tant naturels que politiques, extrêmement hostiles, ce livre montre aussi comment les Bédouins ont su s’adapter aux conditions d’une modernisation technologique et économique. Il entend restaurer l’image d’un monde aux dimensions humaines, inscrit dans l’histoire et confronté à des forces qui ont réussi à le réduire, sans jamais le soumettre.

REVEL Nicole, 2017. Les arts de la parole des montagnards de Pala'wan. Geuthner.316p.


Chasseurs à la sarbacane, cultivant riz, maïs et tubercules dans le champ de montagne, dans l'Asie des Moussons, les Pala'wan vivent selon les principes d'une société égalitaire. Ils habitent au sud de l'île de Palawan dans l'Archipel des Philippines. Un droit coutumier très précis régule la vie quotidienne des membres de chaque hameau. Animistes, très attentifs à la petite musique des choses, à la poésie, aux épopées liées à l'expérience chamanique, ils valorisent diverses modalités de la parole afin d'endiguer toute forme de violence. A l'instar du passé, dans le contexte politique, socio-économique et religieux actuel, cette société pacifique est très vulnérable et menacée. Cet ouvrage multimédia et trilingue présente les "genres du discours" ; nous donne à voir et à entendre les arts de la performance et de la mémoire d'une petite société de forêt du Monde austronésien. Témoignant de la vie, de la pensée et des arts de leurs aînés, il est adressé aux jeunes générations. A partir d'une longue expérience vécue auprès des Pala'wan et en collaboration avec eux, Nicole Revel a centré cet ouvrage sur la culture des Hautes-Terres, notamment le versant oriental de la cordillère centrale de la grande île. Les Sciences sociales et une initiative pionnière dans les Humanités numériques ont permis de sauvegarder, de mieux comprendre et de transmettre un patrimoine immatériel d'une grande authenticité, mais avant tout, une présence au monde exemplaire.

SHIMO Alexandra, 2017, Le Nord invisible Récit d'une enquête au cœur d'une réserve amérindienne. Les éditions de l'homme. 224p.

En se rendant à Kashechewan, une réserve autochtone du nord de l'Ontario accessible seulement par avion, la journaliste Alexandra Shimo avait pour but d'enquêter sur les rumeurs voulant qu'une crise de l'eau y ait été montée de toutes pièces. Elle souhaitait également comprendre ce qui avait pu mener à l'élaboration de ce coup d'éclat. Sur place, elle se trouve rapidement aspirée par les défis et les problèmes de la communauté. Incapable de supporter cette situation désespérée, elle perd peu à peu tous ses moyens. Hommage émouvant au pouvoir de l'espoir et de la résilience, Le Nord invisible est un portrait aussi rare qu'intime d'un endroit où tous sont poussés à bout. En partie mémoire, en partie histoire sur les réserves canadiennes, cet ouvrage percutant explore en profondeur nombre d'enjeux qui font aujourd'hui la nouvelle: les conditions de vie précaires sur les réserves, les vagues de suicides, les disparitions et assassinats de femmes autochtones, les droits issus des traités et la souveraineté autochtone.

TIOUKA Alexis, FERRARINI Hélène, 2017, Petit guerrier pour la paix, Ibis rouge, 128p.

Dans un jeu de questions-réponses, Alexis Tiouka raconte les luttes qui animent les peuples amérindiens de Guyane depuis les années 1980, et dont il a été lui-même acteur. Il retrace le parcours de la première génération de leaders du mouvement autochtone guyanais, passée par les « homes indiens » et l’école française. Du grand rassemblement des Amérindiens de Guyane en 1984 aux revendications pour la terre et aux négociations internationales : quatre décennies de luttes ont façonné le mouvement autochtone guyanais. Pourtant, 10 ans après l’adoption par les Nations Unis de la Déclaration des droits des peuples autochtones, la France a toujours tendance à oublier qu’en faisant des Amérindiens des citoyens français, elle inscrivait de fait la question de la diversité au sein de la République.

 

TIOUKA Alexis , 2017, Le contexte juridique international des droits des peuples autochtones. Éditions universitaires eurpeennes. 100p.

Ce livre propose une description et une analyse de la question du droit des peuples autochtones au regard du droit international en l’appliquant à la situation spécifique des Autochtones du Canada et de Guyane française, notamment sur la question des droits collectifs. Ce projet s'inscrit donc dans une problématique visant à analyser l’impact de la prise en compte des peuples autochtones au niveau international sur leurs situations dans leurs Etats respectifs, sur la reconnaissance de leurs droits et plus spécifiquement sur la reconnaissance des droits collectifs ce qui sera au coeur de ce travail en tant que droits fondamentaux ayant une incidence sur les divers autres droits des peuples autochtones. Depuis ces 25 dernières années, les droits des peuples autochtones ont progressivement occupé une place de plus en plus importante dans les débats sur les droits de l’homme au niveau international ce qui a permis, en parallèle, une évolution notable en faveur de la reconnaissance de ces droits. Trois institutions se sont particulièrement intéressées à cette question: les Nations Unies, l’Organisation des Etats Américains et l’Organisation Internationale du travail.

FILMO/ VIDÉO GRAPHIE/ WEB DOC


Bornéo, les ravages du pouvoir
. Dylan Williams, Erik Pauser. ZDF, 2016 82'

Sur l’île de Bornéo, l'État du Sarawak subit une grave déforestation : alors que la forêt équatoriale recouvrait à 80 % son territoire, berceau du peuple nomade autochtone des Penan, elle est remplacée par des plantations de palmiers à huile, ou engloutie par des barrages hydrauliques. Un désastre écologique et humain qui profite notamment à celui qui a dirigé l'État pendant 33 ans: Abdul Taib Mahmud. Le militant écologiste suisse Bruno Manser, qui dans les années 1980 était devenu un porte-parole international des Penan expropriés, est porté disparu depuis 2000. Son compagnon de lutte, Mutang, un Penan, a dû quant à lui s’exiler pendant vingt-deux ans au Canada. C’est depuis ce pays qu’il écoute Radio Free Sarawak, une radio qui informe librement sur les dérives du gouvernement local, cofondée par la journaliste d’investigation britannique Clare Rewcastle Brown. Avec son soutien et celui de la Fondation Bruno-Manser, Mutang décide de se relancer dans la bataille pour enrayer ce fléau organisé. Les militants interpellent par exemple publiquement les dirigeants de la Deutsche Bank en congrès, pour leur demander de clarifier la question des liens de leur banque avec le clan Taib. Un documentaire captivant, qui suit pas à pas leur courageux travail d’enquête.


Colloque Biodiversité et Culturodiversité,
Agro ParisTech

Faire face aux destructions et à l’uniformisation Regards croisés en sciences de la vie et sciences de la société AgroParisTech organise un colloque intitulé "Biodiversité et culturodiversité". Il s’agit de proposer des réflexions sur l’interdépendance entre la diversité biologique et la diversité des cultures et sociétés humaines. Cette thématique s’inscrit à la fois dans un contexte de perte de biodiversité et d’uniformisation des modes de vie, et permet de prendre du recul sur une préservation de la biodiversité uniquement appréhendée d’un point de vue technique.

Deux interventions de membres du réseau des experts du GITPA:
Contre l’écocide avec les peuples autochtones d’Australie et de Guyane française.
Barbara Glowczewski Voir la vidéo

Les langues menacées: une part essentielle de la diversité bio-culturelle
Rozzen Millin Voir la vidéo

Exploitation intensive des ressources naturelles : refaire des choix de société.

L’extraction intensive des ressources naturelles en vue de leur commercialisation à l'échelle mondiale, que nous appelons 'extractivisme', est le support de nos sociétés contemporaines dites « développées ». C’est le carburant dans la voiture, mais aussi la voiture elle-même, ce sont les métaux dans les smartphones et autres objets électroniques, c’est l’énergie que nous consommons tous les jours, etc. Les coulisses de ce confort quotidien que l’on ne voit plus et l’impasse à laquelle conduit cette course sans limites aux matières premières sont l’objet de ce parcours pédagogique. Il interroge nos choix de société et leurs impacts et plaide pour des alternatives à notre modèle de développement prédateur.

Visionner le Web doc de Une seule planète
Visonner l'interview de Anna Bednik : auteur du livre
Extractivisme Exploitation industrielle de la nature: logiques, conséquences, résistances.

Lac Fitri :" ordre et désordres " Christine Raimond et Mouazamou Ahmadou, 2017, 26'

Le lac Fitri est inclus dans le territoire d’un sultanat ancien au Tchad. Si l’enclavement a longtemps préservé ce lac d’une pression excessive sur ses ressources et motivé la création d’une zone de Biosphère en 1989, l’arrivée de nouvelles populations pour la pêche et l’élevage, l’accroissement naturel des populations autochtones et les changements de pratiques remettent en cause les équilibres anciens entre les hommes, et entre les hommes et la nature. Aujourd’hui, la multiplication des conflits marque une situation de crise qui n’est pas seulement environnementale, et révèle une remise en cause profonde du pouvoir du Sultan et de sa capacité à concilier toutes les communautés autour du lac. Ce film donne la parole aux acteurs et souligne les changements sociaux et politiques en cours.

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Les paradis perdus d'Amazonie. Angus Macqueen, 2017

Un document exceptionnel. En juin 2014, on découvrait les étonnantes images de jeunes hommes de la tribu amazonienne Sapanahua émergeant de la forêt pour établir le premier contact de leur vie avec le monde extérieur, non loin de la frontière entre le Brésil et le Pérou. Au bien-nommé village de Simpatía, ils furent accueillis notamment par José Carlos Meirelles, un anthropologue de la Funai (la Fondation nationale de l'Indien, organisme gouvernemental brésilien régissant les relations avec les peuples indigènes), qui, entre autres tentatives de fraternisation, a essayé de communiquer avec les nouveaux venus en chantant. Grâce à lui, et au réalisateur Angus Macqueen, qui a entrepris de filmer neuf mois plus tard son travail auprès de 35 Sapanahua, hommes, femmes et enfants, installés dans une réserve sous protection de la Funai, on découvre dans ce film que les mélopées des chercheurs ont été très sévèrement jugées ("Ils chantent comme de la m…", "Ce que c'est laid"…) par les premiers membres de la tribu à traverser le fleuve. C'est l'un des moments drolatiques de cet extraordinaire document, qui décrypte notamment la langue des Sapanahua, jusqu'alors connue d'eux seuls. Loin de l'éden Pourquoi ce peuple, l’un des derniers vivant encore en autarcie au fond de l’Amazonie, a-t-il décidé de sortir de son isolement ? Pourquoi quitter une vie au plus près de la nature pour partir à la rencontre d'un homme blanc qu'ils ont appris, sans le connaître, à redouter comme la peste ? À travers ce document, Angus Macqueen laisse entrevoir une existence passée de plus en plus difficile, bien loin d’un éden rêvé : entre envie de s’assimiler à la vie moderne et angoisse constante de disparaître, entretenue par des agressions extérieures. Il montre que ce premier contact a résulté de profonds bouleversements et de conflits intérieurs.

 

Rumble. The Indians Who Rocked the World. Bainbridge Catherine & Maoirana Alfonso, 217, 1h42'

Ce film met en lumière la contribution d'artistes issus des Premières Nations dans la musique populaire moderne. Des musiciens et chanteurs amérindiens en témoignent, d'autres disparus sont évoqués et admirés par d'éminents collègues, critiques et historiens de la musique populaire nord-américaine. Le blues, le rock et le jazz ont été teintés par la culture et la créativité amérindiennes, voilà un fait objectif et peu connu des mélomanes. D'où l'objet de cette démonstration tardive, mais ô combien éloquente. Prenons Rumble: le titre de ce film documentaire est aussi celui d'une pièce instrumentale composée en 1958 par Link Wray (1929-2005), musicien populaire issu de la communauté shawnee, en Caroline du Nord. Très proches de l'esprit amérindien, les effets de saturation générés par ce guitariste visionnaire avaient grondé sur l'entière planète rock, à tel point que la pièce a été mise à l'index à l'époque de sa sortie, les diffuseurs craignant ses propriétés subversives! Six décennies plus tard, la légende de Link Wray est enfin ravivée; bien au-delà de ses adeptes, on reconnaît que ce musicien exerça une influence cruciale sur tous les Pete Townshend de la british invasion et autres artilleurs du monde entier qui s'en réclament aujourd'hui. Iggy Pop l'affirme haut et fort!

 

 

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