Grace au potentiel forestier d’envergure dont dispose le pays, le secteur environnement connaît un regain d’intérêt important depuis le Sommet de la terre de 2002 à Johannesburg au cours duquel le président Omar Bongo Odima a annoncé la création de treize parcs nationaux.
Ces sites riches en biodiversité, ont été créés à la suite d’études menées par divers organismes de défense de l’environnement tels que la World Conservation Society Gabon (WCS), la Direction de la Faune et de la Chasse (DFC) et le World Wild life Fund (WWF). Avec cette décision, à ce jour, le Gabon est le seul pays à s’être conformé à l’engagement pris par les chefs d’Etats de l’Afrique centrale à protéger au moins 10% de leurs territoires respectifs par le biais de parcs nationaux.
Source : WHITE Lee, 2001, Thoughts about REDD+ reference scenarios, PWP 29p.
Accompagnant cette décision est créé le Conseil National des Parcs Nationaux, placé directement sous l’autorité de président de la République accompagné de 13 décrets portant création de chacun des Parcs nationaux.Ces décrets prévoit l’organisation des activités touristiques, toutes les autres activités sont normalement interdites à l’exception de celles relevant du droit d’usage coutumier.1
En septembre 2007, la nouvelle Loi sur les Parcs Nationaux a été adoptée, cinq ans après l’établissement des 13 parcs naturels. D’après cette Loi, l’accès à et les activités de subsistance locales au sein du parc deviennent illégales, excepté dans certaines zones agréées pour la pêche et l’écotourisme.
Dans des zones « tampons » délimitées autour des parcs, les activités locales seront contrôlées et limitées aux méthodes de chasse traditionnelles identifiées comme ayant un faible impact écologique ( par exemple sans armes à feu). Les populations autochtones sont situées à proximité de plusieurs Parcs nationaux
– les Baka à Minkebe
– les Bakoya à Mwagne
– les Babongo pour Lopé, Waka, Monts Birougou
et leurs terres ancestrales et territoires de chasse peuvent s’étendre jusqu’à ces Parcs.
Néanmoins il n’est pas encore clair aujourd’hui quel va être l’impact de cette législation sur les populations autochtones, notamment avec la mise en place des Plans individuels de gestion des parcs. Les négociations continuent entre les Ministères, gestionnaires de Parcs et experts légaux sur comment produire des réglementations spécifiques aux parcs qui prennent en compte l’importance des activités culturelles traditionnelles.2
La création en 2002 des parcs nationaux a été évidemment une bonne chose. Il aurait fallu cependant respecter certaines règles de procédure, comme celle relative au Consentement, libre, préalable et informé des populations locales lors de ces créations.
De plus ce n’est, le plus souvent, que bien après leur création qu’une carte de l’utilisation des terres coutumières a été établie (voir Cartographies participatives).
On ignore tout, pour l’instant, des effets que cela peut avoir sur les populations locales, les textes de lois et les plans d’administration étant encore en préparation. Malgré les efforts qui ont été faits pour éviter d’inclure les zones habitées dans le tracé de ces parcs, certains villages et camps de chasse s’y trouvent à l’intérieur ou dans les environs.
Chaque parc national est entouré d’une zone tampon d’environ 5 kilomètres qui sera soumise à une administration très lourde.
De plus, dans le cadre des initiatives régionales de protection de l’environnement, prises pour établir des aires et des zones protégées transfrontalières dans tout le Bassin du Congo, d’autres mesures viendront encore restreindre l’utilisation par les autochtones de leurs terres et leurs ressources ancestrales.
Toutes les activités traditionnelles et l’accès aux Parcs nationaux des populations locales ont été interdites par la loi, sauf pour quelques activités comme l’écotourisme dans certaines zones bien précises.
Aujourd’hui, on considère de plus en plus les Pygmées comme un atout pour le pays, aussi bien comme composante culturelle des projets touristiques centrés sur les «forêts tropicales» que comme guides. Il faudrait cependant former des représentants locaux et des structures qui puissent soutenir et accroître les capacités des communautés afin qu’elles ne soient pas exploitées et utilisées de manière dégradante.
Rares sont les Pygmées qui ont un niveau d’éducation suffisant pour travailler comme éco gardes. Beaucoup sont donc utilisés comme guides temporaires, avec des bas salaires. Il faudra donc préserver et revaloriser le savoir traditionnel lié à la forêt et l’utiliser pour générer de nouvelles sources de revenus; par exemple en instaurant un système d’examen des compétences et de qualification des pisteurs, parallèlement aux systèmes d’éducation formels avec, à la clé, un salaire correspondant à leurs compétences.3
La mise en place des Comités Consultatif de Gestion Local (CCGL)
Il est prévu que chaque parc ait son CCGL
Actuellement les 3 Parcs nationaux du sud (Mayumba, Makoulaba, Louango) ont déjà le leur.
D’ici le 1er trimestre 2014, les 10 autres CCGL seront crées.
La création d’un CCGL débute par l’identification des villages concernés qui vont devoir signer des « Contrats de gestion de terroir » Contrat passé entre le gestionnaire d’un parc national et les communautés rurales de la zone périphérique, définissant les modalités d’intervention des ces communautés dans la conservation de la diversité biologique du parc ou de sa zone périphérique en vue de favoriser les retombées économiques à leur profit » Loi 3/2207
Tous les villages ne sont pas concernés, il faut que ces villages aient:
– des activités agricoles (y compris essartage) dans un périmètre situé entre 0 et 2 km par rapport à la frontière du Parc ;
– des activités de chasse entre 0 et 5 km – au dessus de 5 km on est plus dans la Zone de droit d’usage, sauf cas de pêche sur cours d’eau
Chaque village désigne 2 représentants pour la « Plateforme Village » qui élit parmi ses membres 2 représentants pour le Bureau de Direction du CCGL, dans lequel on aura aussi des représentants :
– de la Plateforme Société Civile ;
– de la Plateforme de l’Administration ;
– de la plateforme du Secteur privé.
Il est très important que les ONG Pygmées aient, au moins, un représentant dans chacun des CGCL :
– représentant Bakoya de MINAPYGA CGCL du Parc de Mwagne
– représentants Babongo de ACDPPG aux CGCL des Parcs de Lopé, Waka, Monts Birougou ;
– représentant Baka de EDZENGUI au CGCL du Parc de Minkebe.
1 : KIALO Paulin, ESSABE Claude, ANGO Stéphane, 2011, Parcs nationaux et diplomatie environnementale au Gabon, L’Harmattan, 115p.
2 : IWGIA, 2008, The Indigenous World, rapport sur le Gabon traduit en français par le GITPA
3 : ODAMBO ADONE Léonard, 2001, Droits des peuples autochtones en Afrique centrale, le Gabon vu de plus près.