NAGA LAND-NAGALIM (Terre des Naga)
Les Naga occupent un territoire montagneux d’environ 100.000 km2 dans la chaîne du Paktai, entre l’Inde et la Birmanie. A peu près les deux tiers de ce territoire sont actuellement indiens et partagés entre quatre Etats de l’Union indienne : Arunachal Pradesh, Assam, Manipuur et Nagaland. Le reste est situé dans les districts de Sagiang et de Thangdut en Birmanie.
On pense que les ancêtres des actuels Naga ont émigré d’une région inconnue du sud-ouest de la Chine vers la chaine du Paktai il y a des milliers d’années. Quand les Naga parlent du Nagaland ils désignent toute la région occupée par eux qui a été partagée, par les Britanniques, entre l’Inde et la Birmanie. L’Union indienne a créé un Etat fédéré en 1963, a appelé Nagaland qui représente seulement un tiers du territoire habité par les Naga. Depuis 1997 les Naga utilisent le mot « Nagalim » à la place de Nagaland, lim signifiant simplement « terre » en langue ao naga.
DIVERSITÉ ET UNITÉ
La population totale naga est d’environ 3 millions, comprenant plus de 40 tribus. Ils parlent plus de 30 langues à tons, souvent mutuellement inintelligibles, mais appartenant à la famille linguistique tibéto-birmane. Malgré cette étonnante diversité de langues et de cultures toutes les tribus naga partagent des éléments culturels centraux qui les distinguent des autres peuples de la région. Cependant, l’idée de ne constituer qu’ « un peuple » voulant être reconnu comme une nation est très récente.
LANGUES
Les nombreuses langues nāga, monosyllabiques et polytonales, appartiennent au groupe tibéto-birman ; à l’intérieur des différentes aires linguistiques, chaque village a son propre dialecte. Les groupes nāga communiquent entre eux en assaman, parfois en anglais ou encore en hindi.
Pour contribuer à une meilleure communication entre les 16 langues des tribus nagas reconnues par le gouvernement du Nagaland, le Kohima Educational Trust, a publié en 2014 un Glossaire de 2900 entrées compilées par référence à une liste de mots courant utilisés en anglais.
TRIBUS
Les anthropologues entendent par tribu un type d’organisation sociale dans lequel un groupe humain, plus grand qu’une famille, se reconnaît une identité commune basée sur une ascendance commune, et le partage d’une langue, d’une culture et d’une idéologie. Les tribus sont généralement constituées de petites unités politiquement autonomes comme les villages. Dans certains cas des chefs ont une autorité qui dépasse le seul village. Mais, tandis que les tribus partagent un nom et un territoire contigu, ou des évènements comme les rituels ou les réseaux commerciaux, il n’y a pas d’autorité politique sur l’ensemble de la tribu.
NOMBRE DE TRIBUS NAGA
Le nombre de tribus naga a donné lieu à débat: Elwyn Verrier en recençait 13, Asoso Yonuo 38, Moran 30. S. R. Tohring (2010) énumère 37 tribus Naga.
Le Recensement de 1991 de l’Inde a énuméré 35 groupes de Naga comme tribus reconnues: 17 dans le Nagaland, 15 dans le Manipur et 3 dans l’Arunachal Pradesh. [2]
Dans le passé, des écrivains tels que le Dr Rev Dozo (dans La Croix sur Nagaland) et Renthy Keitzar, ont classé le Kuki comme l’une des tribus Naga.
ORIGINE DU MOT NAGA
De même que les origines des Naga se perdent dans le brouillard de l’histoire, le sens et l’origine du mot « naga » est inconnu. Il a suscité de nombreuses spéculations mais tout ce qu’on peut dire c’est que ce nom fut inventé par des étrangers et qu’il est habituellement et depuis longtemps entaché de préjugés. Les Naga ne l’ont adopté que depuis quelques décennies et ne le portent pas avec certitude et fierté.
L’ORIGINE DES NAGA
La plupart des Naga croient que leurs ancêtres vinrent d’un lieu quelque part dans le nord, dans la Chine actuelle. Ils émigrèrent d’abord au village de Makhrai-Rabu (connu aussi sous le nom de « Makhel ») d’où ils se dispersèrent dans toutes les directions où ils vivent maintenant. Makhrai-Rabu se trouve sur la terre de la tribu des Naga Mao dans l’Etat de Manipur. Plusieurs symboles historiques associés à la dispersion des Naga y existent : une grande pierre appelée tamratu, ce qui signifie « la pierre de la dispersion », un vieux poirier appelé chutebu, planté par les anciens au moment de la dispersion. On dit que les ancêtres des Naga firent le serment de se réunir un jour.
LE PARTAGE ET LE DON
Le partage et le don entre parents sont très importants dans la société naga. Ils expriment et renforcent la solidarité parentale, les droits et les devoirs liés aux relations de parenté. Par exemple, chez les Nga Tangkhul au moment de la fête luira phanit (fête du printemps qui marque le début de la nouvelle saison agricole) on sacrifie des porcs, les frères/ cousins mâles donnent une patte ou toute autre part de viande à leurs sœurs ou cousines mariées. Les dons, reçus au moment du mariage, sont redistribués aux proches parents.1
1 NAGA A PEOPLE STRUGGLING FOR SELF-DETERMINATION. SHIMREICHON LUITHUI. Traduction pour le GITPA par Simone Dreyfus-Gamelon